Dans le cadre de l'année célébrant les 60 ans du ministère de la Culture créé en 1959, il était utile de faire le point sur l'ambition de l’État et des collectivités locales de préserver et de transmettre le patrimoine sur le territoire national, de la cathédrale à la petite cuillère.

De Fragonard à l'herbier : archiver la planète ?

Plus de 121 millions d'objets sont estimés présents dans les 1218 musées de France. Leur quantité et leur localisation sont inconnues précisément. Obligatoire depuis la loi du 4 janvier 2002, le récolement progresse cependant chaque année avec le versement des notices d'oeuvres sur la base nationale Joconde, elle-même intégrée dans la plate-forme POP plateforme-ouverte du patrimoine.

Lors de la journée d'échange "Musées monde musées mixtes", le château-musée des beaux-arts à Blois (41) a accueilli 44 professionnels le 5 novembre 2019 en provenance du Centre-Val de Loire mais également de Franche Comté-Bourgogne, Ile-de-France et Pays de la Loire.

La professionnalisation des équipes muséales est nécessaire en raison des quatre missions dévolues aux musées bénéficiant de l'appellation Musée de France : conservation, étude, présentation et accompagnement des publics. Les 65 musées de France en Centre-Val de Loire conservent en effet de nombreux objets, crées par l'Homme ou par la Nature à toute époque. Les recherches de provenance font partie des obligations pour tout professionnel : sécuriser le statut juridique des biens en tenant compte des principes d'inaliénabilité et d'imprescriptibilité, partager la collégialité dans la prise de décision pour chaque acquisition à titre gratuit ou onéreux, respecter l'éthique due aux concepteurs et aux propriétaires. Le processus de patrimonialisation est ainsi un acte conscient. Il prend appui sur le projet scientifique et culturel dont chaque musée de France doit se doter. Ce document stratégique permet de vérifier la capacité de chaque équipement à prendre en charge les objets dans le respect de leur histoire, de leurs matériaux, des valeurs et croyances humaines qui les ont fabriqués. L'archéologie et les sciences naturelles constituent des cas parmi les plus complexes. En sus du Code du patrimoine, les muséums sont ainsi soumis au code civil, au code de l'environnement et au code de la propriété des personnes publiques. Cette complexité juridique s'étend régulièrement en raison des conventions internationales qui garantissent le droit des peuples sur leur histoire matérielle et immatérielle. Pour mémoire, seules 15% des espèces sont estimées connues à ce jour.

Roman national, discours postcolonial et musée de collectionneurs ... et crise budgétaire : la difficile réécriture de l'Histoire

La mondialisation des échanges s'accompagne d'une prise de conscience d'un ethnocentrisme des points de vue. Les musées conservant des collections hétérogènes (de la préhistoire à l'art contemporain) réfléchissent à de nouveaux paradigmes pour interpréter plus objectivement les objets qu'ils conservent. Face aux mythologies nationales ou régionales, ils interrogent la pertinence du concept de musée universel issu du Siècle des Lumières. Ces lieux de mémoire et de réinvention du réel par son étude pluridisciplinaire peinent cependant à accomplir leurs nombreuses missions, notamment lorsqu'ils relèvent de collectivités sans grands moyens. Le soutien de l'Etat et des collectivités territoriales, voire du mécénat, est insuffisant pour maintenir les effectifs et autres budgets nécessaires pour acquérir, trier, conserver, documenter et transmettre ces biens culturels par une programmation à la fois savante et ludique. Les objets stockés, parfois en doublon, sans intérêt suffisant ou sans documentation pour en permettre l'étude, doivent être inscrits dans des inventaires différenciés pour permettre une gestion juridique adaptée (conservation temporaire ou définitive).

Une éthique de la responsabilité : le musée comme moyen et non comme finalité

Conscients  des enjeux pour l'éducation des citoyens actuels et futurs, les professionnels débattent, proposent des laboratoires d'expérience et de réflexion à partir des objets mis en scène grâce à des projets coproduits à l'échelle nationale ou mondiale. Une parole ouverte est proposée à des spécialistes de nombreux domaines (arts, sciences, philosophie etc) mais aussi aux amateurs. Le réel étant insaisissable, seule restera in fine des traces documentaires comme témoignage des valeurs qui ont permis la conservation de notre humanité à travers le temps et l'espace.

Cette quatrième journée s'inscrit dans le cadre du cycle de rencontres "Quelle stratégie muséale en Centre Val de Loire ?" initié par la DRAC Centre-Val de Loire :

- Indre : la ville de Châteauroux a accueilli le lancement des journées PSC : Quelle stratégie muséale en Centre Val de Loire ? le 7 mars 2019 à la médiathèque Equinoxe (36)

- Indre-et-Loire : la communauté de communes Chinon Vienne et Loire a accueilli la rencontre Musées et territoire le 6 juin 2019 à l'écomusée du Véron à Savigny-en-Véron (37)

- Eure-et-Loir : la ville de Chartres a accueilli la rencontre Le musée, acteur de la société le 17 octobre 2019 à la médiathèque L’Apostrophe et au musée des beaux-arts (28)

La ville de Pithiviers accueillera la synthèse régionale le 12 décembre 2019 au Théâtre du Donjon (45).

Nous remercions ces villes pour leur soutien actif dans l'organisation de cette journée.