Alors que les négociations en vue d’un accord mondial sur le climat ont débuté à Paris, le monde de la création a fait du réchauffement climatique un véritable enjeu artistique. Dernier opus de notre série sur le volet culturel de la COP21 : la création s’engage pour le climat (5/5).
Du Grand Palais au Muséum d’histoire naturelle, en passant par le Panthéon, le Palais de Tokyo, le musée national de l’histoire de l’Immigration, le Parc de la Villette, Universciences ou le musée de l’Homme, mais aussi au Bourget, à Evry, Montreuil ou Metz, c’est partout la même ébullition : le monde de la création se mobilise sur les enjeux du climat. À travers des performances, expositions, installations, mais aussi des films documentaires, livres, programmes audiovisuels ou débats, les artistes et créateurs n’ont qu’une seule ambition : interroger, ausculter, diagnostiquer, comprendre ou simplement montrer les évolutions du climat sur notre planète. Petite sélection.
> Des « Solutions COP21 » au Grand Palais
Transformé en en vaste espace d’exposition tout public, le Grand Palais propose jusqu’au 10 décembre rien de moins qu’une série de « Solutions COP21 ». Parmi les multiples propositions, retenons notamment la gigantesque installation interactive en forme de QR Code signée Olga Kisseleva et Etienne Delprat. A travers des traces lumineuses, celle-ci permet d'immerger le visiteur au cœur des enjeux climatiques. Autre proposition : celle du Camerounais Barthélémy Toguo, qui animera des ateliers où art et écologie se confondent.
> Une installation d’Olafur Eliasson, place du Panthéon
Devant un Panthéon toujours majestueux, le Danois Olafur Eliasson installera le 3 décembre un non moins majestueux bloc de glace de 80 tonnes issu d’un iceberg du Groenland. Ce que le spectateur est précisément appelé à regarder, dans l’installation Ice watch, c’est la fonte inexorable du gigantesque bloc de glace, écho direct au changement climatique sur notre planète.
> « Climat, l’expo à 360° » à Universciences
Sur le terrain scientifique, on s’attendait à ce que Universiences dresse, dans « Climat, l’expo à 360° » un bilan extrêmement précis et complet du dérèglement climatique. Comme toujours, il éclaire de façon très documentée (résultats d’observation, causes, projections des climatologues, mesures à prendre) et particulièrement pédagogique (interviews filmées de Nicolas Hulot,Jean-Louis Estienne, etc) les enjeux du climat.En regard de ces considérations scientifiques, l’exposition présente un choix pertinent de créations artistiques.L’art et la science, même combat pour le climat ?
> Demain, un documentaire de Mélanie Laurent et Cyril Dion
Une bulle d’espoir : c’est ce que veut être résolument Demain, le documentaire durable – comme on dit développement durable – signé Mélanie Laurent et Cyril Dion. Car, face aux difficultés croissantes que connaît aujourd’hui la planète, il existe de nombreuses raisons d’envisager l’avenir avec optimisme. Ce road movie en a cherché – et trouvé – quelques-unes. Il présente ces initiatives avec un enthousiasme roboratif : monnaies parallèles ou cultures responsables, scolarité alternative ou ressources sous-exploitées, notre propre avenir est à construire.
> L'eau qui dort de Michael Pinsky au Parc de la Villette
Jusqu’au 3 janvier,des déchets affluent à la surface du canal de l’Ourcq, à la Villette, sur lequel ils semblent flotter.Il n’en est rien. Si l’artisteMichael Pinsky est allé chercher dans les profondeurs du canal les épaves domestiques, celles-ci sont en fait suspendues à fleur d’eau par l’entremise d’un habile dispositif. Cette œuvre poétique invite à s’interroger sur les conséquences d’un geste banal, celui de jeter, reproduit à l’échelle de la société.
