Dès le 1er janvier 2022, la France exercera la présidence du Conseil de l’Union européenne (PFUE) pour un semestre. Face aux nombreux chantiers quelle aura à traiter, quelle place sera accordée à la culture ? Et comment s’imposer sur une scène internationale fracturée ? Voici les enjeux pour la présidence française en matière culturelle qui ont animé les rencontres et les débats du troisième module le 18 novembre à Paris et les 19 et 20 novembre à Bruxelles.

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Une première journée sur l’action internationale de la France aux Archives Nationales

A l’Hôtel de Soubise, rue des Archives à Paris, les auditrices et les auditeurs de la session 21-22 ont pu entendre Yannick Faure, chef du service des affaires juridiques et internationales au ministère de la Culture, et Isabelle Nyffenegger, sous-directrice des affaires européennes et internationales et auditrice de la deuxième session du CHEC pour l’ouverture de ce troisième module. Ont été présentés trois axes de l’action du Ministère de la Culture en matière internationale : la représentation du Ministère auprès des organisations internationales et des institutions de l’UE, le soutien à tous les acteurs français qui souhaitent se déployer à l’international et le développement de la coopération culturelle, le tout dans un écosystème complexe.

Pour illustrer cette action, Thomas Brégeon et Matthieu Berton ont présenté trois projets concrets et récents : la sauvegarde d’oeuvres et l’accueil d’artistes afghans en France après la prise de pouvoir des talibans dans le cadre de l’opération Apagan, l’aide au secteur culture libanais dans le cadre du faisceau de crises au Liban et enfin la coopération patrimoniale avec l’Afrique dans le sillage des engagements du Président de la République lors du discours de Ouagadougou en 2017.

L’après-midi a débuté par une table ronde sur l’ouverture des archives relatives au rôle de la France dans le monde, animée par Nicolas Chibaeff, directeur des archives diplomatiques. Après une présentation globale des enjeux par Françoise Banat-Berger, cheffe du service interministériel des archives de France (SIAF), plusieurs dossiers importants ont été évoqués, notamment de celui de l’ouverture des archives liées au génocide du Rwanda, avec Bruno Ricard, directeur des Archives nationales, Vincent Duclert, responsable des Archives à la présidence de la République, Brigitte Guigueno, conservatrice du service interministériel des archives de France et Brigitte Van Den Neste, cheffe du Service archives et mémoire à la Présidence de la République.

Les auditrices et les auditeurs ont ensuite eu la chance de visiter les Grands Dépôts des Archives nationales et de voir l’emplacement de « l’armoire de fer » qui conserve les documents les plus précieux de la Nation.

Enfin, le reste de la journée a porté sur le sujet complexe des défis posés par la nouvelle politique des musées avec L’Afrique, autour des restitutions et des coopérations muséales. Depuis le discours de Ouagadougou le 28 novembre 2017, les questions de la restitution temporaire ou définitive se pose, dans un réel souci de rééquilibrage suite à la perte du patrimoine pour le continent Africain. Claire Chastagnier, adjointe au sous-directeur des collections, service des musées de France au ministère de la Culture, Émilie Salaberry-Duhoux, directrice du Musée d’Angoulème et Lise Mesz, conseillère sur l’historique des collections auprès du président du musée du Quai Branly - Jacques Chirac, ont montré comment cette réorientation se traduit dans la politique des musées et esquissé ainsi le rôle que la culture peut jouer pour construire des relations apaisées et équilibrées avec le continent africain. 

Après une journée riche en débats autour des enjeux internationaux, l’ensemble du CHEC s’est rendu à Bruxelles pour la suite de ce troisième module.

À Bruxelles, première journée à la RPFUE sur les enjeux culturels de la PFUE en 2022

La Représentation permanente de la France auprès de l’Union européenne (RPFUE), assurant la liaison entre les institutions françaises et Bruxelles, placée sous l’autorité du Représentant permanent de la France auprès de l’UE qui a rang d'ambassadeur, a d’abord été présenté par Guillemette Madinier, adjointe en charge des relations culturelles extérieures à la RPFUE.

