A l’occasion des Journées Européennes du Patrimoine 2019, la Lettre des services de l’État en Essonne met à l’honneur l’archéologie, à la fois discipline scientifique et politique publique de l’accès au patrimoine et aux savoirs.

Le patrimoine archéologique essonnien est riche et divers : il couvre toutes les périodes chronologiques, de l’époque paléolithique à l’histoire contemporaine. Ces vestiges enfouis, appelés « archives du sol », sont les traces précieuses d’un passé francilien parfois méconnu du grand public. Dans une démarche de valorisation et d’éducation artistique et culturelle soutenue par la Direction régionale des affaires culturelle, le conseil départemental de l’Essonne organise des visites de sites de fouille ainsi que des expositions afin de faire découvrir au plus grand nombre ce capital culturel endormi.

 

Entretien avec Laurent Roturier, directeur régional des affaires culturelles d’Île-de-France par La Lettre des services de l’Etat en Essonne

Pouvez-vous résumer en deux mots l’histoire de l’archéologie ?

L’archéologie est une discipline scientifique qui s’est affirmée au cours du XIXe siècle, notamment en France, en particulier avec l’invention de la Préhistoire. Discipline historique, elle mobilise à la fois les sciences exactes (datation au carbone 14, études du rayonnement cosmique), les sciences du vivant et de la terre (génétique, biologie, géologie, zoologie), et les sciences sociales (anthropologie, sociologie, histoire, géographie).

Qui décide de faire de l’archéologie ?

Sur le territoire national toutes les opérations archéologiques se font sur décision du préfet de région, appuyée par la DRAC après avis d’une commission scientifique. Il existe deux modalités majeures d’intervention : l’archéologie programmée et l’archéologie préventive.

Comment définiriez-vous l’archéologie programmée ?


C’est la forme la plus ancienne d’archéologie : on détermine un objet d’études à l’avance sur un espace où l’on sait que se trouvent des vestiges. Là, des équipes le plus souvent dirigées par des universitaires prennent le temps de fouiller. Par exemple, les fouilles à Étiolles durent depuis 1972 !

Et ce que l’on appelle « archéologie préventive » ?

L’archéologie préventive intervient à l’occasion d’un projet d’aménagement sur le territoire, qui risque de porter atteinte aux vestiges. En amont de la réalisation du projet, on cherche à préserver le patrimoine culturel et historique en évitant de laisser installer un projet là où l’on sait qu’il est présent.

Dans le cas où les vestiges ne peuvent pas être évités, l’intervention archéologique est conduite dans un temps limité (de quelques semaines à quelques mois) pour permettre la réalisation de l’aménagement.
On procède alors en deux étapes : il y a d’abord un « diagnostic archéologique », mené en Essonne par l’Inrap, qui permet de caractériser ces vestiges. Si le site est reconnu comme intéressant, le préfet de région prescrit une fouille.

La fouille est alors réalisée aux frais de l’aménageur, qui sélectionne un opérateur d’archéologie préventive le plus souvent par appel d’offre, selon des procédures très réglementées qui intègrent en amont l’examen, par un Conseil national, de la capacité scientifique et opérationnelle des possibles intervenants, qui ne sont pas l’opérateur national. L’Inrap peut, lui, intervenir sur tout le territoire national et dispose de toutes les spécialités.

Quel est le rôle des archéologues de la DRAC ?

Pour le compte du préfet de région, les agents du Service Régional de l’Archéologie d’Île-de-France proposent les prescriptions de fouilles archéologiques programmées et préventives. Ils assurent aussi le contrôle scientifique et technique des opérations de fouilles. Ce sont des personnels scientifiques qui participent régulièrement à des opérations de fouilles et font de la recherche.

Quelle est la politique archéologique de la DRAC d’Île-de-France ?

La politique archéologique régionale connaît un renouveau depuis ces dernières années, en termes de projets scientifiques et de projets partagés avec les collectivités territoriales. Un colloque régional est organisé tous les ans. En ce moment, l’Essonne est particulièrement concernée par des projets sur la préhistoire avec les recherches sur les « chasseurs-cueilleurs préhistoriques de l’Île-de-France » et l’étude des roches gravées du parc naturel régional du gâtinais français.

Quelles collectivités territoriales de l’Essonne sont impliquées dans l’archéologie ?

Il n’y a pas de services archéologiques de collectivité en Essonne. En revanche, le Conseil Départemental est un acteur très important : il est propriétaire du site préhistorique d’Étiolles, et assure la conservation des collections archéologiques qui y ont été découvertes. Il est également très impliqué dans la politique d’éducation artistique et culturelle propre à l’archéologie, qui transmet le savoir auprès de tous les publics et notamment les plus jeunes.

A qui appartiennent les biens archéologiques enfouis dans le sol ?

Depuis la loi du 7 juillet 2016, les biens archéologiques se situant sur des terrains ayant changé de propriétaire depuis son entrée en vigueur appartiennent à l’État qui peut les transférer gratuitement à une collectivité locale intéressée. Sur les terrains n’ayant pas changé de main, ils appartiennent aux propriétaires mais celui-ci a des obligations de déclaration et de conservation. Aucune fouille ne peut avoir lieu sans autorisation préalable elle-même fondée sur un avis scientifique.

En savoir plus http://www.essonne.gouv.fr/content/download/28715/222888/file/LSE+N8+Sp%C3%A9ciale+Arch%C3%A9ologie.pdf