Mesdames et messieurs les élus,
Madame la Présidente de la Cité de l’architecture et du patrimoine, chère Marie-Christine Labourdette,
Monsieur le Président d’EUROPAN France, cher Alain Maugard,
Mesdames et Messieurs,
Chers amis,
Quand on parle d’Europe, il est une expression qui revient souvient...
On parle de « construction européenne ».
Je veux croire que ce n’est pas tout à fait un hasard.
Si l’on emploie ce terme, c’est parce qu’il n’y aurait pas d’Europe sans ses architectes – les Pères fondateurs.
Mais il n’y aurait pas d’Europe, non plus, sans les architectes. Sans les urbanistes. Sans les paysagistes.
Ce sont eux qui l’ont bâtie. Qui l’ont façonnée. Qui l’ont érigée.
Ce sont eux qui ont conçu l’Europe de notre quotidien, de nos villes et de nos édifices, de nos immeubles et de nos quartiers, de nos places et de nos musées.
Pour définir l’Europe, George Steiner évoque ses cafés, ses rues, ses distances qui se parcourent à pied, ses paysages que l’homme a apprivoisés.
Pour définir l’Europe, il évoque son architecture.
Depuis 30 ans, EUROPAN contribue à prolonger cette histoire.
Ce sont 30 années d’engagement que nous célébrons, ce soir.
Partout en Europe, ce formidable concours permet d’allier les compétences : celles des élus, des collectivités, des services de l’Etat, des communautés académiques et professionnelles, et des jeunes architectes, urbanistes et paysagistes.
Tous les deux ans, il favorise, à l’échelle européenne, la rencontre, l’échange et le dialogue, entre des créateurs de différentes nationalités.
Ensemble, ils se réunissent autour de questions qui dépassent nos frontières : l’habitat ; la ville ; la qualité et l’aménagement durable de nos espaces de vie.
Ensemble, ils enrichissent ces questions à l’aune des attentes sociales, environnementales, économiques et culturelles.
Ensemble, ils apportent des réponses innovantes. Pour améliorer le monde. Pour bâtir la société de demain.
EUROPAN est plus qu’un concours ; c’est un accélérateur d’idées. C’est une promesse d’avenir.
Le ministère de la Culture est fier de le soutenir.
Parce qu’en soutenant EUROPAN, il soutient l’insertion professionnelle des jeunes architectes, urbanistes et paysagistes.
Elle est, pour mon ministère, une véritable priorité.
Je sais les difficultés que les jeunes professionnels peuvent rencontrer pour accéder à la commande, publique comme privée.
Je sais que, parfois, la porte peut paraître fermée.
En valorisant leur travail, en leur donnant de la visibilité, EUROPAN leur offre une clé.
Ce n’est pas la seule : je pense par exemple aux Albums des Jeunes Architectes et Paysagistes ; au Palmarès des Jeunes Urbanistes.
Ces opportunités d’accès à la commande, nous devons les multiplier.
Je forme le vœu que, dès 2019, nous puissions accueillir, ici, à la CAPA, des évènements de valorisation commune des jeunes talents.
En la matière, la CAPA a un rôle à jouer.
Elle se doit d’être le lieu de mise en avant de tous les professionnels du cadre de vie ; de tous ces artistes, dont les créations d’aujourd’hui constituent notre patrimoine de demain.
Soutenir EUROPAN, c’est aussi soutenir des projets au service des territoires. De tous les territoires.
Cette préoccupation me tient à cœur. Elle traverse toute mon action.
Car c’est dans les territoires que nous pourrons renouer le fil d’une politique ambitieuse, pour la culture et la création.
C’est là que se joue l’avenir de l’architecture, de l’urbanisme, du patrimoine.
Pourtant, trop souvent, on oppose les élus et les professionnels de la conception d’espaces.
Trop souvent, on les enferme chacun dans un cliché d’un autre âge.
- Les premiers seraient court-termistes, prêts à laisser les intérêts privés défigurer notre pays.
- Les seconds seraient des empêcheurs de tourner en rond, des esthètes déconnectés des réalités du terrain.
