Décès de l'ethnologue Michel Valière (10 septembre 1941-23 février 2019)
Les membres de l'ancien Conseil du Patrimoine ethnologique, créé en 1980 au ministère de la Culture, viennent de perdre l'un des leurs. Membre de la section Anthropologie sociale, ethnologie et langues régionales du CTHS, il fut aussi nommé, l'un des premiers, en 1982, ethnologue régional, par convention entre le conseil régional et la DRAC de Poitou-Charentes, soutenant à ce titre les actions d'étude et de préservation du patrimoine ethnographique, matériel et immatériel à l'échelle du territoire régional. Les témoignages adressés au département du Pilotage de la recherche (direction générale des Patrimoines) ces derniers jours rappellent tous sa jovialité et sa bonne humeur, son sourire et sa générosité, sa compagnie hautement conviviale, sa longue expérience et sa personnalité hors normes, sans oublier son implication passionnée dans le mouvement associatif...
Né à Paris, Michel Valière a passé son enfance à Lespignan (Hérault), avant de rejoindre en 1959 l'université de Poitiers pour suivre des études de physique. Professeur de lycée à Civray, puis au collège de Gençay (Vienne) à partir de 1964, il réalise, avec son épouse Michèle Gardré-Valière, des enquêtes ethnographiques dans des milieux sociaux et culturels du Poitou-Charentes et des domaines occitans périphériques. Avec Jeanine et Yves Girard, il fonde la Marchoise de Gençay, un groupe de recherche sur la culture populaire des Pays poitevins, puis en 1969, avec André Pacher, l’Union-Poitou-Charentes pour la Culture Populaire (UPCP), à l'initiative de l'opération Sauvetage de la tradition orale paysanne (OSTOP) à partir de 1971. Président de l'UPCP, il en autonomisera en 1980 la branche éditoriale, les futures éditions Geste.
Nommé inspecteur à la direction régionale de la Jeunesse et des Sports (1971) et reprenant ses études, il obtient une double licence Lettres modernes et Linguistique à l’université de Poitiers, une maîtrise, puis un DEA, avant d'être admis sur travaux au doctorat de 3e cycle. Chargé des cours d’ethnologie, il fut, dix ans durant, professeur associé à l’université de Poitiers, dans le département de sociologie (laboratoire LARESCO/ICOTEM, puis laboratoire MIMMOC). Ce spécialiste de littérature orale, de contes, de chansons, de récits de vie et de faits religieux a publié de très nombreux articles et ouvrages, dont Amours paysannes. Récit d'une vie de galerne (Stock, puis Geste Éditions, 1980), Récits et Contes populaires du Poitou et Récits et Contes populaires du Berry (Gallimard, 1979-1980), Ethnographie de la France. Histoire et enjeux contemporains des approches du patrimoine ethnologique (Armand Colin, 2002) et Le Conte populaire. Approche socio-anthropologique (Armand Colin, 2006). Avec son épouse, il a animé l'ethnoblogue Belvert (http://belvert.hautetfort.com/). Sa documentation sonore est en cours de dépôt et de numérisation aux Archives départementales de la Vienne et de l’Hérault.
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