Une conquête européenne pluriséculaire

A partir du IXe s., un groupe du nord de l’Europe donne une impulsion décisive à un processus de transformation des populations européennes, les hommes du nord. Les Normands, comme ils furent appelés dans certaines régions d’Europe, changent le visage de ce continent en
•    reliant l’Europe du nord à l’Italie, la Normandie à la mer Noire ;
•    s’intégrant aux populations et aux structures existantes, auxquelles ils apportent leur sceau ;
•    en utilisant différentes techniques culturelles pour préserver et consolider leur pouvoir tout en élargissant leur domination.

L’installation des normands dans le royaume de France, suite au traité de Saint Clair sur Epte en 911, la conquête de l’Angleterre par Guillaume le Conquérant, l’installation de Robert Bordet comme Prince de Tarragone en 1129, la conquête de la Sicile et de la Calabre par Robert Guiscard, la conquête d’une partie de l’Afrique du Nord par Roger II en 1140, l’Unio regni ad imperium du Saint Empire Romain Germanique et du Royaume de Sicile en 1189, … 300 ans de conquête européenne épiques et stupéfiants.

Tous ces événements si fondateurs qu’ils furent, ne sont finalement, que des étapes dans l’intégration et la conquête de l’Europe par les Normands.

La volonté de dominer, une grande mobilité et une grande faculté d’adaptation formaient ensemble les caractéristiques fondamentales sur lesquelles reposaient les expéditions des « Normands ». Ils n’hésitent pas à recourir à la violence, mais visent toujours à s’intégrer le plus rapidement possible, en se mariant dans des familles nobles locales, en adoptant les particularités culturelles et en respectant, adaptant et conservant bien souvent les traditions locales. Les « Normands » eurent un tel succès avec cette stratégie qu’en l’espace de quelques générations ils ne furent guère plus reconnaissables comme groupe ethnique ou culturel, à tel point qu’ils se confondent avec l’identité européenne.

La dimension internationale de cette épopée est également celle de cette exposition. Elle se reflète dans le processus scientifique qui a conduit à cette formidable proposition muséale.

Une exposition à dimension internationale

En étroite collaboration avec l’institut d’histoire de l’Université de Heidelberg et le centre de recherche « Histoire et Patrimoine culturel », un réseau international a été mis en place par les Reiss-Engelhorn Museen. Pour structurer ce projet scientifique, une collaboration étroite a été menée, une conférence internationale a eu lieu à Mannheim en automne 2020 pour rassembler les chercheurs provenant de huit pays différents. En 2022, deux partenaires normands se sont associés à l’ensemble du projet : la Réunion des Musées Métropolitains Rouen et le Musée de Normandie à Caen. Cette coconstruction audacieuse donne à ce projet une dimension scientifique et européenne remarquable induite dans la qualité des œuvres présentées et le propos éminemment européen qu’il développe.

^{Mannheim Reiss Engelhorn Museum}

La contribution de la DRAC de Normandie

Le caractère international de cette exposition n’est donc pas à démontrer. La provenance des objets qui la composent est multiple. La DRAC a ainsi été sollicitée directement par le musée de Mannheim pour le prêt de nombreuses œuvres exceptionnelles dont elle est propriétaire. C’est la cas d'une tête sculptée de Guillaume le Conquérant provenant de l’Abbaye de Jumièges, d’une tête présente sur l’ancien logis de l’abbatial à Jumièges ; ainsi que d'objets issus du trésor de la cathédrale de Bayeux : le coffre en bois ayant contenu la Tapisserie de Bayeux, et, le coffret en ivoire dit de St Regnobert. 

^{Boîte ayant contenu la Tapisserie de Bayeux, trésor cathédrale de Bayeux}

^{Coffret en Ivoire de St Regnobert}

^{Tête de Guillaume le Conquérant, abbaye de Jumièges}

^{Tête Abbatiale Jumièges}

Une version adaptée de l’exposition sera présentée en 2023 à Rouen, et, Caen proposera simultanément une exposition dédiée au mythe des Normands.