Pour la première fois, une enquête d’une ampleur exceptionnelle commandée par le ministère de la Culture et de la Communication apporte une somme d’informations inédites et détaillées sur une population méconnue : les auteurs. Elle va être rendue publique le 16 mars, lors de l’inauguration du salon Livre Paris par le Président de la République et la ministre de la Culture et de la Communication.
Population d’auteurs, situation économique, revenus liés ou non à l’activité d’auteur,caractéristiques sociologiques, droits d’auteur… Avec le dispositif exceptionnel de cinq enquêtes coordonnées par le ministère de la Culture et de la Communication auxquelles ont répondu plus de 3000 auteurs, on dispose aujourd’hui de la première photographie grandeur nature de la situation des auteurs en France. « Cette étude apporte une somme d'éléments à la fois totalement inédits et aussi fiables au plan statistique qu'il était possible de l'envisager dans le cadre d'une première investigation approfondie », souligne-t-on au Service du livre et de la lecture du ministère de la Culture et de la Communication, coordinateur du dispositif. Le ministère de la Culture et de la Communication tire quatre principaux enseignements de cette étude sur une profession bousculée par le développement de l’économie numérique.
Premier enseignement : 67 % des auteurs ont une autre activité professionnelle
Il ressort de cette étude que la grande majorité des 100 000 personnes – l’étude comptabilise précisément 101 600 auteurs, dont 85 % d’auteurs de textes, 6 % de traducteurs, 4 % d’illustrateurs et 4 % de professionnels de bande dessinée – qui ont perçu des droits d’auteurs en 2013 avait une autre activité professionnelle, beaucoup plus rémunératrice. Les droits d’auteurs ne représentent en effet, en moyenne, que 12% de leurs revenus.
Deuxième enseignement : une érosion continue des revenus des auteurs
L'étude met également en évidence une situation contrastée entre ces auteurs dont l'activité artistique est accessoire et ceux pour lesquels elle est prépondérante. Pour une minorité d’auteurs, moins de 10 %, qui tirent l’essentiel de leurs revenus de la création artistique, les revenus tendent à s'éroder en raison de quatre facteurs principaux :
- les évolutions du marché du livre, en stagnation ou en léger repli depuis près de 10 ans ;
- la diversité croissante de l'offre disponible ;
- la hausse ininterrompue de la production de nouveaux titres ;
- le prix des livres qui augmente moins vite que l'inflation depuis 15 ans.
Troisième enseignement : des disparités importantes entre auteurs affiliés ou non
Les revenus d’auteurs montrent une disparité notable entre les affiliés à l’Agessa, qui est la sécurité sociale des auteurs, et les non-affiliés percevant occasionnellement des droits d’auteurs :
- seuls 8% des non-affiliés ont perçu des revenus d'auteur supérieurs au SMIC (13 345 € net/an) contre 59% des affiliés ;
- seuls 3% des non-affiliés ont perçu des revenus supérieurs à 2 fois le SMIC (26 690 €) contre 24% des affiliés ;
- à ces revenus, s'ajoutent également les revenus connexes d'auteur (conférences, lectures, etc.), qui atteignent 11 % du revenu d’auteur total des affiliés.
Quatrième enseignement : la rémunération des auteurs pèse de plus en plus sur le compte d'exploitation des éditeurs
Alors que les auteurs considèrent ces rémunérations comme insuffisantes au regard de leur investissement dans leurs œuvres, les éditeurs, eux, voient la part de ces rémunérations peser de plus en plus sur leur compte d'exploitation. En effet, alors que, jusqu'en 2000, les éditeurs reversaient en moyenne 12% de leur chiffre d’affaires aux auteurs, français ou étrangers, c'est aujourd’hui 17% de leur chiffre d’affaires (soit à peu près 10% du prix public HT des livres vendus) qui sont reversés aux auteurs.
Étude : La situation économique et sociale des auteurs de livres
Cinq enquêtes ont été menées par les services du Ministère de la Culture et de la Communication et du Centre national du Livre (CNL), et par des structures régionales pour le livre (Le MOTif et la Fédération interrégionale pour le Livre et la Lecture (FILL)), auprès d’auteurs professionnels et occasionnels. Ce dispositif d’étude est voué à être renouvelé périodiquement, afin d’assurer dans la durée, un suivi de l'évolution des revenus créatifs, et de pouvoir en tenir compte dans la définition des politiques publiques.