Chers directrices et directeurs d’école,
Chers enseignantes et enseignants,
Chers étudiantes et étudiants,
Je suis ravie d’être avec vous aujourd’hui et de voir autant de monde ici, à Paris-Val-de-Seine. Je n’ai pas choisi cette école par hasard. Elle est emblématique de tout ce que l’on souhaite défendre. Elle n’est pas la seule évidemment mais je tenais à saluer toutes les démarches qui sont ici à l’œuvre tous les jours.
Merci de nous accueillir, cher Philippe Bach, dans cette magnifique Ecole au cœur de la ZAC Paris Rive Gauche qui nous rappelle combien l’architecture a le pouvoir de changer nos quotidiens, d’enrichir notre cadre de vie, d’élargir nos horizons ! Je suis très honorée que Frédéric Borel, architecte de cette école et Grand prix national de l’architecture 2010, soit parmi nous. Merci beaucoup.
Face aux grands enjeux de notre temps, l’architecture est porteuse de promesses de sens. Souvenons-nous des trois vertus que lui trouvait Vitruve – firmitas, utilitas et venustas –, forte – plutôt pérenne devrais-je dire – utile et belle. L’architecture c’est, vous le savez toutes et tous, l’alliance, l’alchimie entre une vision fonctionnelle du bâti et un souffle de beauté et d’harmonie. C’est un levier majeur de transformation du monde.
Vous n’avez pas attendu 2023 pour réfléchir à tous ces enjeux. La transition écologique appelle depuis très longtemps un renouveau des pratiques de l’architecture et de l’urbanisme, elle est au cœur des enseignements et des travaux que vous menez dans le réseau des Ecoles nationales supérieures d’architecture et au cœur de la démarche de nombreuses collectivités et d’un très grand nombre d’architectes français, très engagés dans cette question pour nous inciter à transformer plutôt qu’à démolir, à modifier, à adapter, à conserver intelligemment sans forcément toujours construire à neuf. Et quand on construit à neuf, construire dans une démarche plus écoresponsable.
Que ce soit le manifeste de la frugalité heureuse et créative lancé par Philippe Madec, Dominique Gauzin-Müller et Alain Bornard ou les travaux de Lacaton & Vassal, couronnés du Prix Pritzker, et tant d’autres architectes encore que je pourrais citer… Ces principes écoresponsables ont essaimé partout dans en France et partout dans le monde. A l’échelle internationale, ils font désormais référence et sont intégrés aux réflexions sur tous les grands enjeux contemporains, au-delà même de l’architecture. Côté ministère, ils nous ont inspiré pour construire l'appel à manifestation d'intérêt, porté avec le ministère du Logement, “Engagés pour la qualité du logement de demain”, qui a permis d’accompagner 97 projets lauréats au service d’une meilleure qualité architecturale et d’une soutenabilité économique dans la sobriété écologique.
Je veux également citer un concours qui me tient à cœur, le Global Award for Sustainable Architecture, lancé en 2006 en partenariat avec la Cité de l’architecture et qui distingue, chaque année, cinq architectes qui partagent cette éthique de développement durable et proposent des démarches toutes très innovantes.
Vous le voyez, vous vous inscrivez tous et toutes dans une dynamique à l’œuvre depuis plusieurs années, vous êtes pleinement engagés pour penser, expérimenter, réinventer la durabilité en architecture.
Chaque année des thématiques pédagogiques ou des projets de fin d’étude font la part belle à l’écoconstruction, à la réhabilitation ou à des recherches sur la durabilité dans tous les sens du terme ! A ce titre, je voulais saluer l’excellent travail réalisé par le réseau ENSA ECO qui réunit enseignants, chercheurs, étudiants et professionnels autour de l’enseignement de la transition écologique en école d’architecture.
Quand j’ai pris mes fonctions, j’ai annoncé, assez rapidement, dans mes priorités deux choses. D’une part, un défi qui est devant nous, qui est celui de la transition énergétique, que le ministère de la Culture doit prendre à bras-le-corps. J’ai donc voulu qu’on accélère nos travaux dans ce domaine. Et d’autre part, la jeunesse, la relève, c’est-à-dire : vous. Cette nouvelle génération qui, demain, va être aux manettes de notre politique de l’architecture et de la culture en général. Ce vivier d’étudiants que vous représentez, soit 20 000 étudiants dans les Ecoles nationales supérieures d’architecture, est considérable. 20 000 talents qui sont là pour nous aider à penser le monde de demain et nous aider à le dessiner de manière plus inclusive, plus durable, plus juste et plus écoresponsable.
