Chère Françoise Banat-Berger, merci de tout cœur de nous accueillir aux Archives nationales pour saluer ensemble notre entrée dans l’année 2016.
Merci à nos collègues d’administration centrale, à Jean-François Baldi DGLF/LF ainsi qu’Antoine-Laurent Figuière SG/DAT, d’être présents et de témoigner ainsi de la qualité des relations entre les services de la DRAC IdF et ceux des services centraux, nous savons l’importance de nos liens pour la réussite des missions du Ministère de la Culture et de la Communication, en Île-de-France. Le calendrier cette année n’a pas permis à la préfète de Paris, et au préfet de région, retenus par d’autres obligations, de se joindre à nous.
Merci à tous les collègues de la Drac IDF de partager ce moment festif, occasion de m’adresser à vous dans ce beau lieu plein des témoignages de l’histoire humaine, une histoire parfois tragique mais aussi créative, fraternelle voire héroïque, et de vous dire quelques mots au nom de l’équipe de direction que nous formons avec Jean-Pascal Lanuit et désormais Yannick Loué.
La grande force des archives, c’est la volonté de protéger les éléments du passé en le faisant toujours dans la perspective du futur même le plus lointain. Archiver, ce n’est pas garder tout, c’est faire des choix et les assumer, car les archives seront le matériau de l’histoire et de la recherche de demain (y compris en ce qui concerne l’histoire en train de se faire comme la collecte des traces et des hommages aux victimes des attentats du 13 novembre). L’exposition sur les secrets d’État que nous visiterons tout à l’heure illustre bien cette ambition.
Cette éthique, cette exigence du choix, c’est aussi la nôtre à la Drac IDF où quotidiennement les services proposent et effectuent des choix non pas en fonction de préférences ou de goûts mais toujours en fonction de principes et pour préparer l’avenir, que ce soit au travers de la programmation des travaux sur Monuments Historiques, les prescriptions archéologiques ou pour conventionner des compagnies ou encore sélectionner les projets culturels à l’hôpital ou en milieu carcéral ou donner un avis sur les implantations de multiplexes. Choisir pour consolider et préparer l’avenir, c’est un premier trait qui nous rassemble.
Les archivistes et les historiens, comme nous tous, retiendront de l’année 2015 qu’elle fut une année terrible, une année commencée et terminée dans la violence et les attentats à Paris, Montrouge, Vincennes et Saint-Denis, dont nous n’avons pas fini de pleurer les morts. Autant d’évènements qui posent à notre société de redoutables questions, qui interrogent notre capacité à vivre ensemble. Et qui nous rappellent plus que jamais combien les missions de notre ministère sont essentielles, que la Culture n’est pas une mission spéciale et séparée, mais une dimension qui irrigue et relie. Face à la haine, l’intolérance, et la peur, l’art et la culture sont la première des réponses. C’est l’honneur de tous ceux qui s’engagent du côté de l’émancipation, mais aussi de la solidarité.
Dans ce contexte, nous pouvons être particulièrement fiers de ce qui a été accompli en 2015 avec beaucoup d’efficacité, de professionnalisme par tous les services de la Drac IDF, que ce soit dans les départements ou à Paris et dans tous nos domaines de compétence.
Les conditions ont été particulièrement difficiles : du fait de nombreux départs, de postes vacants, de réformes de procédures, du fait aussi de l’augmentation des demandes, avec ces dernières semaines la mise en place des contraintes de sécurité, le soutien aux équipes touchées par les baisses de fréquentation.
Nous le savons : l’Île-de-France est un territoire plus complexe qu’ailleurs, du fait du grand nombre d’acteurs, les services de l’Etat ont plus qu’ailleurs encore un rôle de coordination, la sphère de l’Etat doit être plus solidaire. Une certitude : nous sommes très attendus tant le niveau des enjeux est important, les services déconcentrés, leur présence sur le terrain, sont irremplaçables.
Vous avez su faire face, relever les défis, prendre en charge des missions supplémentaires, répondre aux attentes, sans forcément de moyens nouveaux. Cela mérite d’être salué et explique que plusieurs d’entre vous ont été mis à l’honneur des ordres des arts et lettres ou du mérite national, cet honneur rejaillissant sur l’ensemble des équipes.
