Le musée Matisse accueille l’exposition reconnue d'intérêt national « Dewasne, la couleur construite. De l’Antisculpture à l’architecture » du 22 mars au 9 juin 2014.

Mise en valeur d'une donation

Reconnue d'intérêt national en 2014 par la ministre de la Culture et de la Communication, l'exposition « Dewasne, la couleur construite. De l’Antisculpture à l’architecture » met en valeur la donation de l’atelier de Jean Dewasne (1921-1999) en replaçant les oeuvres dans le contexte de la période 1959-1989. Elle traite particulièrement des Antisculptures (dans une approche chronologique) et des recherches picturales de Dewasne dans l’architecture.

L’exposition rassemble une soixantaine d’œuvres dont 8 monumentales et montre l’évolution des premières petites antisculptures de 1953 au Centre Georges Pompidou en passant par les thermoformages, les Cerveaux-mâles, les rondes-bosses, les pièces de motos.

Un parcours muséographique en 3 salles

La première salle évoque les influences de Dewasne sur son œuvre comme la musique, les mathématiques, l'architecture et la création de ses Antisculptures. Ce terme désigne des œuvres combinant la pratique de la peinture et de la sculpture élaborées à partir de l’application d’un système qui favorise les aplats sur des carrosseries. Actuellement on compte 11 antisculptures dans les collections publiques françaises.

Les œuvres de La Longue Marche et l’installation Habitacle rouge s'exposent dans la deuxième salle. La présentation des 14 sérigraphies extraites de la Longue Marche constitue le fil conducteur pour introduire les recherches picturales de Dewasne dans l'architecture. La Longue Marche, œuvre de 88 m de long, a été composée en quatre parties comme une sonate. La troisième en noir et blanc, l’adagio, est intégrée au milieu d’harmonies vivement colorées.

Enfin, la dernière section est consacrée à l’implication de la création de Dewasne dans la ville et son legs à la postérité. ( la Grande Arche de la Défense, stations de métro de Hanovre et de Rome) .

Des oeuvres réparties dans plusieurs musées

Les œuvres de la donation faite à l’Etat par son épouse Mythia Dewasne ont été réparties dans de nombreuses institutions publiques dont le musée Matisse du Cateau-Cambraisis, le musée des Beaux-Arts de Cambrai et le LAAC de Dunkerque.

Le musée du Cateau-Cambrésis a reçu 5 œuvres : L’enfant de chœur, une des toutes premières Antisculptures, un Cerveau mâle, 14 sérigraphies de la Longue marche, 9 sérigraphies de Grenoble 72 et Habitacle rouge, soit un choix cohérent d'oeuvres qui illustrent les recherches et réflexions d'un artiste qui s'inscrit dans une démarche d'oeuvre totale. Cet ensemble complète la collection permanente d'Herbin au musée, puisque celui-ci fut président du Salon des Réalités Nouvelles en 1946.

Des thématiques spécifiques aux musées bénéficiaires de la donation

Au regard des donations d'oeuvres de Dewasne faites aux musées du Nord, de leur complémentarité, leur diversité, leur originalité, une coopération entre différents établissements s'est imposée. Ainsi, les musées du Cateau-Cambrésis, de Cambrai et de Dunkerque présenteront successivement (de mars à décembre 2014), une exposition dont le thème sera en relation directe avec la donation reçue, et selon une thématique particulière : les Antisculptures pour le Cateau-Cambrésis, les débuts de l'artiste et le passage du dessin à la peinture pour le musée des beaux-Arts de Cambrai et la relation à l'industrie notamment la Régie Renault pour le LAAC de Dunkerque.

Jean Dewasne, un maître de l’abstraction constructiviste française

Jean Dewasne ( 1921 – 1999 ) est un des maîtres de l’abstraction constructiviste française né à Lille. Après des études classiques et musicales très poussées, il s’est inscrit à l’Ecole des Beaux-arts de Paris où il a fréquenté, pendant deux ans, les ateliers d’architecture avant de se tourner vers la peinture. Sa première exposition a lieu en 1941 et il a réalisé sa première œuvre abstraite en 1943. Il a milité pour l’abstraction avec Hartung, de Staël, Poliakoff, Arp, et en 1946, année où il a contribué à la création du Salon des Réalités Nouvelles, il a reçu le Prix Kandinsky. En 1966, le commissionnaire Harald Szeemann lui a consacré une première rétrospective à la Kunsthalle de Berne. Il est à l'origine de la mise en couleur du centre Pompidou. Il a été élu en 1991 membre de l'Académie des Beaux-Arts au fauteuil de Hans Hartung.

Dans ses œuvres, il privilégie les formes simples aux couleurs vives, agencées selon des rythmes complexes et sous forme d'aplats de couleurs, en dehors de toute référence au réel et de toute illusion de la troisième dimension. Son art se caractérise par l'abandon de la technique de la peinture à l'huile et la recherche d'un nouveau langage plastique. Il s'est intéressé aux nouvelles techniques de peinture et à l'utilisation de nouveaux supports.