C’est un véritable feu d’artifice qui attend aujourd'hui le public qui s’apprête à franchir les portes des cinémas et des théâtres. Deuxième volet de notre série #VivreLaCulture (2/4).
Dans ces espaces clos que sont les cinémas et les salles de spectacle, les précautions sanitaires sont plus que jamais de mise pour que leur réouverture soit une fête à la mesure des attentes des spectateurs : jauges plus strictes, capacités des salles réduites, masque obligatoire… Et de fait, mercredi 19 mai, la reprise s’annonce particulièrement prometteuse dans tous les cinémas, théâtres et autres salles de spectacle. Petit aperçu.
Une déferlante de films
Les 2000 cinémas de l’Hexagone rouvrent leurs portes ! En berne durant plusieurs mois, l'exceptionnel maillage de salles de cinéma sur tout le territoire - l'une des fiertés de l'exception culturelle française - redevient un atout alors qu’une vague sans précédent de films s’apprête à déferler sur les écrans.
Qu'on en juge : dès le 19 mai, pas moins de 45 films en effet – pour moitié inédits, pour moitié sortis avant le dernier confinement – sont sur les rangs, selon un décompte du Film Français. Soit un peu plus de 10 % des films, 400 en tout, en attente imminente de diffusion. Citons, du côté des reprises, les remarqués – et remarquables – œuvres que sont Adieu les cons d’Albert Dupontel, ADN de Maïwenn, ou encore Garçon chiffon de Nicolas Maury. Côté nouveautés, à ne manquer sous aucun prétexte L’Étreinte de Ludovic Bergery, Écoliers, le documentaire de Bruno Romy ou encore le très attendu Mandibules de Quentin Dupieux, tous soutenus par le CNC.
Pour que tous aient leur chance, un seul mot d’ordre : diffuser différents films dans la même salle en fonction des horaires. Il faudra (temporairement) en passer par là en effet, alors que pour un temps encore les jauges réduites et le couvre-feu ne permettront pas de remplir les salles. Et que les films qui ont brillé aux Oscars – The Father de Florian Zeller le 26 mai et Nomadland de Chloé Zhao le 9 juin – et ceux présentés en juillet au festival de Cannes ne vont pas tarder à frapper à la porte. Une chose est sûre : le public va de nouveau pouvoir étancher sa soif de cinéma, avec, en prime ce bel horizon qu’est la Fête du cinéma. Prévue le 30 juin, jour de la fin du couvre-feu, les salles devraient qui plus est ce jour-là renouer avec 100% de leurs capacités d’accueil !
Retrouver le plaisir de la salle est une évidence pour tous, que l’on soit avide de nouveautés ou que l’on fréquente plutôt le patrimoine du 7e art. De ce côté, les hauts-lieux de la cinéphilie que sont les cinémathèques ne sont pas en reste. Ainsi, la Cinémathèque française inaugure, à côté de la reprise de la grande exposition consacrée à Louis de Funès, le nouveau Musée Méliès, collection unique au monde de machines, costumes, dessins et maquettes permettant d’explorer l’univers fantasmagorique de Georges Méliès. Sans compter, bien sûr, les rétrospectives qui se déploieront dans les salles de projection jusqu'au mois d'août, parmi lesquelles une sélection passionnante de films américains réalisée par le regretté Bertrand Tavernier. Quant à la Cinémathèque de Toulouse, avec « Scope », elle n’entend rien d’autre, comme elle le dit avec force dans sa lettre d’information, que satisfaire « un désir élémentaire de cinéma dont on a trop été sevré : en prendre plein la vue et les oreilles ». CinemaScope, VistaVision, Panavision, Totalscope… c’est le cinéma en grand qui est célébré !
Théâtre, danse, musique
De la salle de cinéma au plateau du théâtre, il n’y a qu’un pas que l’on saute allègrement. Et encore plus quand trois spectacles, comme au Théâtre national de Strasbourg, sont simultanément programmés pour la réouverture : Mithridate de Racine mis en scène par Eric Vigner, qui « voit dans cette œuvre crépusculaire le dernier sursaut d’un homme hanté par sa disparition et celle du monde hellénistique, dont il est le dernier rempart » ; Inflammation du verbe vivre où Wajdi Mouawad met en scène son double théâtrale, Wahid s’apprêtant à monter Philoctète, une des sept tragédies de Sophocle parvenues jusqu’à nous ; enfin, Au bord de Claudine Galéa, tirée de la photo qui a fait le tour du monde d’une soldate américaine tenant en laisse un prisonnier nu et à terre dans la prison d’Abou Ghraib en 2004, lauréate des Journées des auteurs de Lyon 2010 et du Grand Prix de Littérature dramatique en 2011, mise en scène par Stanislas Nordey. Trois façons magistrales de voir le monde.
Et ce n’est pas tout. Le TNS va proposer dans la foulée, du 10 juillet au 28 août, la deuxième édition de sa manifestation estivale, « La Traversée de l’été », dont on suivra avec intérêt les cheminements multiples : spectacles en itinérance, ateliers d’écriture, visites du théâtre, du futur Espace Grüber et de l’ancien Conservatoire de Strasbourg, retour des brigades contemporaines, Troupe Avenir de l’été… De quoi séduire un public jeune et bouillant, qui a plébiscité cette nouvelle scène. A suivre.
Côté danse, la réouverture s’annonce tout aussi passionnante. Au Théâtre national de Chaillot, Carolyn Carlson présentera le 19 mai son nouveau spectacle The Tree à l’occasion de deux représentations uniques. Sous-titré Fragments of poetics on fire, la grande chorégraphe, dont l’enfance a été marquée par les paysages de l’Ouest américain et le soleil de minuit de la Finlande, y lance un cri d’amour à notre planète, ses neuf danseurs incarnant indifféremment l’eau, le feu, l’arbre ou le vent.
Et que dire enfin de la musique… « Après une fermeture inédite dans notre histoire, il était inimaginable d’attendre la rentrée pour retrouver notre public. Tous les artistes que nous aimons ont répondu présent ! », se réjouit-on au Théâtre du Capitole, à Toulouse. Il y a de quoi. Concerts, récitals, solistes, chœur, orchestre, ballet… Les « Nuits d’été au Capitole » accueilleront 13 manifestations exceptionnelles. « La programmation, très diverse, s’adresse à tous, à des prix très raisonnables », est-il encore précisé. C’est le grand Jordi Savall à la tête du Concert des Nations qui ouvrira la manifestation le 6 juillet avec Villancicos Criollos.