Ces deux priorités ont convergé naturellement et m’est venue au cours de l’été, l’idée, l’envie de valoriser, de mettre en lumière votre engagement pour l’écologie et de valoriser l’émulation entre écoles par la création d’un prix.
Heureusement, je ne me suis pas tout de suite lancée dans les annonces. J’ai voulu consulter tout le monde, des architectes, des enseignants, des étudiants, des étudiantes, j’ai été moi-même dans des écoles notamment à Paris – Belleville et à Strasbourg. En discutant aussi avec vos représentants étudiants avec l’Union nationale des étudiants en architecture et paysage et différents professionnels que j’ai consulté – je salue d’ailleurs Christine Leconte, qui est avec nous à distance, et le Conseil national de l’ordre des Architectes, très impliqué aussi dans nos réflexions – j’ai changé d’avis. Je me suis rendu compte qu’un prix pour une personne par an, finalement n’était pas la bonne idée. Beaucoup d’entre vous, parmi les étudiants que j’ai consulté m’ont rappelé qu’il y avait déjà un peu trop de compétition dans ce secteur de l’architecture, un peu trop de starification et qu’il serait, peut-être, plus pertinent de penser à un prix qui serait un palmarès collectif. Et qui, non pas permette de propulser un seul individu, mais permette de créer plus d’émulation, de rencontres, d’échanges, de collaboration entre étudiants, entre écoles, donc plutôt un temps de rencontres et d’échange. C’est ici que la Villa Médicis est entrée dans le jeu. Car il fallait trouver un lieu absolument idyllique mais qui soit aussi un lieu de travail et de connexion à ces sujets qui sont ceux de la transition écologique sur lesquels nous travaillons. La Villa Médicis s’est imposée comme le lieu idéal pour créer cette émulation, cette rencontre.
D’un prix individuel, nous sommes passé à un collectif, une manière de valoriser les 20 écoles, un projet lauréat par école et un palmarès auquel j’ai voulu donner le nom de RESEDA. Pourquoi RESEDA ? Parce que c’est une plante-fleur à la fois modeste et durable, refuge pour les abeilles et inspiratrice de la couleur vert réséda que l’on trouve souvent en architecture, assez régulièrement utilisée, je pense notamment au dôme du Grand Palais, qui est très emblématique à Paris, ce fameux le RAL 6011 qui est aussi bien sûr la couleur de l’écologie.
RESEDA en acronyme c’est aussi Résidence étudiante pour la durabilité de l’architecture.
RESEDA pour faire fleurir cette idée d’une transition écologique la plus vivante, la plus innovante possible avec vous.
Je vous explique très rapidement les différentes étapes de ce palmarès :
- Une plateforme de pré-inscription ouvrira d’ici la fin du mois de mars pour que vous puissiez y déposer votre thème de projet de fin d’étude.
- Viendra ensuite la période de soutenance des Projets de Fin d’Etudes, tout cela vous connaissez, vous l’avez déjà dans votre calendrier, qui, selon les écoles, s’étale jusqu’en septembre 2023 et qui permettra de confirmer les pré-inscriptions.
- Le jury va par la suite se réunir pour sélectionner 20 projets lauréats qui seront révélés à l’occasion des Journées Nationales de l’Architecture en octobre 2023
- Enfin, en avril 2024, ces 20 lauréats bénéficieront d’une résidence d’une semaine à Rome, à la Villa Médicis, dans le cadre du Festival des Cabanes ! Je n’en dis pas plus, Sam Stourdzé nous expliquera le pourquoi de ce festival et le sens d’une résidence à ce moment-là, par rapport aux enjeux que nous portons.
Ce palmarès récompensera donc des projets originaux de cinq thèmes, évidemment non exclusifs l’un de l’autre, à partir desquels le jury pourra procéder à la sélection :
- La construction neuve,
- L’intervention sur l’existant,
- L’Aménagement et la requalification urbaine,
- La Revitalisation des territoires ruraux, enjeu très important pour nous
- L’Architecture conceptuelle et innovante.
