Valéry Giscard d’Estaing consacre un conseil interministériel à la création d’un musée du XIXe siècle dans l’ancienne gare d’Orsay, menacée de démolition après sa désaffection et sauvée par une campagne de presse qui convainc Jacques Duhamel d’en faire un monument historique en 1973. Vieux dessein de la direction des musées qui veut désengorger le Louvre et redonner du lustre et de l’espace à ses collections XIXe, le musée d’Orsay est le premier « grand projet culturel » de l’État qui entend sauver une architecture ancienne (due à Victor Laloux) en lui donnant une autre vocation. Un établissement public constructeur est créé le 20 mars 1978 (Jacques Rigaud le préside à partir de 1981), un concours d’architecture choisit en 1979 le groupe ACT-Architecture (Bardon, Colboc et Philippon). Confirmé par François Mitterrand, qui l’inaugure le 1er décembre 1986, doté d’une scénographie conçue par Gae Aulenti, Italo Rota, Piero Castiglioni et Richard Peduzzi, le musée conçu par Michel Laclotte entend montrer la création artistique des années 1848 à 1914 dans toute sa diversité (y compris, notamment, la musique dotée d’un auditorium). Les collections proviennent du Louvre (artistes nés à partir de 1820), du Jeu de Paume (impressionnistes) et du musée national d'Art moderne (artistes nés après 1870). L’accrochage prend de la distance avec les jugements esthétiques de l’histoire, dont la condamnation portée sur l’art académique français. Il montre ainsi un face-à-face audacieux, dans la grande nef, entre « Les Romains de la décadence » du « pompier » Thomas Couture et « Un enterrement à Ornans » du « moderne » Courbet.