Ces clichés sont non seulement infondés, mais aussi dangereux.
Je le sais bien, en tant qu’ancien élu local, en tant que ministre de la Culture – et donc des architectes.
Mon ambition, c’est de multiplier les points de contact entre ces deux mondes ; de bâtir une grande alliance, dans toute la France, entre élus locaux et professionnels du cadre de vie.
Leur dialogue est indispensable.
- Indispensable pour revitaliser les villes moyennes, et notamment leur cœur historique ;
- Indispensable, aussi, pour requalifier les périphéries des métropoles.
Ce dialogue, EUROPAN permet de le nouer, dans tous les territoires, au service de projets emblématiques :
Ce sont, par exemple, les logements neufs qui s’insèrent dans le cœur historique de Saintes, pour permettre le retour des habitants tout en préservant l’identité patrimoniale du lieu.
C’est aussi le projet d’urbanisme et de paysage, à Saint-Brieuc, pour mieux connecter la terre et la mer.
C’est également, à Mulhouse, la requalification des logements de la Cité Wagner pour mieux valoriser l’architecture du XXe siècle.
A l’origine de chacun de ces projets, il y avait EUROPAN.
A l’origine de chacun de ces projets, il y avait un territoire, mis à disposition pour qu’un jeune architecte puisse innover.
Alors oui, une alliance entre élus et architecte est possible.
Depuis 30 ans, EUROPAN en est la preuve.
Depuis 30 ans, EUROPAN nous montre la voie.
Je veux saluer le volontarisme et l’audace des élus qui ont fait ce choix.
Le choix de s’engager pour promouvoir l’architecture et le patrimoine ; pour entretenir les espaces publics ; pour améliorer notre cadre de vie.
Le choix de remettre en cause les certitudes qu’ils pouvaient avoir ; le choix de confier à des jeunes talents une part de leur collectivité ; le choix de l’innovation, de l’expérimentation.
Je veux consolider nos engagements communs, pour une architecture du quotidien, pour un patrimoine vivant.
C’est pourquoi je souhaite mettre à l’ordre du jour une réflexion sur une nouvelle forme d’association des élus à la politique de l’architecture et du patrimoine.
L’objectif de cette réflexion sera, dans un premier temps, de recueillir les bonnes pratiques des élus, leurs succès et les conditions de ces succès, pour une meilleure valorisation des projets de construction.
La stratégie nationale pour l’architecture sera le cadre de cette action de terrain.
C’est le sens du rôle de formation technique des élus locaux, dont sont dotés les Conseils d'Architecture, d'Urbanisme et de l'Environnement.
C’est le sens, aussi, du rapport sur la « valeur de l’architecture », que Marie-Christine Labourdette, présidente de la CAPA – que je salue – me remettra prochainement.
Le volet territorial de ce rapport en sera une composante cruciale.
Nous ne partons pas de rien, loin s’en faut.
Mais nous devons maintenant passer à une autre échelle.
À nous de construire cette alliance entre élus et architectes !
À nous de sensibiliser les territoires !
À nous de fédérer, de rassembler, de communiquer !
Mesdames et messieurs,
Les architectes, les urbanistes et les paysagistes se sont toujours montrés à l’avant-garde de la conception de nos villes et de nos territoires.
Ils ont toujours su répondre aux problématiques de leur temps.
Aujourd’hui, plus que jamais, la France et l’Europe ont besoin d’eux.
Nous avons besoin d’eux pour relever les grands défis de notre siècle : le défi écologique, énergétique, climatique. Le défi migratoire et démographique. Le défi de l’inclusion sociale. Le défi numérique.
Nous avons besoin d’eux, et des élus.
Ensemble, ils ont des solutions à apporter.
EUROPAN catalyse ces solutions, depuis maintenant trente années.
Je forme le vœu qu’il le fasse pour les trente prochaines, et les trente qui suivront.
Je forme le vœu que les projets qui émanent de ce concours continuent à porter un avenir plus solidaire, plus résilient, plus innovant.
Les architectes, les urbanistes et les paysagistes ont construit l’Europe et sa mémoire.
Ensemble, nous construirons l’Europe et son avenir.