Découvrez la vie et l'oeuvre de Sofonisba Anguissola.

Sofonisba Anguissola (Crémone, vers 1527 - Palerme, 1625)

Sofonisba Anguissola, Autoportrait, 1556, Łańcut, château

Citée dans les Vite de Giorgio Vasari (1511-1574), grâce aux témoignages de Michel-Ange (1475-1564), Sofonisba a été l'une des premières femmes portraitistes reconnues en Europe, travaillant pour les cours d'Italie du Nord et d'Espagne, et l'une des rares à mener une véritable carrière à la Renaissance.
Issue d'une famille patricienne de Crémone, elle est l'aînée de six filles qui toutes pratiquèrent les arts, encouragées par leur père, cultivé et humaniste, attaché à leur éducation artistique. Présentant des dispositions hors du commun pour le dessin, la jeune Sofonisba fut formée dans les ateliers des peintres maniéristes lombards Bernardino Campi (1520-1591), portraitiste et décorateur, et Bernardino Gatti dit il Sojaro (vers 1495-1576), qui lui fit connaître Corrège (1489-1534). Vers 1554, elle poursuivit une formation digne des plus grands, à Rome, où elle rencontra Michel-Ange et Francesco Salviati (1510-1563).
Son talent de portraitiste reconnu, elle est appelée par la cour des Gonzague, à Mantoue, et des Farnèse, à Parme. C'est là qu'elle fut initiée à la miniature, technique qu'elle pratiqua sa vie durant, malgré la rareté des oeuvres connues.
Recommandée par le duc d'Albe, Grand d'Espagne, elle est invitée à Madrid en 1559 par Philippe II, recevant les titres officiels de dame d'honneur et de professeur de dessin de la reine. On lui doit un grand nombre de portraits du roi et de la famille royale.

Sofonisba Anguissola, Portrait de femme, vers 1560, Chantilly, musée Condé
Date d’acquisition

La carrière de Sofonisba est restée tributaire de son père et de sa famille, par l'intermédiaire desquels elle recevait ses commandes. Elle ne put avoir la liberté de vendre ses toiles et d'avoir un atelier. Par son obéissance et sa chasteté revendiquée jusqu'à son premier mariage, elle répondait aux vertus imposées aux femmes selon la culture aristotélicienne. A presque cinquante ans, elle mit fin à son célibat, jugé suspect, par son mariage en 1573, au retour d'Italie, à un jeune noble sicilien, puis, à la mort de ce dernier, elle se fixe à Palerme où elle épouse en secondes noces un capitaine de navire. C'est là qu'elle reçoit, en 1624, la visite d'Anton Van Dyck (1599-1641), appelé à faire le portrait du vice-roi de Sicile. Il témoigne de la perte de vue de l'artiste et de son regret de ne plus pouvoir s'adonner à la peinture, un an avant sa mort.
Traités sur fond sombre, à mi-corps ou en pied, ses portraits intimistes ou officiels, d'une grande sobriété témoignent de la persistance d'une veine classique et austère en pleine expansion du maniérisme. Hormis un attachement à la représentation minutieuse des costumes, elle donne toute son attention au regard et au rendu de l'intériorité de ses modèles. Enfin, son oeuvre est ponctuée de près d'une quinzaine d'autoportraits, contribuant aussi à sa célébrité, quoique sa production espagnole ait pu sombrer dans l'oubli, plusieurs de ses tableaux ayant été anciennement attribués à Alonso Sanchez Coello (vers 1531-1588).

Hélène Meyer

Sélection des oeuvres de Sofonisba Anguissola sur la base Joconde Pop

Bibliographie
Borghini Millo, Sofonisba : una vita per la pittura et la liberta, Bologne, Edizioni Spirali, 2006
Pinessi Orietta, Sofonisba Anguissola, Vienne, Editions Selene, 2008