6.Des perspectives actuelles et internationales
L’histoire de l’architecture du XXe siècle la plus récemment publiée, L’architecture au futur depuis 1889 , due à Jean-Louis Cohen, comprend un chapitre inattendu consacré aux « Nouvelles pédagogiques de l’architecture ». Il y évoque le renouvellement porté par le Bauhaus et les Vkhoutémas, ainsi que l’influence persistante des Beaux-Arts aux États-Unis et les tentatives de création d’écoles sur de nouvelles bases doctrinales. Il témoigne de l’intérêt croissant que rencontre l’histoire de l’enseignement de l’architecture, intérêt patent en Europe comme aux États-Unis où se sont développés ces dernières décennies de nombreux travaux sur l’enseignement de l’architecture, particulièrement au XXe siècle.
Nos voisins se sont essayé, depuis quelques années, à l’écriture de synthèses encore absentes en France, ou, plus simplement, à la publication de colloques abordant de nombreux exemples et des thèmes variés pendant une période large. On relève ainsi, pour la Grande Bretagne, les actes d’un colloque de la Society of Architectural Historians of Great Britain, en 1993, puis l’ouvrage de Mark Crinson et Jules Lubbock paru l’année suivante . Aux États-Unis, une exposition a été, en 1990, le prétexte d’une initiative similaire, suscitant la réalisation d’un catalogue sous la direction de Gwendolyn Wright et Janet Parks . Plus récemment, Joan Ockman a coordonné la publication d’un ouvrage embrassant trois siècles de formation des architectes en Amérique du nord, à l’occasion du centenaire de l’Association des Écoles d’architecture américaines . En Allemagne, une thèse soutenue par Petra Liebl Osborne, en 1999, portait sur la formation des architectes après la Seconde guerre mondiale. En juillet 2011, un colloque a été consacré aux écoles d’architecture, s’interrogeant sur le double sens du terme : une école comme lieu de formation et une école comme groupe de tendance ; il en est résulté une intéressante publication offrant un panorama de quelques écoles allemandes . Certains ont même tenté d’embrasser le développement de l’enseignement de l’architecture dans différents pays durant plusieurs siècle comme Ralph Johannes . Sans prétendre à l’exhaustivité, on peut compléter ce tour d’horizon des publications récentes, par les études d’établissements dont les historiens de Grande-Bretagne semblent être particulièrement friands : on en trouve sur les écoles de Sheffield, Liverpool… , mais aussi sur celle de Genève dont l’histoire a été étroitement mêlée à celle d’Eugène Beaudouin comme l’a exposé dans sa thèse Colette Raffaele .
La vitalité de la recherche dans ces pays incite à envisager une dimension comparative d’autant plus intéressante que ces établissements ont souvent été créés dans le sillage de l’École parisienne des Beaux-arts ou, en opposition à ce qu’elle est devenue, dans celui du Bauhaus. L’École d’architecture de Genève, a été ainsi mise sur pied en 1946 par l’un de ses anciens élèves avec l’ambition délibérée de reproduire le modèle d’enseignement qu’il avait suivi. Aux États-Unis ce fut aussi le cas jusque dans les années trente où se sont alors les anciens professeurs du Bauhaus qui ont essaimé leur acquis à Harvard pour Walter Gropius, à l’Armour Institute de Chicago pour Ludwig Mies van der Rohe ou encore au Black Moutain College pour Josef Albers. Ainsi, comme l’écrit Jean-Louis Cohen, en une décennie la diaspora des élèves des Beaux Arts aura été largement remplacée par celle du Bauhaus . »
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