Le site de l’ancienne Société Métallurgique de Normandie (SMN)
©AD 14 – site de la SMN
La Société métallurgique de Normandie (SMN) fut une entreprise lancée en 1917 et fermée en 1993, dans l'agglomération de Caen. Elle est un symbole fort de l’histoire ouvrière de la région.
C’est au début du XXe siècle que l'exploitation du gisement de minerai de fer de Soumont, à Potigny, relance l'activité métallurgique dans le Calvados. En 1903, un industriel allemand, August Thyssen, achète opportunément la majorité des actions de la Société minière et métallurgique du Calvados avec laquelle il compte produire et approvisionner en minerai de fer, à moindre coût, ses usines en Allemagne. En 1909, il achète des terrains à Colombelles pour y construire son usine, la position de la SMN, le long du canal de Caen à la mer facilitant l’exportation par voie maritime. Le 30 mai 1910, la Société des hauts-fourneaux de Caen est créée. Mais en 1914, lorsque la guerre éclate, l'usine fut brutalement réquisitionnée pour la fabrique d’obus militaire.
Le 19 août 1917, le ministre Albert Thomas allume symboliquement le premier haut-fourneau du site, le plus grand du monde à cette époque. La société prend le nom de Société normande de métallurgie. En 1938, l'usine produit jusqu’à 250 000 tonnes d'acier par an et couvre 160 hectares sur toute la presqu'île de Caen.
La Seconde Guerre mondiale interrompt l'activité. L'usine doit éteindre le dernier haut fourneau en 1942, les effectifs chutent à 900 employés. À partir de 1943, le STO est mis en place et absorbe de nombreux ouvriers.
À la Libération, les bâtiments n'échappent pas aux bombardements qui détruisent en partie de nombreuses villes normandes, dont Caen et son agglomération, mais la reconstruction est rapide. L'essor est important durant les Trente Glorieuses, 6 000 ouvriers sont employés, c'est le plus important site industriel de la région. La production atteint 1 000 000 de tonnes en 1973 dont la moitié est exportée via le port de Caen. Devenue propriété d'Unimétal du groupe Usinor-Sacilor, aujourd'hui Arcelor, l’usine n'échappe pas à la crise qui touche le secteur de la métallurgie en Europe occidentale au milieu des années 1970. Les licenciements sont nombreux. Le sort de l'usine est inévitable, la fermeture est décidée à la fin des années 1980. La dernière coulée a lieu le 5 novembre 1993, malgré l'acharnement des employés pour maintenir l'activité.
Au plus fort de son activité, elle emploiera jusqu'à 6 400 salariés, produira 4 % de la production nationale d'acier et occupera le 67e rang des sociétés françaises en taille.
Le Wip : un tiers lieu
©DRAC Normandie – le Wip
Totalement restaurée après 18 mois de travaux, la Grande Halle était inaugurée le 11 octobre 2019. Transformé en un nouvel espace de travail, de création et de loisirs, elle dispose de 2 hectares de terrain, et constitue un tiers-lieu coopératif de 3 000 m2 sur trois niveaux, réaménagés en bureaux partagés, en ateliers, en espaces de résidences artistiques et d’activités de loisirs, en un restaurant et en une salle de 200 à 1 000 places pour tous types d’événements.
La démarche du Wip s'inscrit dans une recherche d'alternatives sur les façons contemporaines de travailler, de vivre et d’interagir, pour mieux répondre aux défis écologiques et sociaux. Ouvert à toutes et tous, le Wip accueille des entreprises, des citoyens, des artistes, des écoles, des associations, des curieux… et les réunit dans un seul lieu, la Grande Halle, pour tisser des liens et fabriquer des projets entre économie, culture, environnement, solidarité. C’est l’association le Wip, créée à l’occasion, qui gère l’endroit. Cet espace abrite coworkers, habitants, intervenants du chantier, concerts, activités loisirs… et depuis le 17 décembre 2019, une Micro-Folie.
©DRAC Normandie – le Wip
Le projet Micro-Folie
Le projet Micro-Folie s’articule autour d’un Musée numérique en collaboration avec 12 établissements culturels nationaux fondateurs (le Centre Pompidou, le Château de Versailles, la Cité de la Musique-Philharmonique de Paris, le Festival d’Avignon, l’Institut du monde arabe, le Louvre, le Musée National Picasso-Paris, le musée d’Orsay, le musée du Quai Branly-Jacques Chirac, l’Opéra National de Paris, la Réunion des musées nationaux – Grand Palais, Universcience et la Villette) et bientôt les établissements normands. En fonction du lieu choisi pour accueillir la Micro-Folie et du projet conçu pour et avec les habitants, plusieurs modules complémentaires peuvent compléter le Musée numérique : un FabLab, un espace de réalité virtuelle, une scène, une bibliothèque/ludothèque ou encore un espace de convivialité. L’objectif est de créer un espace multiple d’activités accessible et chaleureux.
Elle peut s’implanter dans une structure déjà existante (médiathèque, centre culturel et social, lieu patrimonial, centre commercial, etc.) ou être intégrée à un programme neuf.
Pour cela, La Villette qui coordonne ce projet porté par le Ministère de la Culture, accompagne chaque acteur de terrain dans la déclinaison de sa propre Micro-Folie. C’est ce qu’est venu rappeler Delphine Jeammet, la directrice de la communication du Parc et de la Grande Halle de la Villette.
LA DRAC accompagne tous les projets en cours sur le territoire normand et s’inscrit dans l’objectif du ministre, Franck Riester, de mettre sur pied 1 000 Micro Folies sur tout le territoire national.
©DRAC Normandie – Microfolie Colombelles
« Est-ce une folie de vouloir sortir des musées parisiens les grandes œuvres de l'humanité pour les faire circuler sur les territoires ? Est-ce une folie de permettre leur accès ludique, pédagogique aux publics les plus éloignés de la culture ? Est-ce une folie de faire le pari de l'intelligence, de la sensibilité et de l'appétit de culture de nos concitoyens ? Est-ce une folie de vouloir animer les territoires, en y créant de nouveaux lieux de vie populaires à l’image des valeurs de la République ?
Non, ce n'est pas une folie ».
Jean-Paul Ollivier, directeur régional des affaires culturelles de Normandie.
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