Frédéric Mitterrand inaugure l'exposition "Titien, Tintoret, Véronèse... Rivalités à Venise", au Musée du Louvre.
85 chefs-d’œuvre. L’exposition, organisée en partenariat avec le Museum of Fine Arts de Boston, rassemble dans le Hall Napoléon quatre-vingt-cinq chefs-d’oeuvre prêtés par les musées les plus prestigieux du monde : un splendide panorama de la peinture vénitienne après 1540, époque qui voit les artistes de la cité des Doges opérer la synthèse d’un certain naturalisme qui leur est propre et du «maniérisme» de l’Italie centrale.
Une installation multimédia autour de La Vierge au lapin, de Titien, est présentée le temps de l'exposition dans les collections permanentes, dans la salle du tableau du mois du département des Peintures (aile Richelieu, 2e étage).
Rivalités. « Parce qu’il avait en face de lui Véronèse, Tintoret dut apporter un soin particulier à ces peintures, car la présence d’un rival sert parfois de stimulant, dans la mesure où l’artiste met un point d’honneur à ne pas être surpassé. » (Carlo Ridolfi, en 1642)
L’exposition illustre la rivalité entre des maîtres qui tantôt s’influencent, tantôt s’engagent dans des voies nettement divergentes pour mieux affirmer l’originalité de leur vision. Si Titien, peintre officiel de la République, domina toujours la scène, le surgissement d’une nouvelle génération – celle des Bassano, Tintoret, Véronèse, Palma le Jeune - et l’influence des évolutions artistiques de l’Italie centrale, vont faire apparaître des solutions inédites dans le traitement des sujets chers aux Vénitiens dans la seconde moitié du XVIe siècle.
Un climat favorable à la diversité. Le régime politique de la République de Venise et son organisation sociale ont considérablement favorisé la diversité artistique. La présence de nombreuses familles fortunées, le dynamisme de l’Eglise, en pleine Contre-Réforme, et le réseau des puissantes confréries, les scuole, multiplient les opportunités pour les artistes. Travailler pour ces différents mécènes entretient à Venise, peut-être plus qu’ailleurs, une rivalité constante entre les peintres. Rivalité qui s’exprime notamment dans le cadre de concours organisés pour les commandes les plus prestigieuses. Ce fut le cas pour le décor de la Bibliothèque Marciana, de la Scuola di San Rocco et, le plus important de tous, de la tribune du Doge dans la Salle du Maggior Consiglio du palais des Doges.