"Faire sauter les verrous qui pèsent sur la création" et "faire en sorte que ceux qui éprouvent un désir de culture aient la possibilité de le faire", telle est la double ambition de Fleur Pellerin, qui a présenté, le 30 septembre, le projet de loi de finances 2016 pour la culture et la communication. Verbatim.
« Un budget post-Charlie ». En progression de 2,7%, le budget 2016 du ministère de la Culture de la Culture et de la Communication se veut porteur d’un projet politique « pour que le quotidien culturel des Français en sorte changé ». « Notre budget pour la culture en 2016, a assuré Fleur Pellerin, c’est le budget de la France après Charlie. Le budget d’une France qui sait pouvoir s’appuyer sur la culture pour avancer, inventer, innover, et préparer l’avenir. D’une France qui est fière de ses artistes, et qui s’attache à faire grandir le foisonnement créatif qui fait sa force, en l’ouvrant encore davantage aux jeunes et à la jeunesse. D’une France qui sait qu’elle aura d’autant plus confiance en elle que ses citoyens pourront participer à la vie culturelle ».
« Le budget d’une France qui sait pouvoir s’appuyer sur la culture pour avancer, inventer, innover, et préparer l’avenir »
« Renforcer l’accès de tous à la culture ». Éducation aux arts et à la culture, soutien accru aux conservatoires, développement des médias de proximité, action en direction des publics les plus éloignés de la culture… À travers ces différents domaines, la ministre de la Culture et de la Communication entend poursuivre une même ambition : permettre à tous – en particulier aux plus jeunes – d’accéder à la culture. « Le projet Demos est un bon exemple de ces projets ambitieux qui partent des pratiques d’aujourd’hui, et notamment des pratiques amateurs, a souligné Fleur Pellerin. Il favorise en effet l’accès à la pratique musicale dans l’orchestre, pour les enfants qui vivent dans des quartiers de la politique de ville ou en zone rurale. L’équipe qui le pilote, en Île-de-France, en Isère ou dans l’Aisne, fait un travail formidable que je veux saluer aujourd’hui. Nous les soutiendrons davantage en augmentant notre contribution à leur projet de 1,5M€ ».
« Un soutien accru à la création ». « Acte de confiance envers les artistes et envers la jeunesse », le budget 2016 fait de la création la deuxième des priorités de Fleur Pellerin. La ministre entend mettre un accent particulier sur deux secteurs de la création artistique qui permettront de renforcer la compétitivité et le rayonnement des territoires. C’est le cas du cinéma, avec l’amélioration du crédit d’impôt cinéma (voir encadré). C’est aussi le cas de la musique, avec un engagement fort en faveur de la diversité musicale et l’achèvement du plan « scènes des musiques actuelles ». Pour faire en sorte que la France reste une terre de création, la ministre entend participer au renouvellement des générations artistiques en mettant en pratique les propositions qui avaient été faites lors des Assises de la Jeune Création, clôturées en juin dernier, et en confirmant le lancement d’un nouveau lieu, le projet Médicis Clichy-Montfermeil. « Plusieurs mesures issues des Assises de la Jeune Création viendront consolider l’emploi artistique et aideront au renouvellement des générations, a indiqué la ministre. Je pense en particulier au compagnonnage artistique et aux tiers-lieux, dont le rôle en matière de repérage artistique est essentiel, au développement des résidences, ou encore à l’accompagnement de l’essor des jeunes créateurs, via des fablabs, des pépinières artistiques adossées aux écoles d’enseignement supérieur culture, ou des plateformes web de ressources ».
« Une France qui sait qu’elle aura d’autant plus confiance en elle que ses citoyens pourront participer à la vie culturelle »
« Préparer les mutations de demain ». Troisième pilier de ce projet de budget, il faut, selon Fleur Pellerin, « préparer les mutations de demain » : visibilité à moyen terme pour les acteurs culturels, sécurisation des ressources de l’audiovisuel public, stabilisation des financements de l’archéologie préventive, maintien d’un fort niveau d’investissement pour les monuments historiques… « Je précise bien entendu que d’autres chantiers seront lancés ou poursuivis en 2016, partout en France, s’est félicitée la ministre. Je pense en particulier au secteur des archives, qui fait face à un besoin important en matière de conservation et d’accessibilité, à la préparation du déménagement de l’École nationale supérieure d’architecture de Marseille au sein du futur Institut Méditerranéen de la Ville et des Territoires, aux schémas directeurs du château de Versailles, de Fontainebleau, et du Centre Pompidou ainsi qu’à la rénovation de la BPI ».
Un crédit d’impôt cinéma multiplié par deux
« J’avais annoncé au début du mois que j’y travaillais, ce travail est désormais abouti », a annoncé Fleur Pellerin le 30 septembre, en annonçant que, en 2016, le crédit d’impôt sera ouvert aux œuvres à forte dimension culturelle, qui sont tournées dans une autre langue que le Français pour des raisons artistiques, ainsi qu’aux productions ambitieuses d’animation ou à forts effets visuels, qui sont tournées vers l’international. La ministre a également précisé qu’un taux majoré à 30 % serait appliqué aux œuvres cinématographiques tournées en langue française, aux films d'animation et aux fictions à forts effets visuels, tandis que le plafond du crédit d’impôt sera porté à 30 M€ au lieu des 4 M€ actuels. « Vous aviez tous le tournage de Valérian en tête, a poursuivi la ministre. Il y en a bien d’autres. Avec ce nouveau dispositif, Jimmy P., Psychothérapie d’un Indien des Plaines d’Arnaud Desplechin ou Personal Shopper d’Olivier Assayas, auraient pu être tournés en France. Cette mesure bénéficiera donc à certains films à gros budget, qui mobilisent les industries les plus en pointe de notre secteur du cinéma, mais aussi à des productions à plus petit budget, avec une forte ambition artistique ».