Alors que le festival d'Annecy, référence mondiale du cinéma d'animation, débute lundi 12 juin, le Centre national du cinéma et de l'image animée (CNC) dresse un état des lieux du marché de l'animation 2016. Retour sur un secteur plus dynamique que jamais.
"L'animation est un vrai modèle d'excellence dans le secteur du cinéma et de l'audiovisuel", a affirmé Frédérique Bredin, présidente du CNC, lors de la présentation du bilan 2016 du cinéma d’animation. Cette exemplarité, qui se décline en plusieurs aspects, passe d'abord par la réussite internationale du genre qui bénéficie de près de 25% de financement étrangers et d'un taux considérable de coproduction – 90% et 80% des œuvres produites dans l'audiovisuel et le cinéma. L'animation est également le premier genre à l'export, où elle représente à elle seule près de 30% des recettes générées par l'ensemble des programmes nationaux. Le rayonnement du secteur à l'international se traduit par des succès tel que celui du Petit Prince – 18 millions d'entrées sur les 65 territoires où il avait été distribué – et profite à l'ensemble des longs-métrages d'animation français qui réalisent, en moyenne, plus de 2/3 de leurs entrées à l'étranger.
Trois de nos écoles d'animation et d'effets visuels sont dans le top 10 mondial dont les Gobelins, situés en deuxième place
Outre sa réussite internationale, l'animation est une filière remarquablement structurée. "Trois de nos écoles d'animation et d'effets visuels sont dans le top 10 mondial dont les Gobelins, situés en deuxième place", souligne Frédérique Bredin. Des formations reconnues, qui font des étudiants français des recrues de choix pour les studios étrangers. Les savoir-faire techniques sont également prisés, ce dont témoigne le succès de deux innovations françaises, récemment mises sur le marché. SolidTrack, une solution de prévisualisation des effets spéciaux dès le tournage a été utilisée pour le film Rogue One : A Star Wars Story et le logiciel de simulation de foules crée par Golaem a servi, pour sa part, à la série Game of Thrones. Un genre modèle enfin, en termes de croissance et d'emploi avec 1 000 emplois créés en 10 ans. La moyenne d'âge – 35 ans – des 5 500 salariés que compte le secteur combinée à la taille des entreprises concernées – sur 120 entreprises, 80 ont moins de 5 salariés – donne la mesure d'un secteur jeune, plein de vitalité et propice à l'innovation.
Deux mesures aux effets spectaculaires
Conscient de la nécessité de renforcer une filière qui, bien que fructueuse, se trouve confrontée à la compétitivité accrue de pays étrangers désireux d'attirer les talents français et leur production sur leurs territoires, le ministère de la Culture a initié, en 2015, deux grandes mesures en faveur de l'animation audiovisuelle et du cinéma d'animation. En premier lieu, la réforme du soutien audiovisuel à l'animation a ouvert la voie une révision à la hausse du soutien accordé au genre par le CNC : en progressant de de 68,6%, celui-ci atteint en 2016 son plus haut niveau soit 59.3 millions d'euros. Dans un second temps, la revalorisation des crédits d'impôts, acceptée par le parlement et appliquée au 1er janvier 2016 a permis de générer 332 millions d'activités supplémentaires dans le domaine, audiovisuel et cinéma confondus.
Lancés en 2015, le soutien audiovisuel et le crédit d'impôt à l'animation ont produits des résultats rapides et spectaculaires pour le secteur
"Les effets de ces mesures se font sentir dans concrètement les chiffres du cinéma d’animation", a souligné la présidente du CNC, avant d'évoquer "des résultats rapides et spectaculaires". En plus de la création d'une dizaine de studios sur l'ensemble du territoire français, ces mesures ont également été à l'origine d'une relocalisation des dépenses de production en France, passées de 69% en 2006 à 81% en 2016. Une progression notable du volume de production a également été constatée en 2016 avec une hausse de 36,1% du nombre d'heure d'animation audiovisuelle et une augmentation de 231,8% des devis de films d'animations. 7 films d'animations ont en outre été produits cette année, contre 3 en 2015. Les financements de l'animation audiovisuelle – chaînes historiques, producteurs et CNC confondus – ont suivi cette croissance : ces dernier ont progressé de plus de 40%, pour atteindre la somme record 256 millions d'euros en 2016.
Les productions françaises au Festival d'Annecy
Plusieurs programmes français sont à l'honneur cette année à la sélection du Festival international du film d'animation d'Annecy, qui a lieu entre le 12 et le 17 juin. Parmi les programmes audiovisuels : la série télévisée Ernest et Célestine (après le succès du film sorti en 2012), la Cabane à histoires, Bienvenue chez les Ronks et Kaeloo. Côté films d'animation Zombillénium, réalisé par Arthur de Pins et Alexis Ducord, sera en compétition cette année.