Elles sont, chacune dans leur domaine, des personnalités emblématiques du monde de la culture. A l’occasion de la journée internationale des droits des femmes, elles livrent un témoignage sur leur parcours et leurs convictions. Onzième volet de notre série : Debora Waldman, cheffe d’orchestre (11/15).

Elle est la première femme à devenir directrice musicale d’un orchestre national en région (celui d’Avignon-Provence). Debora Waldman voit dans sa nomination un « tournant » pour une profession – celle de chef d’orchestre – longtemps réservée aux hommes.

Votre talent et votre engagement font de vous une personnalité emblématique du monde de la culture. Quelles sont les principales étapes de votre parcours ?

Les principales étapes de mon parcours sont les voyages. Je suis née au Brésil, j’ai grandi en Israël et en Argentine puis je suis arrivée à Paris en 2001. Ils ont fait de moi une personne multiculturelle, ayant comme fil rouge l’art et la musique.
En 2005, je deviens assistante du maestro Kurt Masur à l’Orchestre National de France, j’ai pu ainsi suivre tous les grands chefs d’orchestre au quotidien : Riccardo Muti, Sir Colin Davis, Bernard Haitink…cette étape m’a nourrie pour toujours.  
Puis en 2019 en vrai point de bascule, je suis nommée « directeur musical » à la tête d’un orchestre national : l’’Orchestre National Avignon-Provence, une première pour une femme dans l’’histoire musicale française. Cette étape est un nouveau tournant pour moi et pour toutes les femmes chefs d’orchestre dans notre pays.

Dans le domaine culturel, l'égalité entre les femmes et les hommes connaît aujourd'hui encore une situation contrastée. Quelle place les femmes occupent-elles dans votre secteur ?

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 50% de femmes lors des études et seulement 4% de femmes cheffes d’orchestre dans le monde dans des postes professionnels. 

Heureusement les choses sont en train d’évoluer rapidement. Depuis ma nomination en 2019, il y a déjà eu deux autres femmes nommées à la tête des orchestres de Nancy et de Picardie. 

On peut aussi constater que depuis la saison 2019/20, dans les brochures des structures musicales (comme la Philharmonie de Paris, par exemple) nous pouvons voir beaucoup plus de chefs femmes dans la programmation. Alors qu’avant, cela n’était pas dans de si importantes proportions.

Le chemin est encore long, mais j’y vois une lumière au bout du tunnel ! 

Votre engagement au service de l'égalité est connu. Comment se traduit-il dans l’exercice de votre métier et dans votre environnement professionnel ?

Dans l’exercice du métier, mon engagement pour l’égalité se traduit dans la programmation de la saison symphonique, à savoir : dans pratiquement chaque programme j’inclus une pièce d’une compositrice oubliée de l’Histoire.
L’objectif étant d’élargir le répertoire, d’inclure ces musiques, souvent totalement inconnues du public mais aussi des musiciens, de leur donner une place dans l’histoire de la musique et donc dans l’héritage que nous transmettrons aux nouvelles générations.  

Quel conseil donneriez-vous aux jeunes femmes qui voudraient entreprendre une carrière dans le domaine culturel ?

Suivez l’artistique, ce qui vous anime et vous pousse à travailler tous les jours.

Vous vous ferez une place par votre talent, votre compétence et dévouement.

Vos rêves sont aujourd’hui possibles, ne vous posez plus la question du genre, car la musique va bien au-delà.


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