Du 4 au 7 mai, la Belle Saison avec l'enfance et la jeunesse – juillet 2014-décembre 2015 – a organisé, à mi-parcours, des journées d'études à la Chartreuse de Villeneuve-les-Avignon. Gwénola David, coordinatrice nationale de la Belle Saison, modératrice des journées, dresse un bilan d’étape.

Pourquoi des journées d'études au beau milieu de la Belle Saison ?

A ce jour, 800 projets, événements et spectacles ont été répertoriés dans toute la France, dont près de 40% s'inscrivent dans des « aventures » au long cours d'éducation artistique et culturelle. C'est donc, déjà, une très belle réussite pour cette opération qui, de surcroît, franchit les frontières. Il y a une Belle Saison en Allemagne, en Italie, au Québec, au Liban. Ces journées marquent le moment de bascule où, au-delà de l'événement , on passe à une autre préoccupation, celle de la pérennisation. Les professionnels impliqués dans les projets labellisés « Belle saison » étaient réunis autour de cet enjeu : comment pérenniser la dynamique enclenchée ?

« Dans sa forme comme dans ses contenus, La Belle Saison est une manifestation inédite pour le ministère de la Culture et de la Communication » (Michel Orier, directeur général de la création artistique)

Comment définiriez-vous cette dynamique ?

Comme ces journées l'ont démontré, la Belle Saison a énormément favorisé les rencontres professionnelles. En effet, si elle profite bien d'un cadre et de valeurs définis par l’État, voilà une manifestation qui est entièrement fondée sur les propositions des professionnels. Cette liberté d'initiative a permis de s'inventer et de se construire au fur et à mesure. De ces rencontres, sont nés de nombreux projets artistiques en collaboration, mais aussi de nombreux débats autour de la création pour l'enfance et la jeunesse. De nouvelles pratiques de concertation se font jour, comme les plateformes territoriales, avec de nouveaux modes de travail qui sont à la fois trans-disciplinaires et trans-réseaux – le réseau des scènes labellisées Jeunesse, par exemple. Environ cent participants étaient venus à ces journées pour échanger leurs savoir-faire et débattre de la situation du spectacle vivant.

« Le théâtre pour enfants est un théâtre pour lequel on crée une politique d'avenir » (Olivier Py, directeur du Festival d’Avignon)

Donnez-nous quelques exemples de projets construits de cette manière collaborative ?

« Vive les vacances » à Grenoble, par exemple, est une programmation spécialement construite pour la période creuse des vacances. A Marseille, le Théâtre Massalia et le Théâtre de la Criée ont créé ensemble un nouveau festival, « En Ribambelle ». Toujours à Marseille, des artistes de trois compagnies ont créé des petits formats intitulés « Les Solos de la Belle Saison ». A Lyon, une coopération entre le TNG et des éditeurs permet de faire connaître des textes de théâtre méconnus... La Belle Saison a permis de très belles aventures qui révèlent une vraie alliance autour de la création jeune public. Je pense, en particulier, à une création pour quatre violoncelles classiques qui fascine les enfants, « Le cri du lustre ». Il y a une liberté totale dans la gestuelle des musiciens comme dans la narration, qui enchaîne les micro-récits sautant du coq à l'âne. L'opéra, d'ailleurs, suscite le même élan. Aujourd'hui, la création pour les enfants participe du renouvellement de l'esthétique de l'opéra.

Le spectacle pour l'enfance et la jeunesse a un bel avenir devant lui ?

La grande variété et qualité des projets présentés dans le cadre de la Belle Saison prouve la forte créativité de ce secteur. Ce constat, pourtant, ne suffit pas, comme le montre la réflexion portée depuis un an par les professionnels. Le réseau labellisé « jeune public » doit se renforcer et la création pour l'enfance et la jeunesse, faire partie du cahier des charges des théâtres. L’État peut influer sur son réseau et convaincre d'autres décideurs, tels que les collectivités territoriales. Heureusement, les nouvelles générations de directeurs de théâtre et les artistes sont plus sensibles à cette création et à ce public, que leurs aînés. Ils misent de plus en plus sur cette offre nouvelle d’œuvres de qualité. Le spectacle vivant ouvre les imaginaires : je crois en son avenir.

La Belle Saison en chiffres

> Plus de 800 projetsrépertoriés dans toute la France ;

> Environ 33%projets Théâtre, 9% projets Danse, 18% projets Musique, 4%projets Marionnettes et 32%projets pluridisciplinaires ;

> 21 plateformes territoriales très actives, dont plusieurs directions régionales des affaires cultures : Pays-de-la-Loire, Rhône-Alpes, Bourgogne, Midi-Pyrénées, Lorraine, Franche-Comté, Languedoc-Roussillon ;

> 21 Centre dramatiques nationaux impliqués ;

>54 %des scènes nationalesont fait remonter un ou des projets Belle Saison dont près de la moitié sont des projets de co-production et d’éducation artistique et culturelle ;

> 3 centres de développement chorégraphique et 7centres chorégraphiques nationauxfortement impliqués ;

> Près de 50% des Opéras membres de la Réunion des opéras de France se sont fortement mobilisés pour la Belle Saison :

> A souligner : une série d’initiatives dans le réseau culturel à l’étranger avec des temps forts Belle Saison en Allemagne, en Italie, au Liban ou encore au Québec.