Analyser la place des femmes journalistes et des femmes expertes dans l'ensemble des médias pendant la période de confinement et de crise sanitaire, et formuler des propositions pour s'assurer de leur représentativité : c'est l'objectif de la mission sur "la place des femmes en temps de crise" confiée par le Premier ministre à Céline Calvez en avril 2020.

Cette mission, qui fait référence à la crise de la Covid-19, doit permettre plus largement d'apprécier la place des femmes dans l'ensemble des médias. Elle a fait l'objet d'un rapport remis le 9 septembre 2020 à la ministre de la Culture, Mme Roselyne Bachelot-Narquin, et à la ministre déléguée auprès du Premier ministre, chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, de la Diversité et de l’Égalité des chances, Mme Elisabeth Moreno.

26 préconisations 

Partant du constat que les journaux consacrent une place prédominante aux personnalités hommes dans leurs contenus (83,4% des personnes apparaissant à la Une sont des hommes et ceux-ci signent 74,4% des tribunes), et que la parité n'est pas non plus atteinte dans les entreprises médiatiques, le rapport de Céline Calvez formule 26 préconisations visant à renforcer l’égalité entre les femmes et les hommes dans les médias. 

83,4% des personnes apparaissant à la Une des principaux titres de presse français sont des hommes

Le rapport propose de créer un observatoire de la parité et de l'égalité femme-homme dans les médias et s'appuie également sur les institutions de financement et de contrôle existantes. Il préconise notamment de renforcer le rôle du CSA en introduisant de nouveaux indicateurs et objectifs chiffrés sur la représentation des femmes dans les médias et en renforçant ses capacités de contrôle, en particulier pendant les périodes de crise.

Le conditionnement des aides publiques aux respect d'objectifs de parité est également proposé. S'agissant de la place des femmes dans le cinéma, le rapport de Céline Calvez préconise d'encourager la création par le CNC d'un bonus parité pour les équipes de tournage des productions audiovisuelles. Les oeuvres produites pourraient également faire l'objet d'un contrôle a posteriori par le CSA afin de ne pas renouveler les aides aux producteurs présentant des contenus sexistes ou dégradants. Les aides à la presse pourraient elles aussi être conditionnées au respect de la parité entre les femmes et les hommes, via un système de bonus-malus. 

 

Mesures incitatives et formation

Des mesures incitatives à l'attention des entreprises médiatiques sont présentes tout au long du document, telle la proposition d'encourager les médias audiovisuels à utiliser les outils d'automatisation du comptage du temps de parole des femmes. Le label "égalité professionnelle" de l'AFNOR apparaît comme un outil au service de ces objectifs et le rapport préconise d'inciter les médias à l'obtenir. Pour stimuler les comportements vertueux, Céline Calvez propose également de créer un baromètre annuel de la parité et de la représentativité des femmes dans les médias, ainsi qu'un prix récompensant chaque année l'entreprise médiatique qui a particulièrement oeuvré en faveur de ces objectifs. 

La formation est aussi une piste envisagée, avec l'usage de cours en ligne accessibles à tous les médias (MOOC) et l'emploi dans les entreprises d'une personne ressource sur la place des femmes dans les contenus. Dans cette vision, l'éducation aux médias a un rôle important à jouer, puisque Céline Calvez propose d'encourager les dispositifs éducatifs qui participent à déconstruire les stéréotypes et préjugés sexistes dans les médias dès la primaire. 

 

À télécharger

Rapport sur la place des femmes dans les médias en temps de crise

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