A l'occasion de Paris Photo, qui ouvre ses portes jeudi 8 novembre, le ministère de la Culture présente un parcours inédit qui donne, dans un domaine où elles sont trop souvent sous-représentées, une nouvelle visibilité aux femmes photographes.

C'est le plus important événement mondial de la photographie qui ouvre ses portes le 8 novembre. A l'occasion de Paris Photo, la délégation à la photographie du ministère de la Culture met l'accent sur l'égalité femmes-hommes dans le domaine de la photographie à travers une initiative emblématique : le "Parcours Elles x Paris Photo". Les explications de Marion Hislen, déléguée à la photographie au ministère de la Culture, sur les enjeux de cette opération.

Le "Parcours Elles x Paris Photo", conçu par le ministère de la Culture au sein de Paris Photo pour présenter le travail de femmes photographes, constitue un véritable plaidoyer en faveur de l'égalité femmes-hommes dans le domaine de la photographie. Pourquoi cette initiative ?

Malgré une majorité de femmes dans les écoles de photographie, elles sont minoritaires dans les lieux d'expositions et les festivals. Elles ont également été effacées de l'histoire de la photographie (écrite par des hommes !). Une parole se libère et les femmes artistes ont décidé de se battre pour une meilleure représentation. Nous profitons de Paris Photo, l'un des grands temps forts de la photographie, pour mettre en lumière ces femmes à travers un parcours conçu par la commissaire Fannie Escoulen, ainsi qu'avec une édition distribuée gratuitement aux visiteurs et visiteuses de Paris Photo. Les femmes photographes existent, apprenons à les voir.

Les femmes photographes existent, apprenons à les voir

Quelles sont les femmes photographes que vous allez présenter ?

Avec Fannie Escoulen, nous avons conçu ce parcours comme une quête d’émerveillements, de trésors et de surprises dénichés dans les galeries ainsi que chez les éditeurs. Il permet de retrouver avec bonheur les images des avant-gardes modernistes, avec Margaret Watkins, Lucia Moholy, Irene Bayer, Anna Barna, celles des artistes féministes des années 70, telles Renate Bertlmann, Ulrike Rosenbach, Joan Lyons, Penny Slinger, et toutes ces jeunes pousses prometteuses parmi lesquelles Lisa Sartorio, Wiame Haddad, Léa Bélooussovitch, Hilla Kurki, Tamineh Monzavi, et tant d’autres.

Autre temps fort de cette séquence : les premiers chiffres-clés sur les femmes et la photographie, produits conjointement par le département des études, de la prospective et des statistiques et la direction générale de la création artistique, vont être rendus publics. Quelles en sont les principales tendances ?

Les centre d'arts sont à 60% dirigés par des femmes, la carte de presse est détenue par 13% de femmes, les prix sont remis à des hommes dans 62% des cas. La répartition varie mais du chemin reste à faire ! L'important, c'est d'avoir des chiffres qui nous permettent de vérifier notre marge de progression d'une année sur l'autre.

Le ministère de la Culture mène une politique volontariste de commandes publiques pour favoriser la création photographique dans l'Hexagone. Or on sait que les artistes français ou travaillant en France manquent de visibilité à l'international. C'est pour y remédier que lors de Paris Photo, vous allez promouvoir, à l'occasion des rencontres professionnelles, "Curators meeting", un programme de coopération internationale. Qu'attendez-vous de ce dispositif ?

Nous souhaitons aider les lieux de diffusion à mieux se faire connaître par des structures identiques à l'international. Sur un modèle de "speed dating", le projet artistique doit être présenté en cinq minutes à un ensemble de professionnels. Le but est de générer des coproductions et de faire tourner les expositions d'artistes français.

Pourquoi les femmes sont-elles sous-représentées dans l'univers de la photographie ?

Décoder les raisons de la sous-représentation des femmes dans l'univers - et l'histoire - de la photographie : telle est l'ambition d'une table-ronde organisée le 8 novembre par la délégation à la photographie du ministère de la Culture. Car le constat est flagrant : les femmes, qui représentent plus de 60% des des diplômés d’écoles d’art, sont à peine 20% des artistes exposés. Pour comprendre les raisons de cette "évaporation" et pour donner une visibilité à nombre d’entre elles encore méconnues, une journée de débats proposera de questionner la place des femmes dans l’histoire de la photographie et de décoder les raisons de leur marginalisation. A noter : un manifeste pour la photographie au féminin sera présenté lors de cette journée : #lapartdesfemmes.