Pourtant le contexte politique et institutionnel a été marqué par des tensions grandissantes, avec la baisse des dotations des collectivités pour réduire la dette publique, il a fallu batailler et convaincre que les enjeux culturels ne devaient pas être sacrifiés. Partout vous vous êtes employé à maintenir ouvert le dialogue avec les collectivités, nos partenaires, pour contribuer à un diagnostic partagé, à identifier les priorités. C’est aussi un grand motif de satisfaction, cette capacité à faire vivre la "compétence culturelle partagée avec les collectivités". Ce principe est fondamental mais pas aisé dans la réalité puisque les collectivités ont des intérêts qui peuvent être éloignés des nôtres, c’est une réalité démocratique. La plupart du temps nous nous rejoignons, notamment sur les enjeux patrimoniaux, mais parfois non, on le voit sur les questions de soutien à la création, les choix des collectivités sont respectables pour autant qu’ils respectent les cadres législatifs, nous devons toujours nous battre pour que ces collectivités restent des partenaires. Nous avons pu signer 4 pactes culturels, qui sont autant d’engagements pour le maintien de crédits et des valeurs partagées de démocratisation, les discussions sont en cours pour de nouvelles conventions y compris départementales ainsi que pour de nouveaux CTL, et CLEA.
Partout nous ressentons une attente forte vis à vis des services de l’Etat "tiers médian", c’est ce qui a été exprimé lors des rencontres organisées avec les professionnels du Spectacle Vivant et des arts plastiques sur l’initiative du préfet de région.
Nous avons su accompagner la préfiguration de la Métropole du Grand Paris, nous n’avons pas forcément obtenu tout ce que nous aurions pu souhaiter mais nous avons pesé : sans l’accompagnement de tous les services de la Drac, la métropole n’aurait pas son "allure" culturelle encore à consolider.
Nous avons répondu présent et obtenu beaucoup pour l’île de France lors des appels à projets pour les médias de proximité ou pour la maîtrise de la Langue, notre mobilisation a été entendue grâce à votre intelligence et votre connaissance des territoires franciliens, grâce aussi à votre capacité d’être force de proposition pour les services centraux afin de poursuivre durablement ces actions.
Je pourrais citer de nombreux exemples de chantiers que vous avez conduits et qui répondent aux enjeux définis par la ministre, aux attentes des élus mais aussi et surtout aux attentes de nos concitoyens qui ont besoin plus que jamais de repères et de valeurs.
C’est pour cela que nous pouvons être fiers de construire l’avenir malgré les inévitables difficultés : Sénart ouverture le 13 novembre dernier, rénovation en cours de la maison de la Culture de Bobigny, études pour Nanterre les Amandiers, poursuite des travaux à la manufacture des Œillets, ouvertures de bibliothèques, le plan de rénovations des édifices cultuels de Paris, la révision des PSMV, le suivi de nombreuses opérations d’urbanisme.
- la mise en valeur et la mise en réseau des maisons des Illustres et publication du guide des 30 maisons d’IDF : des lieux qui racontent des vies, des échanges, des engagements, des découvertes
- je salue aussi le lancement des opérations de dépôt archéologique au couvent des Cordelières à Provins, un autre chantier exceptionnel, qui s’ajoute pour le service aux tensions d’une année difficile.
La poursuite du soutien au récolement des collections des musées, actions de prévention, incendie, crue.
- le succès de la première édition du mois de l ‘architecture, pensé pour accompagner les orientations du plan national de l’architecture
- Je retiens un moment symbolique de l’année 2015 : la rénovation de façade de la basilique Saint- Denis, l’inauguration sous tension protocolaire, la présence si juste des apprentis de l’académie Fratellini, non seulement la splendeur de la façade restaurée, la fierté d’un chantier alliant rénovation et recherche mais aussi l’honneur de la restitution aux habitants des clefs de compréhension de leur histoire, de la beauté d’un édifice qui a traversé le temps et qui a encore des choses à nous dire, sans oublier la publication de deux hors-séries sur les chantiers de rénovation des Monuments Historiques et sur la Basilique.
