Kubra Khademi d’origine afghane vit aujourd’hui à Paris. Elle est l’un des talents les plus prometteurs sur la scène artistique internationale. Membre de l’Atelier des artistes en exil, à Paris, et lauréate de plusieurs bourses et résidences, la jeune artiste, qui a reçu en 2016 les Arts et Lettres des mains de la ministre de la Culture, revendique, depuis ses débuts, un engagement artistique ouvertement politique. « Fondamentalement, je cherche à être libérée de la violence et de l’injustice », dit-elle.
Votre talent et votre engagement font de vous une personnalité emblématique du monde de la culture. Quelles sont les principales étapes de votre parcours ?
Il y a eu trois étapes : d’abord, la recherche de la liberté. Pour moi, à cette période, la liberté signifiait ne pas se marier, c’est-à-dire ne pas vivre sous l’autorité d’un homme. J’ai donc refusé le mariage qu’on m’imposait alors que je n’avais que 12 ans. La seconde étape était de réaliser un rêve, celui d'être artiste aux yeux de la société, alors que je ne l’étais que de manière autoproclamée. Je suis donc entrée aux Beaux-Arts [à Kaboul (Afghanistan), puis à Lahore (Pakistan)] afin de le réaliser. Ayant réalisé ce rêve, celui de toute une vie, j’éprouve la nécessité dans mon travail artistique de mettre en valeur l’implication des femmes dans la construction historique de mon pays, l’Afghanistan.
Dans le domaine culturel, l'égalité entre les femmes et les hommes connaît aujourd'hui encore une situation contrastée. Quelle place les femmes artistes occupent-elles dans votre pays ?
Fondamentalement, je cherche à être libérée de la violence et de l’injustice. Dans mon pays, les femmes et les enfants vivent toujours dans la culture de la violence sexuelle sous toutes ses formes. Cette culture brutale doit être définie comme de la violence et combattue. La recherche de la liberté nous conduira vers l'égalité des droits à l'éducation et vers les droits sociaux et politiques. Le domaine culturel doit encore beaucoup évoluer, mais il ne le fera pas si ce combat n’est pas mené de manière plus globale.
Votre personnalité est reconnue dans la lutte pour l’égalité femmes-hommes. À quoi attribuez-vous cette visibilité ?
À deux choses qui sont à l’origine de ce que je suis : ma mère et ma patrie.
Quel conseil donneriez-vous aux jeunes femmes qui voudraient entreprendre une carrière dans le domaine culturel ?
Tout d'abord libérez-vous de toutes les entraves et des assignations que la société, la famille et l'histoire ont créées pour vous parce que vous êtes une femme ! Dites-vous que vous êtes un être humain libre de penser, de décider et de FAIRE !
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