Après les attentats terroristes qui viennent de frapper la France, une vague d’émotion et d’indignation a envahi le monde entier. Retour sur la mobilisation du monde de la culture.

Hommages aux victimes

En trois jours, la France a été frappée par une vague d’attentats terroristes sans précédent, qui a fait 17 victimes, dont 12 morts et 11 blessés lors de l’attaque contre l’hebdomadaire satirique Charlie Hebdo. Parmi les victimes de cette attaque, on compte les dessinateurs Charb, Cabu, Wolinski, Tignous et Honoré, et les journalistes Bernard Maris et Elsa Cayat.

« Je veux saluer le courage de ces combattants de la liberté, de toutes les femmes et de tous les hommes qui portent haut les valeurs de la liberté d’expression dans l'exercice quotidien de leur métier, l'un des plus beaux qui soient. Je veux saluer avec force leur engagement pour la démocratie », a déclaré immédiatement après l’attentat Fleur Pellerin.

Alors qu’une immense émotion saisissait le pays lors de rassemblements spontanés dans les grandes villes de France, le Président de la République prenait plusieurs initiatives : deuil national, minute de silence, drapeaux en berne, hommages solennels à la Préfecture de police et à l’Assemblée nationale.

Initiatives citoyennes

Apparu quelques heures après l’attentat contre l’hebdomadaire satirique, le mot d’ordre #JeSuisCharlie va très vite s’imposer dans le monde entier. De Paris à Tokyo, en passant par Toulouse, Lyon, Nantes, Nice, Nouméa, Londres, Bruxelles, Rome, New York, Sydney ou Rio, nous sommes tous Charlie.

Epicentre des rassemblements parisiens, la place de la République fait figure de symbole. Dans ce lieu, la foule se retrouve chaque soir pour dire son attachement à la liberté d’expression : pancartes, bougies, crayons, fleurs, portraits de Voltaire...

Dimanche 11 janvier, une manifestation réunira dans toute la France 4 millions de personnes autour de François Hollande et des 44 chefs d’Etat ou de gouvernement venus lui apporter leur soutien. Point d’orgue d’une semaine dramatique, ce rassemblement fleuve – le plus grand que la France ait connu depuis la Libération – marque l’attachement de la Nation aux valeurs fondatrices de la République.

Mobilisation du monde de la culture

« La culture de la haine prospère partout où règne la haine de la culture. Partout où la culture est menacée, c’est par la culture qu’il nous faut répondre, a assuré Fleur Pellerin le 14 janvier à l’Assemblée nationale.

Avec ses homologues européens, Fleur Pellerin a signé le 11 janvier une « déclaration sur la liberté d’expression » qui réaffirme « l'importance vitale de la liberté de la création artistique et de la liberté d'expression ». Les signataires s’engagent à « protéger les droits des artistes de créer librement ».

La ministre de la Culture et de la Communication a accompagné le 9 janvier le Premier ministre dans les locaux du quotidien Libération qui héberge l'équipe de Charlie Hebdo. Fleur Pellerin a également assuré qu'elle allait débloquer une "aide d'urgence" pour le journal satirique et qu'elle travaille à "moderniser les aides à la presse".

Derrière Fleur Pellerin, l'ensemble des agents du ministère de la Culture et de la Communication s'est mobilisé en faveur de la liberté d'expression et de création. Ici, lors de la minute de silence dans la Cour d'Honneur du Palais-Royal.

Du côté des artistes et des lieux de création, la mobilisation est également de mise. Théâtres, musées, bibliothèques, librairies, etc, le monde de la culture dit : Nous sommes Charlie. Ici, l'hommage du Palais de Tokyo.

La Bibliothèque nationale de France s'est associée aux hommages. Elle a souhaité projeter une grande image du dessin de Wolinski intitulé Adieu, où le caricaturiste disparu dans l'attentat fait son autoportrait. Celui-ci avait fait un don exceptionnel de ses œuvres à l'institution, qui lui avait consacré une rétrospective inédite en 2012.

Lors d'une soirée destinée à récolter des fonds pour Charlie Hebdo, l'audiovisuel public - France Télévisions et Radio France - a réuni de nombreux artistes et chanteurs, parmi lesquels Alain Souchon, Catherine Ringer, Grand Corps Malade, Patrick Bruel, Natalie Dessay et Michel Legrand, Benjamin Biolay, Camille, Julien Clerc, François Morel;;;

Lors du rassemblement du 11 janvier, on pouvait voir une marionnette géante conçue par le Théâtre du Soleil d’Ariane Mnouchkine : Marianne écartant les corbeaux.

© Joël Saget / AFP

JR, l'artiste français du street art, a proposé aux manifestants de s'approprier ce qui constitue l'essence même des dessinateurs : leur regard.

Le 14 janvier, la Philharmonie de Paris a été inaugurée par le Président de la République. "C'est la culture que les terroristes voulaient atteindre", a lancé François Hollande, salué par une ovation.

Accompagné par Fleur Pellerin, François Hollande a visité le 15 janvier l'Institut du Monde arabe, dirigé par Jack Lang. "Je veux que les musulmans qui vivent en France puissent se savoir, unis protégés, respectés comme eux-mêmes doivent respecter la République", a-t-il déclaré.

Le monde du cinéma est également particulièrement mobilisé en faveur de la liberté d'expression et de création. "C’est par la culture que nous résisterons à la terreur, que nous affirmerons la force de nos valeurs", a déclaré Fleur Pellerin le 15 janvier, après la nomination aux Oscars de sept artistes et films français.

Samedi 17 janvier, une photographie de Stéphane Mahé, jeune photographe de l’agence Reuters, a été reproduite sur une bâche de 13x8 mètres déployée sur la façade du Centre Pompidou. En écho au tableau de Delacroix « La Liberté guidant le peuple », elle évoque la mémoire des victimes, la défense de la liberté d’expression que symbolise le crayon du dessinateur de presse, la République à travers le monument du sculpteur Jules Dalou et aussi, bien sûr, le drapeau tricolore.

© Stéphane Mahé, Reuters / Photo : Didier Plowy