Dans tous les domaines, vous avez su innover, imaginer des réponses adaptées aux spécificités de cette région si complexe qui conjugue une offre culturelle exceptionnelle et de grandes inégalités d’accès.
Avec notamment les initiatives prises par la Drac pour aller vers les territoires les plus éloignés de l’offre culturelle, dans cette région où le désespoir peut trop facilement être manipulé, l’étude sur la lecture en prison conduite avec le ministère de la Justice, le dispositif Vivre Ensemble et sous l’impulsion du préfet, en lien avec les services du Secrétariat Général, le jumelage ZSP/EPN. Deux exemples de démarches des services de l’État qui mettent leur ingénierie à la disposition des collectivités les plus exposées aux risques de fracture sociale, pour mettre les artistes, la rencontre avec l’art au plus près des populations.
Faire face à tous ces enjeux, garder la capacité de réfléchir et d’innover en plus du traitement des dossiers, c’est essentiel et, je le sais, difficile mais c’est essentiel car la Drac IDF constitue une sorte de laboratoire y compris pour les autres Drac des régions fusionnées pour lesquelles nous essuyons les plâtres en adaptant et tentant d’améliorer le fonctionnement d’une structure de grande taille. En effet la taille de la Drac et sa complexité nous font courir le risque de faire moins de place à l’humain et à la personnalité de chacun, alors que ma conviction est qu’il est indispensable de veiller à réintroduire sans cesse de l’humain et de la transversalité.
Et pour cela le dialogue au quotidien est si précieux. C’est pourquoi je salue tous ceux et celles qui s’engagent, en plus de leurs responsabilités, dans le dialogue social, plaçant au cœur de nos échanges les enjeux de relations de travail et de conditions de travail. Le dialogue permet d’aller plus loin, il contribue à faire avancer vers des solutions, je remercie les organisations syndicales pour leur rôle d’alerte indispensable dans les grandes organisations comme la nôtre. Je salue aussi les initiatives de Portes à Portes et son esprit de convivialité, comme les bonnes idées du BMS qui a donné en fin d’année un air scandinave à l’accueil de la Drac.
Comment s’annonce 2016 ? Comme une année fructueuse de travail !
Après une séquence de près de deux ans marquées par les échéances démocratiques, 2016 va nous permettre de mettre les bouchées doubles !
En continuant de répondre à la très grande demande d’État, plus importante que jamais, dans un pays blessé, bouleversé, en proie au doute que certains cherchent à exploiter.
Nous avons la chance et la responsabilité de travailler dans un service public qui touche directement la population, qui lui apporte des réponses concrètes, visibles, toujours dans le sens de la confiance et de l’ouverture, l’accès, le partage.
Les atouts : le budget Culture sanctuarisé, des dotations pour les Drac en augmentation, un projet de loi affirmant la liberté de la création et les enjeux nationaux du patrimoine.
La qualité de la discussion autour du projet de loi est un indice très positif de reconnaissance des enjeux portés par le Ministère de la Culture et de la Communication, finalement contrairement aux criantes qu’on aurait pu avoir, il n’y a pas eu de remise en cause du rôle des ABF ni du cadre légal de l’archéologie préventive : et cela on le doit notamment à votre action au quotidien, le visage du Ministère de la Culture et de la Communication sur le terrain c’est vous, vous êtes le premier cercle, c’est grâce à votre action que la loi, une fois votée, sera inscrite dans la réalité. Dans une période de tension et d’interrogations sur les droits de créateurs, dans notre région qui concentre tant d’artistes, nous serons en première ligne pour faire vivre les principes de liberté de création, le rôle de labels.
Avec aussi cet atout de pouvoir associer les EPN à cette dynamique spécifique, ils ont répondu favorablement aux sollicitations du préfet de région, une mission se met en place auprès du Secrétariat Général qui fera le lien avec la Drac pour avancer rapidement sur les jumelages d’EPN.
En 2016 comme en 2015 il nous faudra continuer à nous battre et sans doute à passer beaucoup de temps sur les grands dossiers d’actualité, je pense à la MAC de Créteil, au TCI, à l’Apostrophe de Cergy, je pense aux dossiers complexes de protection ou d’autorisations de travaux. Ces crises sont très visibles mais ne doivent pas masquer que tout ce qui se fait partout à la Drac au quotidien, ce qui se voit moins mais qui fait que la Drac est reconnue, attendue, parce que vous êtes en permanence sur les territoires, et que dans 90% des cas tout se passe bien.
