Aujourd’hui, Buffon, qu’on appelait autrefois « le Pline de Montbard », a toutes les raisons de revenir en force comme figure tutélaire (et géniale) de nos préoccupations environnementales. Buffon assumait pleinement la notion d’histoire naturelle, comme le prouvent les 36 volumes écrits de sa main dans la seconde moitié du XVIIIe siècle. Cette discipline scientifique née dans l’Antiquité et qui signifie enquête sur la nature, après s’être divisée en sciences spéciales (zoologie, minéralogie, géologie, botanique, biologie…), s’étend aujourd’hui jusqu’à la paléontologie et surtout l’anthropologie. Elle prend une vigueur toute nouvelle, car elle est considérée au XXIe siècle comme une approche systémique pluridisciplinaire. Elle n’est, ni plus ni moins, aujourd’hui, que l’étude de la biodiversité actuelle de notre planète, enveloppant sans les opposer l’homme et la nature.
Foisonnement et émerveillement
C’est dans l’esprit de ce puissant renouvellement scientifique que le Musée et Parc Buffon, à Montbard en Côte d’Or (Bourgogne-Franche-Comté), présente au public, à l'occasion de la Nuit européenne des musées, la méthode, les œuvres et l’esprit du grand savant dans un tout nouveau parcours muséal. Ce parcours permanent intègre également des collections temporaires issues d’une quinzaine de prêteurs institutionnels (Penser la nature, tous concernés, jusqu’au 1er novembre 2023), dont l’incontournable Museum national d’histoire naturelle, à Paris, (autrefois Jardin du Roi, dont Buffon fut, précisément, le surintendant de 1739 à sa mort). Le label « Exposition d’intérêt national » couronne cet ensemble exceptionnel.
On y verra, dès l’entrée, « le foisonnement des mondes minéral, végétal, animal, à toutes les échelles, pour créer un effet d’émerveillement, avec des objets de tous horizons, nous explique Lionel Markus, le directeur du musée. Puis, le parcours fera voir à quel point le naturaliste qu’était Buffon pouvait étudier la nature dans le moindre détail, sans cesser de s’y intéresser comme à un tout. Le visiteur pourra écouter et lire des extraits de l’Histoire naturelle, et comprendre la démarche scientifique, qui ne diffère de celle d’aujourd’hui que par ses moyens (la photographie, le scanner, la géolocalisation…), non par ses principes. »
Expériences et curiosités
On ne manquera à aucun prix la salle des Oiseaux, l’un des trésors des collections. Autour d’une structure en bois en forme de nid, où sont placés des spécimens naturalisés, les murs reçoivent quelques-unes du millier d’estampes magnifiques que possède le musée, présentées ici par roulement. Une belle curiosité, également, que cette horloge prêtée par le Museum national d’histoire naturelle : témoin de l’époque des Lumières, où s’était installée aussi une sorte de « Buffon-mania », elle montre le grand homme, la plume à la main, auprès des êtres de la nature et du temps.
Une époque où les découvertes scientifiques bousculaient certaines affirmations soutenues par l’Eglise, Buffon étant célèbre pour avoir été le premier à proposer une méthode de calcul de l’âge de la Terre, qui pulvérisait le chiffre donné par la Bible. Un calcul expérimental reconstitué récemment par le musée (voir vidéo). Enfin, cette Nuit des musées 2023 sera aussi, au musée de Montbard, la nuit du blob ! Quatre expériences sur cet être singulier, et une rencontre avec Vanessa Baron, médiatrice scientifique du Parc zoologique de Paris.
Des musées en fête dans toute l'Europe
Plus de 3 000 musées participent, dans près de 30 pays européens, à cette 19e édition de la Nuit européenne des musées. Pendant cette soirée du 13 mai 2023, les musées ouvrent gratuitement leurs portes et proposent des animations variées.
Une occasion unique de découvrir les collections permanentes et expositions temporaires mises en valeur. Un programme d’éducation artistique et culturelle, « la classe, l’œuvre ! » permet ce même jour une médiation par des scolaires.
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