Jusqu'au 12 mai 2022, la galerie Papillon présente "Soleil de plomb", une exposition personnelle de Céline Cléron, lauréate de l'Aide individuelle à la création (AIC) 2021, dont l’œuvre "Ra" a bénéficié du soutien attribué par la Drac Île-de-France.

 

Avec "Ra", l'artiste livre une œuvre aux lectures multiples. Un clair-obscur énigmatique se dégage de cette rencontre à double-sens composée entre le dieu solaire, premier dieu du panthéon égyptien et le symbole du Radium (RA). Cette sculpture réalisée en collaboration avec un maître verrier utilise l'ouraline, un verre datant des années trente. L'age d'or de ce verre dans lequel a été incorporé de l'uranium, la plupart du temps sous forme de diuranate, remonte au début du XXe siècle et fut principalement utilisé dans les arts décoratifs, la cristallerie par exemple.

Pour Alexandra Goullier Lhomme, commissaire indépendante et rapporteuse du projet de l'artiste lors de l'Aide individuelle à la création (AIC) 2021 : "Ce qui intéresse Céline Cléron dans ce matériau est à la fois son ambivalence intrinsèque - aussi séduisant que toxique, et son ambivalence historique qui questionne notre rapport au progrès (…) Ce nouveau corpus d’œuvres s’inscrit dans la continuité du travail de Céline Cléron tant dans la méthodologie que dans le sujet. Tout comme ses autres projets, Céline Cléron part de sa propre fascination pour une matière très précise pour plonger dans l’Histoire et réactiver des gestes et des savoirs faire presque disparus."

"Je suis toujours la première spectatrice de ce qui arrive."

"Croisant savoir-faire, humour, science et histoire, Céline Cléron réunit pour sa deuxième exposition personnelle à la Galerie Papillon, des œuvres dont le poids physique est conséquent alors même qu’elles reposent sur la fragilité, la fêlure, dans une tension entre gracilité et robustesse, grâce et gravité, évanescence et durée. Dans les archives de fouilles menées à Vénissieux ayant mis au jour des restes de céramique et de verre datant de 1927 à 1930, l’artiste découvre l’ouraline, une pâte de verre chargée en uranium dont la couleur vert-jaune devient fluorescente sous une lampe à rayon ultraviolet et qui apparaît à l’époque, malgré les mises en garde de Marie Curie, comme source de bienfaits. Séduite par l’ambivalence entre beauté et toxicité de la matière, Céline Cléron l’emploie dans la sculpture Ra, invoquant à la fois le dieu solaire égyptien et le symbole du Radium. Cette demi-sphère en verre dépoli noir, entourée d’un halo d’ouraline pale, est réalisée en collaboration avec un maître verrier. Pour l’artiste soulignant que le soleil lui-même est radioactif, la pièce est une éclipse, un phénomène fascinant auquel on ne peut s’exposer sans équipement, comme à la radioactivité.

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Céline Cleron, Ra, 2021 Verre soufflé : verre noir dépoli et ouraline pâle (verre d’uranium), néon UV 50 cm de diamètre x 15cm © photo Grégory Copitet. Courtesy Céline Cléron et Galerie Papillon, Paris

À l’instar de Climax, l’éclipse attire par sa brillance et sa fugacité, au contraire du plomb, matériau pourtant hautement protecteur des radiations, mais cantonné aux registres de la noirceur et de l’abattement. On nomme "soleil noir" l’astre dissimulé par la lune et le soleil de plomb renvoie tant à la menace de la canicule qu’à la désolation, la solitude nue après un désastre, mais aussi au calme retrouvé. Autant de lectures possibles de la photographie d’un lac gelé où l’artiste a éprouvé le besoin de revenir quotidiennement durant un séjour en Suède, happée par le paysage sauvage et apaisant" note Aurélie Barnier, critique d’art, membre de l’AICA et commissaire indépendante 

Présentation des projets des artistes lauréats de l’Aide individuelle à la création (AIC) 2021