Les Métamorphoses d'Ovide : Livre 6
A travers les légendes traditionnelles grecques et romaines, Ovide raconte en quinze chants ou livres (représentant plus de douze mille vers), un ensemble de récits concis sur les métamorphoses des dieux, des déesses, de héros ou de simples mortels. Voici les récits du sixième livre : Pallas et Arachné. Niobé. Les paysans lyciens. Marsyas. Pélops. Progné et philomèle. Borée, Zéthès et Calaïs.
Trois récits ont inspiré les artistes.
- Arachné et Minerve, Arachné ose défier Minerve. (vers 1-145)
- Niobé, légende de Niobé, punie par Latone qu'elle a défié (vers 146-312).
- Marsyas, légende de Marsyas, victime d'Apollon (vers 382-400).
Arachné
"... on voyait bien que Arachné avait reçu les leçons de Pallas. Elle n'en veut cependant pas convenir et, froissée qu'on la croie élève d'une telle maîtresse : "Qu'elle rivalise avec moi, dit-elle, il n'est rien à quoi, vaincue, je ne me soumette."
Pallas se donne l'apparence d'une vieille femme ... Alors, elle prit la parole en ces termes " ... Ne dédaigne pas mon conseil. Tu peux briguer la réputation d'être entre les mortelles, la première pour le travail de la laine, mais incline-toi devant une déesse, et demande-lui, téméraire, d'une voix suppliante pardon pour tes propos que tu tiens ; ce pardon, si tu le demandes, elle te l'accordera."
Arachné la regarde d'un œil farouche et laisse là le fil commencé ...
"Tu as perdu l'esprit, et ta vieillesse prolongée t'accable. A vivre trop longtemps on ne gagne rien ... Pourquoi la déesse ne vient-elle pas en personne ? Pourquoi se dérobe-t-elle à cette compétition ?" Alors la déesse :"Elle est venue", dit-elle, et, rejetant son aspect de vieille femme, c'est Pallas qu'elle fit apparaître ...
Arachné s'entête dans son dessein, et son envie de remporter une palme déraisonnable la précipite à sa perte. Car la fille de Jupiter, relève le défi et, sans plus s'attarder aux avertissements, accepte, sans la différer, la lutte.
[Pallas tisse sa lutte avec Neptune pour le parrainage d'Athènes. Arachné tisse les coupables aventures des dieux. Pallas-Minerve frappe Arachné, laquelle humiliée se pend]
Pallas la prit de pitié et allégea le poids, puis : "Conserve la vie, mais cependant reste pendue impudente", dit-elle ...
[Arachné se transforme en araignée]
... et, maintenant, araignée, elle tisse, comme jadis, sa toile."
Niobé
[Niobé rejette le culte aux dieux, et en particulier celui de Latone]
Niobé : "Qu'elle est donc cette folie, dit-elle, de mettre les dieux dont on vous parle au-dessus de ceux que vous voyez ? Et pourquoi ce culte et ces autels dressés à Latone, quand ma divinité n'a encore reçu aucun encens ? Mon père, à moi, est Tantale, à qui seul il fut donné de partager le festin des dieux. Ma mère est la soeur des Pléiades ...
Vers quelque partie de ma demeure que je tourne les yeux, d'immenses richesses s'offrent à eux. A cela s'ajoute une beauté digne d'une déesse. Ajoutey encore sept filles, autant de jeunes fils, et, bientôt, de gendres et de brus. Cherchez maintenant les causes de notre orgueil, et osez me préférer une fille de Titan, née de je ne sais quel Coeus, Latone, à qui la vaste terre, jadis, a refusé fût-ce un coin pour y accoucher ! ... Elle devint mère de deux enfants : c'est sept fois que n'en ont porté mes flancs. ...
Je suis trop grande pour que la Fortune puisse me nuire ...
L'indignation saisit la déesse, ... elle s'adressa en ces termes à ses deux enfants : "Voici donc que moi, votre mère, si fière de vous avoir mis au monde, ..., on met en doute que je sois une déesse. Je suis chassée, ô mes enfants, si vous ne venez à mon secours, des autels où, au cours des siècles, mon culte fut toujours célébré.
[Apollon pour venger sa mère, tue tous les enfants de Niobé]
Pour Amphion, le père, en se plongeant un fer dans le sein, il avait, par le trépas, mis fin à la fois à sa vie et à sa douleur ...
Désormais sans famille, Niobé s'assit au milieu des cadavres des ses fils, de ses filles, de son époux : le malheur l'a rendue insensible...
jusqu'au fond des entrailles, elle est de pierre. Ses pleurs coulent cependant... Là immobilisée au sommet d'une montagne, elle fond en eau, et le marbre, encore aujourd'hui, ruisselle de larmes."
Marsyas
[Marsyas récupère la flûte en roseau que Minerve a jeté, et lance un défi musical à Apollon]
"... un second rappelle l'aventure du Satyre, trahi par le roseau qui lui venait de la déesse du Triton, [Minerve], et que, vainqueur, le fils de Latone [Apollon] châtia. "Pourquoi m'arraches-tu à moi-même ? dit-il. Ah! quels sont mes remords! Ah! criait-il, une flûte ne vaut pas d'être payée ce prix !" Pendant qu'il criait, on lui arrachait la peau sur tous les membres ; ...
Les Faunes habitants des campagnes, les Satyres ses frères, Olympus qui, même à cette heure, lui reste cher, et les nymphes le pleurèrent."
[De ces pleurs naquit la source d'un fleuve du nom de Marsyas]
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