La 7e édition du Festival se tiendra du 2 au 4 juin 2017 à Fontainebleau. Retour sur une programmation foisonnante avec sa directrice scientifique, Annick Lemoine.

Pourquoi avoir pris la nature pour thème de la 7e édition du Festival de l'histoire de l'art ? Quelles pistes d'exploration ce choix ouvre-t-il ?

Comme vous le savez, notre spécificité est de réunir chaque année les meilleurs spécialistes d’histoire de l’art pour traiter de sujets complexes non pas en les simplifiant mais en les rendant accessibles à tous. Cette année, la thématique et le pays invité, qui ont été choisis par notre comité scientifique, présidé par l‘académicien Pierre Rosenberg, devraient être à même de relever ce défi : ce sont la nature et les États-Unis. Il nous a semblé que la nature était à la fois un choix et un défi qui nous permettait de rejoindre les problématiques les plus actuelles, comme la question de l’écologie – qu’il s’agit ici d’aborder par le biais de l’art. Comment la création artistique d’aujourd’hui se saisit-t-elle des questions environnementales ? Quels combats s’y jouent ?

Cette problématique va être filée de la préhistoire jusqu’à aujourd’hui, car l’ambition du festival est de proposer une approche transversale, une multiplicité de regards dans le temps long et en dehors de toutes frontières géographiques. Antonella Fenech Kroke va par exemple se demander si les Médicis étaient verts, Paul Ardenne nous parlera de l’art écologique d’aujourd’hui tandis qu’Alan Braddock se posera la question du lien existant entre art, histoire et politique de la nature aux Etats-Unis…
Ce choix nous permet aussi d’être en phase avec une curiosité croissante pour l’histoire des jardins, qui seront mis à l’honneur ce week-end [à travers la manifestation organisée par le ministère de la Culture du 2 au 4 juin NDLR]. A cette fin nous avons sollicité non seulement des historiens de l’art spécialistes des jardins mais également des jardiniers, des archéologues, des botanistes, des paysagistes – comme Louis Benech ou Jacqueline Osty – toujours dans l’optique d’offrir une diversité d’approches et de prises de parole pour que l’on comprenne que l’histoire de l’art n’est pas une science élitiste mais ouverte à tous.

Il nous a en outre semblé particulièrement opportun d’aborder le thème de la nature à Fontainebleau, et nous entendons faire lien via plusieurs tables-rondes. L’une d’entre elles portera sur les découvertes faites dans la forêt de Fontainebleau en matière d’art rupestre. Une autre rendra compte de la dimension culturelle de cette même forêt, qui fascine les artistes depuis le 18e siècle.

 L’un des enjeux du festival est de montrer que l’histoire de l’art n’est pas une science élitiste mais ouverte à tous

Quel sera l'apport des États-Unis, en tant que pays invité, dans cette édition ?

C’est la première fois que nous traversons l’Atlantique et nous y avons été accueillis avec beaucoup d’enthousiasme. Toutes les grandes institutions de recherche américaine seront présentes au festival – la Terra Foundation, le Getty Research Institute, le Center for Advanced Study in Visual Arts…– et ces dernières se sont assurées de la participation des plus éminents spécialistes du pays, parmi lesquels figureront aussi bien des jeunes chercheurs prometteurs que des professionnels confirmés.

Nous aborderons la question des enjeux et des potentiels écueils des nouveaux courants artistiques qui s’y développent, et entrent très souvent en résonnance avec l’évolution de l’histoire de l’art en France : le global art, le materialist turn, les gender studies... Nous montrerons également, à l’inverse, le rôle joué par les intellectuels français avec, dans les années 70-80, ce que les Américains ont appelé la French Theory.

C’est aussi l’occasion pour nous de confronter des pratiques différentes, en mettant en exergue la singularité de la pratique muséale aux Etats-Unis : l’importance qu’y prend l’art patriotique, le mécénat patriotique ou encore la pratique du deaccessioning – qui conduit les musées à se défaire d’une partie de leurs collections pour faire de nouvelles acquisitions.

Nous reviendront enfin sur les grands mythes de l’art américain en posant sur eux un regard décalé : nous parlerons par exemple de Warhol et de la scène Queer. Qui plus est, nous explorerons la question des lignes d’inclusion et d’exclusion de l’art américain : Richard Powell et Elvan Zabunyan interrogeront, parmi d’autres, l’actualité de l’art afro-américain au regard de l’histoire du racisme, tandis que Jonathan Katz retracera la construction de l’identité sexuelle américaine.


Outre le thème et le pays, le festival s'est enrichi, en 2016, à votre initiative, d'un nouvel axe majeur avec son "Forum d'actualité", qui embrasse toute l'actualité de l'histoire de l'art. Que nous réserve, à cet égard, l'édition 2017 ? Quelles seront ses spécificités ? 

Le forum d’actualité est, comme l’année dernière, conçu comme un lieu de débat qui réunit tous les acteurs du monde de l’art. Nous rendrons à nouveau compte de l’actualité des expositions et nous avons choisi de nous pencher sur celles qui, en ce moment, traitent du thème de la nature, comme « Jardins » au Grand Palais, « Le paysage mystique » au musée d’Orsay ou encore « Le pouvoir des fleurs au Musée de la vie romantique. Les commissaires de ces expositions ont donc été conviés à présenter leurs projets sous une forme inédite en évoquant à la fois les genèses des expositions, leurs problématiques…

Nous évoquerons en outre l’actualité du marché de l’art avec des journalistes et des représentants des grandes salles de ventes : la question du faux, le profil des nouveaux collectionneurs…
Enfin, cette édition comprendra un concours, organisé en collaboration avec l’association des Amis du festival, à l’occasion duquel des jeunes chercheurs viendront présenter en 180 secondes leurs travaux de recherche. Un jury de spécialistes, présidé par Eric de Chassey, désignera un lauréat. Venez nombreux !

Jeff Koons, actions pédagogiques : les atouts séduction de cette 7e édition du festival de l'histoire de l'art

C’est l’une des plus grandes stars de la scène artistique internationale. Aussi adulé que controversé, l’Américain Jeff Koons illustre à merveille les deux temps forts du festival : les Etats-Unis et la nature. « Il prononcera la conférence inaugurale, à l’occasion de laquelle il dévoilera un aspect inédit de sa pratique, qui se nourrit d’un rapport très fort à l’histoire de l’art. C’est en effet un très grand collectionneur, passionné d’art ancien comme d’art contemporain – fervent amateur de Courbet, il connaît le Louvre comme sa poche ! », relève Annick Lemoine, directrice scientifique du FHA. Autre angle de prédilection pour le FHA : une très belle offre pédagogique destinée à séduire les familles. « Nous avons également souhaité revenir sur les enjeux de l’éducation artistique et culturelle, qui nous sont chers. Nous nous engageons à offrir une offre forte et variée d’actions pédagogiques pour les familles et le jeune public.  En écho, plusieurs interventions vont revenir sur l’importance d’initiatives d’éducation artistique pour les musées. Jean-Luc Martinez, président du musée du Louvre, va ainsi revenir sur la création de la Petite Galerie », ajoute-t-elle.