> Audiovisuel : Histoire(s) de climat, l'Ina se mobilise pour la COP21
Projection d’archives audiovisuelles ou de films, comme "Béhémoth" du Chinois Zhao Liang, baromètres des JT, parcours pédagogiques, mappemonde digitale, débats… L’offre particulièrement riche proposée par l’Institut national de l’audiovisuel (Ina) dans le cadre de la COP21n’a qu’un but : montrer les multiples initiatives de la création audiovisuelle pour trouver des solutions pour le climat. À noter : plusieurs créations web font l’événement, comme « Atmosphère, histoire du climat en vidéo », une mappemonde digitale créée avec l’association Place to B. Riche de plus de 400 vidéos issues des archives de l'Ina,elle estmise à la disposition de journalistes, blogueurs, artistes pour créer un nouveau discours médiatique.
> Théâtre : quand le climat entre en scène
Alors que la COP21 bat son plein, les questions liées au dérèglement climatique investissent un autre espace culturel : celui du théâtre. Mais attention : sans intention didactique. Au contraire. Avec Les Glaciers grondants, qui se joue au théâtre des Abbesses jusqu’au 18 décembre, David Lescot déroule un spectacle où les débats sur le réchauffement climatique se mêlent à une météorologie amoureuse particulièrement capricieuse… Délicieusement ambigu et ludique. Auparavant, la pièce avait ouvert « Réveillons-nous ! », un festival imaginé par Irina Brook au Théâtre national de Nice pour aborder la question du climat. Jusqu’au 13 décembre, spectacles, films, débats et rencontres se succèdent en marge de la COP21. À noter : la directrice du TNN a commandé au dramaturge italien Stefano Massini deux textes pour la scène : Point d’interrogation et Terre noire. À ne pas manquer.
> « Frontières » au musée national de l’histoire de l’Immigration
Comprendre les enjeux contemporains des frontières, c’est également, aussi étonnant que cela puisse paraître au premier abord, comprendre les problématiques actuelles liées au dérèglement climatique, notamment les migrations. Parallèlement à l’installation « Exit » au Palais de Tokyo, l’exposition « Frontières » dresse notamment, jusqu’au 20 mai 2016, un passionnant état des lieux des relations complexes – inexorables ? – entre frontières et migrations.
> Un cœur, un arbre de Naziha Mestaoui à la Tour Eiffel
À la croisée des chemins, entre virtuel et réel, One Heart One Tree propose de créer, via une application smartphone, un arbre virtuel qui sera projeté symboliquement sur la Tour Eiffel. Chaque arbre conçu virtuellement générera un autre arbre réel, nominatif et planté dans le cadre de projets de reforestation sur les cinq continents. Jusqu’au 4 décembre.
COP21 : les temps forts au ministère de la Culture et de la Communication
> Jusqu’en janvier 2016, les vitrines du péristyle de Valois accueillentArtCOP21, Cette installation présente une sélection de projets culturels inscrits à l’Agenda Culturel ArtCOP21. Parmi toutes les initiatives, le ministère souhaite en particulier mettre l’accent sur celles prises par l’association COAL (Coalition pour l’art et le développement durable) en raison de son implication dans la COP21 par le dispositif qu’elle porte : ArtCOP21. Son Agenda Culturel Paris Climat 2015 en ligne, accessible sur le site artcop21.com, référence près de 400 événements culturels engagés pour la COP21, en Île-de-France, en France et à l’international (3, rue de Valois, 75001 Paris).
> Jusqu’au 3 décembre, l’exposition « Secondes Vies » traite de la revalorisation du matériel sportif usagé et de l'art comme vecteur de communication sur les enjeux du développement durable. À travers les créations de Laura Buttons, Martin Chérel, Collectif Prémices, Isabelle Daëron, Cécile di Giovanni, Evor, Joris Favennec, Nikolas Fouré, Marie-Aurore Stiker-Metral et Siyuan Zhang, l'exposition vise à sensibiliser aux enjeux du détournement, du recyclage ou encore de l'éco-conception (182, rue Saint-Honoré, 75001 Paris).
> Jusqu’au 3 décembre, le hall Valois accueille l’installation de Lucy + Jorge Orta Antarctic Village - No Borders, Dome Dwelling. En 2007, les artistes se lancent dans une expédition sur le continent Antarctique pour installer leur œuvre éphémère et imaginent un drapeau universel Antarctique, comme emblème supranational des Droits de l’Homme. Tout au long de l’année 2015 les artistes ont développé le projet Antarctica World Passport présenté lors de la COP21 au Grand Palais.