Découvrez la vie et l'oeuvre de Julia Margaret Cameron

Julia Margaret Cameron (Calcutta, 1815 - Ceylan, 1879)

Née à Calcutta, dans les Indes anglaises. De mère aristocrate française et de père fonctionnaire dans la région de Bengali, elle est élevée en France et en Angleterre pour acquérir l’éducation due à son rang. Sa personnalité détonne au sein d’une société victorienne corsetée et conventionnelle. La réputation d’excentricité qui lui est associée trouve ses racines dès l’enfance. On dit alors d’elle et ses huit sœurs, les sœurs Pattle : « L’humanité se partage entre les hommes, les femmes et les sœurs Pattle ». Son mariage avec Charles Cameron en 1838 la ramène à nouveau en Inde, à Calcutta, où ce dernier a acheté des plantations de café.

Julia Margaret Cameron, Vierge à l'enfant, 1866, Paris, musée d'Orsay

En 1860, ayant quitté les Indes pour l’Angleterre – Londres puis l’Ile de Wight – elle crée un cercle mondain et intellectuel. Si son amitié avec John Herschel – astronome et chimiste, praticien précoce de la photographie qui met au point divers procédés – lui offre une initiation théorique au médium, son intérêt pour la photographie se développe tardivement. Julia Margaret Cameron commence en 1863, à l’âge de 48 ans, une pratique originale, réalisant des mises en scène et des portraits d’une grande qualité esthétique et de sensibilité préraphaélite. Dans son autobiographie inachevée, Annals of My Glass House, elle raconte que sa première chambre photographique en bois à plaque de verre lui a été offerte par sa fille Julia, avec cette dédicace : « Cela peut vous amuser, mère, de tenter quelques photographies pendant votre séjour solitaire à Freshwater ». Plusieurs mois seront nécessaires pour s’approprier la technique du collodion humide. Sa demeure – nommée Dimbola en souvenir des plantations de café de Ceylan – s’en trouve transformée : l’ancien poulailler aménagé en serre devient un atelier, tandis que la cave à charbon se mue en laboratoire. Les pelouses se couvrent peu à peu d’épreuves. Consciente du désordre provoqué par cette activité, elle évoque la tolérance de son époux en ces termes : « Mon mari, du début à la fin, a regardé chaque photo avec plaisir, et c'est mon habitude quotidienne de courir vers lui avec chaque plaque de verre sur laquelle une nouvelle gloire est fraîchement estampillée, et d'écouter ses applaudissements enthousiastes. Cette habitude de courir dans la salle à manger avec mes photographies mouillées a taché une immense quantité de linge de table de nitrate d'argent, des taches indélébiles, qui aurais dû me bannir de tout foyer moins indulgent. »

Julia Margaret Cameron, The Passing of King Arthur, 1874, Paris, musée d'Orsay

Au-delà de la prise de vue et de la réalisation des tirages, qui requiert de solides compétences techniques, elle dirige les mises en scène auxquelles participent activement les membres de sa famille, les domestiques, ses voisins paysans et ses amis, le poète Alfred Tennyson, l’artiste George Frederick Watts, Charles Darwin, ou encore John Herschel. Mary Hillier, femme de chambre et modèle devient peu à peu une assistante précieuse. Les sujets bibliques ou issus de la littérature anglaise constituent une source d’inspiration privilégiée. Julia Margaret Cameron intègre non sans difficulté la Royal Photographic Society de Londres, ses détracteurs considérant son usage intentionnel du flou comme la preuve d’une défaillance technique, voire d’un trouble de la vision. De même, ses tirages portant les marques de griffures et de taches hérissent ses détracteurs, autant que son usage du gros plan. Au-delà des thèmes retenus et de sa technique, elle se distingue de ses contemporaines britanniques Anna Atkins et Lady Clementina Hawarden en veillant à faire enregistrer ses épreuves auprès du bureau des droits d’auteur et en en vendant à mesure du déclin de la fortune familiale.

En 1865, une exposition de ses épreuves est organisée par sir Henry Cole, fondateur du South Kensington Museum, actuel Victoria & Albert museum. Pionnière de la photographie, son travail passe à la postérité de manière posthume avec une publication en 1913 dans la revue Camera Work (n° 41) et une première biographie écrite par sa nièce, Virginia Woolf.

Angelina Meslem


Sélection des œuvres de Julia Margaret Cameron sur le Moteur Collections
En ligne : Julia Margaret Cameron, Photography Centre

Bibliographie
Julia Margaret Cameron, Annals of My Glass House, 1874, publié en 1889.