Il s’agit donc de cinq directions suffisamment larges pour que vous puissiez explorer, imaginer tous les projets dont vous rêvez et toutes les démarches innovantes que vous voulez expérimenter.
Je tenais ici à saluer et à remercier notre jury, une partie d’entre eux sont là aujourd’hui. Je voulais les remercier de leur engagement car, très vite, ils ont accepté de s’associer à l’aventure et à nous aider à la penser en amont de cette journée de lancement. Souvent les jurys arrivent en fin de parcours pour sélectionner les projets mais n’ont pas participé à toutes les étapes précédentes. Au contraire, tout ce projet a été conçu en concertation avec chacun d’entre eux : je voulais donc sincèrement les remercier.
Dans ce jury, hautement qualifié, sont présents Philippe Madec, Sam Stourdze, Dominique Gauzin-Müller, Pablo Katz, qui ne peut pas être là aujourd’hui, Christine Leconte, en visioconférence, Nicola Delon, Alicia Orsini, Emmanuel Launiau et le ministère de la Culture qui bien sûr représenté au jury par la direction de l’architecture.
Merci à vous tous et toutes pour votre implication déjà très active dans ce projet. Vous êtes, en quelque sorte, les bonnes fées penchées sur le berceau de cette initiative RESEDA à destination de nos étudiants dans un moment charnière de leur vie professionnelle. On le sait, ce projet de fin d’études est une étape décisive entre la fin de vos études et l’entrée dans la vie professionnelle. C’est un moment clé pendant lequel on veut vous accompagner dans ce qui est le plus important pour nous tous aujourd’hui : une démarche écoresponsable pour penser différemment le monde de demain.
Le ministère de la Culture sera aussi présent pour vous accompagner dans les étapes d’après. Je vous rassure, cela ne s’arrêtera pas à Rome pour ceux qui auront la chance d’y aller en 2024 et au-delà pour les années suivantes !
Après le palmarès RESEDA, pourquoi pas imaginer que certains d’entre vous puissent être lauréats d’un autre dispositif que le ministère de la Culture est fier de soutenir : les Albums des Jeunes Architectes et des Paysagistes (AJAP). Qui sait – pourquoi pas ? – être un jour, lauréat des AJAP ou lauréat du Grand prix national d’architecture (GPNA) également décerné par le ministère de la Culture.
C’est une continuité, un parcours, et nous voulons être présents à toutes ces étapes importantes. L’étape de fin d’étude, l’étape de début-milieu de carrière et l’étape de la consécration !.
Je souhaite, en tout cas, que l’écho de ce palmarès ne s'arrête pas aux étudiants d'une année donnée. De promotions en promotions, je souhaite que nous puissions grâce à ce palmarès constituer une sorte de bibliothèque de projets exemplaires : comme un référentiel des possibles. Je viens de voir, et merci de m’en avoir fait voir, un échantillon de cette matériauthèque exemplaire ici, où l’on peut voir tous les matériaux d’aujourd’hui qui seront aussi les matériaux du futur, du béton en lin aux matériaux en écailles de poissons et tant d’autres... Il y a des innovations que je ne soupçonnais pas ! Comme quoi, il reste encore un champ d’exploration infinie !
Qu’il s’agisse de revaloriser des techniques anciennes et oubliées ou de promouvoir ce type de nouveaux matériaux ou de nouveaux procédés, ce prix doit permettre de mettre en commun nos bonnes pratiques. J’aimerais qu’il soit à l’origine d’une communauté de partage entre étudiants, écoles et professionnels, qui s’étendra peut-être, qui sait, au-delà de nos frontières puisque chacune de ses écoles a aussi des partenariats internationaux très importants
Merci encore à toutes celles et ceux qui nous ont aidé à co-construire ce projet : nos lignes restent ouvertes, n’hésitez pas à nous partager vos idées pour l’enrichir. Ce prix RESEDA doit être le vôtre, saisissez-vous-en, partagez-le autour de vous, faisons-le fleurir partout car l’architecture peut sauver le monde et c’est ça que l’on attend de vous, rien de moins !
Merci à vous !