Pierre Villière est né le 17 mai 1937 à Charleville, qui, à l'époque, n’était pas encore jumelée avec Mézières. Il a étudié a l'école des beaux-arts et vraisemblablement aussi à l’école des travaux publics dans les années 50-60. Son père, René, était également architecte, pour le cabinet Despas.
Pierre Villière travaille principalement dans les Ardennes, à partir des années 1960, son agence est installée à Warcq. Il réalise notamment l’église Saint-Paul de Warcq (1965), ainsi que le carmel de La Fontaine-Olive et sa chapelle de verre à Aubigny-les-Pothées (vers 1980). Entre 1982 et 1991, Pierre Villière participe au projet de la centrale nucléaire de Chooz avec Claude Parent, Chloé Parent et Yves Alexandre.
Par ailleurs il collabore au sein de son cabinet avec Serge Torrès qui réalise en 1989-1990 l’église Saint-Paul de Massy (Essonne).
Auteur de nombreux logements, l'architecte a également été chargé de la conception de plusieurs bâtiments universitaires, notamment l’IUFM (actuel INSPé) en 1997 et le gymnase universitaire en 2004, du campus Moulin-le-Blanc à Charleville-Mézières.
L'église Saint-Paul de Warcq : labellisée Architecture contemporaine remarquable en 2000
L’église Saint-Paul de Warcq, née d’une initiative privée afin de doter un quartier en pleine expansion d’un lieu de culte adapté, est l’exemple même de l’église humble, chaleureuse, ancrée dans son territoire, elle demeure aujourd'hui encore un marqueur urbain du quartier. Les travaux ont débuté en mars 1965 et sont conduits principalement par des artisans de la région, à l’aide de matériaux locaux et de récupération en raison de moyens financiers limités.
Les matériaux utilisés
A l'extérieur :
- les murs sont élevés en pierre schisteuse de Braux (à Bogny-sur-Meuse)
- la couverture est en carré d’ardoise bleue de Rimogne et le sol en schiste ardoisier.
A l’intérieur :
- le plafond en sapin des Ardennes est constitué de planches en lamellé-collé (le baptistère est par ailleurs soutenu par une poutre du château-fort de Sedan) ;
- les vitraux sont réalisés en matière plastique ;
- Le mobilier est réalisé à partir de matériaux de récupération qui rappellent l’histoire du quartier : les bancs sont des traverses de chemin de fer à l’instar des crédences et tabernacles, et l’autel au plateau en chêne est soutenu par un socle en pierre de Braux.
Description architecturale
Le chœur est orienté au nord-est, la façade de l’église ouvre sur une large place, permettant les regroupements lors des célébrations. Accolés à la façade nord de l’église, des salles paroissiales et une sacristie accessibles depuis le parvis complètent l’équipement cultuel.
L’édifice au plan simple et à la toiture à deux pans prend la forme d’une tente, symbole de l’alliance avec Dieu cher à la liturgie de Vatican II. Le clocher triangulaire, situé au-dessus du chœur, inonde l’intérieur d’une lumière zénithale grâce aux vitraux blancs dont il est garni côté sud.
La façade de l’église, entièrement constituée de vitraux en plexiglas à motifs géométriques colorés (dessinés par D. Dalia et réalisés par N. de Malherbe) est percée d’une lourde porte en bois et couverte d’un large auvent formé par le débord de toiture.
A droite de l’entrée, une excroissance de la toiture signale la présence du baptistère. Si la façade arrière du baptistère est également entièrement vitrée, les autres façades sont élevées en murs de pierre sommés de vitraux en bandeaux, tandis que le chœur est aveugle.
A l’intérieur, la forme évasée vers le chœur de la nef donne une impression d’espace et de profondeur à cette église de taille modeste.
Enfin, le dallage d’ardoises descend en pente douce vers le chœur, permettant à chaque fidèle d’apercevoir l’autel, lui-même surélevé de neuf marches.
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