Ce qui n’empêche pas qu’il nous faut encore nous améliorer, chercher à être plus efficace, car c’est comme cela que nous pourrons mieux préparer l’avenir.
Je sais que ces perspectives peuvent inquiéter du fait des lourdes charges de travail. C’est une réalité, qui n’est pas propre à la Drac, tous les services déconcentrés y font face. Nous chercherons des réponses en améliorant notre organisation, et notamment en recherchant tout ce qui permet de mieux travailler ensemble, en communiquant mieux entre nous, en renforçant la qualité des relations et de la cohésion des équipes. Le chantier du règlement intérieur va être un catalyseur de ces questions. Si la qualité technique des équipes et le respect des indicateurs techniques est indispensable, elles ne suffisent pas à notre ambition : celle d’une communauté humaine soudée, d’autant plus que les défis sont nombreux. Pour moi la plus grande réussite ce serait que chacun à la Drac IDF sache, en venant travailler chaque jour, qu’il est reconnu, attendu, et utile. Je souhaite remercier les chefs de service de la Drac, leur engagement est indispensable à la réussite de nos missions non seulement parce qu’ils sont bons dans leurs domaines, mais parce qu’ils connaissent et soutiennent leurs équipes.
C’est ce qui nous permettra de faire face aux grands enjeux de 2016 : La création de la Métropole, mais aussi le dialogue avec l’ensemble des collectivités, l’accompagnement des intercommunalités. La réforme ce sera pour nous la création du Stap Métropolitain, le sens de cette réforme : une réforme qui ne nous est pas imposée, qui prouve la capacité des services de l’Etat à inventer des formules qui tiennent compte de l’histoire administrative et des compétences acquises. Ce sera la mission confiée à Sandrine Sartori en accord avec Vincent Berjot. Une réforme équilibrée par le renforcement du rôle des Stap de grande couronne avec la création progressive de postes de conseillers en territoires.
Avec la métropole nous disposerons d’un cadre adapté pour traiter de questions patrimoniales et architecturales mais aussi de questions très diverses comme celle du passe musées dont nous accompagnerons la création, la mise en réseau des maisons des Illustres ou celle des places de lectures pour les étudiants ou l’étude sur les pratiques linguistiques en IDF.
Les populations et d’abord les jeunes, ceux pour qui vous tissez patiemment des partenariats avec les autres services de l’Etat, éducation, jeunesse, emploi, équipement car la culture n’est pas l’apanage de la Drac mais une dimension qui doit traverser les actions de l’État. Le gros travail de classement des conservatoires et la reprise des financements par le Ministère de la Culture et de la Communication seront une occasion de conforter des ambitions pédagogiques innovantes. Mais aussi les jeunes professionnels, leur insertion, leur formation : vous avez su proposer des dispositifs originaux, accompagner le processus complexe de création des pôles supérieurs. Au-delà de ces chantiers lourds il en va de la réussite de la mutation de la région Île-de-France première région européenne universitaire avec une place originale pour l’enseignement "Culture". La Drac aura à accompagner ces mutations, en veillant à la qualité du logement étudiant, en soutenant les initiatives culturelles sur les campus comme celui de Saclay parce qu’elles créent du lien et de la rencontre.
Pour cela continuer à travailler avec les autres services de l’État. C’est pourquoi je me réjouis que l’équipe de la Drac accueille de nouveaux collègues : SG, CRA, architecture, cheffe du Stap 77, autres, 23 nouveaux collègues.
Conclusion : la Culture pour vivre
Michel Tournier / façade de la basilique
"Notre capacité à lire dans les œuvres des hommes d'hier comme d'aujourd'hui ce qu'il y a de plus grand, de plus beau, de plus étonnant, notre confiance à transmettre aux générations futures de quoi s'émouvoir, réfléchir, et construire un destin commun."
Véronique Chatenay-Dolto, Directrice régionale des affaires culturelles Île-de-France