Roxane Chaplain, Adrien Le Louarn et Marie Fresnay ont ensuite entamé la journée autour des problématiques de liberté et de pluralisme dans des media, notamment au niveau européen. Roxane Chaplain, juriste environnementale et assistante parlementaire de la députée européenne Marie Toussaint, a expliqué que des menaces de plus en plus grandes pèsent sur les journalistes et par extension sur nos libertés les plus fondamentales, comme l’illustre l’assassinat de la journaliste Daphne Caruana Galizia à Malte en octobre 2017. Selon elle, il est urgent d’harmoniser les législations et de lancer des appels auprès de la société civile pour se saisir du sujet. Adrien Le Louarn, assistant parlementaire de la députée européenne Manon Auvry, a également rappelé la nécessité de lutter contre les procédures judiciaires abusives à l’encontre des journalistes (dites “procédures-baillons”) qui peuvent induire des phénomènes autocensure. Enfin Marie Fresnay, membre du cabinet de la Vice-Présidente Vera Jourova en charge des media, souhaite établir un véritable plan d’actions pour la démocratie européenne, selon trois piliers : la protection des élections, l’intégrité des média, et la lutte contre prolifération des fausses informations.

Ensuite les membres de la Commission européenne Barbara Gessler, cheffe d’unité Europe Créative, et Lucia Recalde-Langarica, cheffe d’unité industrie audiovisuelle et programme de soutien media, ont abordé  Europe Créative 2021-2027. Ce nouveau programme de l'UE soutient les secteurs de la culture, de la création et de l’audiovisuel et poursuit plusieurs objectifs comme celui de promouvoir le patrimoine et la diversité culturelle et linguistique.

Toujours sur les enjeux européens, l’après-midi a débuté par une table ronde sur le réenchantement de l’Europe à travers les territoires avec l’exemple du Nouveau Bauhaus européen (NBE). Damien Helly, fondateur de Culture Solutions Europe et auditeur de la troisième session, a commencé par remettre en contexte ce projet à la veille de la PFUE puis a animé le débat. Xavier Troussard, chef d’unité NBE à la Commission, et Kieran Mc Carthy, représentant du Comité européen des Régions, ont répondu sur le caractère novateur d’une politique travaillant directement à susciter participation et sentiment d’appartenance.

Enfin, le CHEC a eu la chance d’accueillir son excellence Monsieur Philippe Léglise-Costa, Ambassadeur et Représentant permanent de la France auprès de l’Union Européenne. Il a ainsi présenté le panorama des grands chantiers de la Présidence française, qui sur les enjeux culturels porteront sur le numérique, la mobilité et les échanges entres les états membres, le pluralisme et la diversité linguistique, les enjeux démocratiques et enfin le soutien des industries créatives et culturelles.

Aurélie Champagne, conseillère culture, audiovisuel et droit d’auteur, a clôt cette journée de travail organisée par ses soins en répondant aux question des auditrices et des auditeurs aux côté de Guillemette Madinier.

Dernière journée autour du paysage audiovisuel européen et des travaux de groupes avant le retour à Paris

Le dernier sujet abordé autour de la culture au prisme des enjeux européens et internationaux fut celui du secteur audiovisuel, présenté par Juliette Prissard. En tant que directrice d’Eurocinéma, instance de représentation des intérêts des producteurs de cinéma et d’audiovisuel auprès de l’UE, elle a rappelé quels étaient, au-delà des encouragements à l’innovation que porte l’Union européenne, les besoins fondamentaux du secteur pour maintenir une création indépendante et diversifiée.

Avant de rentrer en France, les auditeurs et les auditrices ont pu se retrouver, comme à chaque module, au sein de leurs groupes de travail respectifs pour avancer sur la thématique qu’il leur a été proposé d’explorer pendant toute la durée de la session. 

Ils se retrouveront prochainement le 8 décembre lors de la journée du réseau au Muséum national d’Histoire naturelle, ainsi que les 9 et 10 décembre pour aborder les enjeux des industries culturelles et créatives à Paris.