Acquisition du portrait d'Ulysse pour le château d'Écouen

Une œuvre d’intérêt patrimonial majeur. Le portrait d'Ulysse est une œuvre remarquable du fameux émailleur Léonard Limosin. Ce portrait représente Ulysse, roi d'Ithaque, l'un des héros de la guerre de Troie, identifié par une inscription en lettres d'or. Il s’agit d’un portrait idéalisé, qui répond à l'image de l'Antiquité que se faisaient les hommes de la Renaissance.
Cette plaque en émail polychrome peint sur cuivre a été réalisée vers 1564 et appartient à un ensemble désormais dispersé qui pourrait provenir du décor composé de trente-deux plaques du cabinet des émaux de Catherine de Médicis à l'Hôtel de Soissons (Paris), aménagé autour de 1570. Témoignant de l'influence de la culture humaniste sur les arts décoratifs de la Renaissance française, ces émaux prennent directement leur source dans les Héroïdes, poème d'Ovide qui retrace, par le biais d’un échange de lettres fictives, les amours tragiques des héros et héroïnes de l’Antiquité. Sur les dix-sept plaques émaillées de cet ensemble répertoriées à ce jour, douze sont conservées dans les collections publiques françaises et quatre déjà présentées au musée national de la Renaissance, parmi lesquelles le portrait de « Pâris » acquis par l’État à la vente Pierre Bergé / Yves Saint Laurent en février 2009.

Une acquisition réalisée grâce au mécénat. La qualification de ce portrait d'Ulysse comme bien culturel d'intérêt patrimonial majeur par la commission consultative des trésors nationaux a permis de solliciter une contribution au financement de l’acquisition auprès d’une entreprise locale, la société VYGON, grâce au dispositif fiscal prévu à l’article 238 bis 0 A du Code général des impôts. Mécène du musée national de la Renaissance depuis 1992, VYGON a d'abord orienté son action vers l’acquisition de petites œuvres avant de soutenir, depuis 2008, la politique d’exposition du musée national de la Renaissance. L'effort consenti pour l'acquisition de cette œuvre est sans précédent pour VYGON, avec un mécénat de 200 000 euros, que viennent compléter les crédits d'acquisition de l'Etat.

Léonard Limosin (vers 1505 – vers 1577). De tous les émailleurs de Limoges, Léonard Limosin est le plus célèbre. Ses premières œuvres signées et datées reprennent les gravures de la Petite Passion d’Albrecht Dürer (1533).
Devenu émailleur du roi Henri II (1548), il réalise des commandes prestigieuses telles que les figures d’apôtres d’après Primatice offertes par le roi à Diane de Poitiers (Chartres, musée des Beaux-Arts) ou les retables de la Sainte Chapelle (1553, Paris, musée du Louvre). Léonard Limosin est maître dans l’art du portrait émaillé. Il s’inspire de portraits au crayon des Clouet, dont la reine Catherine de Médicis. En 1556 et 1557, il réalise ainsi les portraits ovales d’Anne de Montmorency et de François de Guise (Paris, musée du Louvre).
L’art de Limosin se distingue par ses fonds bleus intenses, l’acuité de ses regards, la qualité de l’ornement. Il est le seul émailleur à avoir créé ses propres compositions. Il est l’auteur de gravures de la Passion (1544) et d’un tableau, L’Incrédulité de Saint Thomas (1557), où il glisse un autoportrait (Limoges, musée des Beaux-Arts – Palais de l’Évêché). Parmi ses dernières œuvres, figurent les portraits de Catherine de Médicis en Junon et de Charles IX en Mars (1573, Los Angeles, J. Paul Getty Museum).

Le musée national de la Renaissance. À 19 km au nord de Paris, le château d’Écouen, monument insigne de l’architecture française du XVIe siècle, abrite le musée national de la Renaissance, seul musée en France entièrement consacré à cette période. Le portrait d'Ulysse rejoindra les exceptionnelles collections d'arts décoratifs exposées dans ce cadre majestueux. L’œuvre sera présentée dans la galerie des arts du feu au second étage, au sein de l'importante collection d'émaux peints que conserve le musée.