Implantées dans tous les territoires, les initiatives en faveur de l’éducation artistique connaissent, sous l’égide des directions régionales des affaires culturelles (DRAC), un véritable essor grâce à des projets originaux. Le premier volet de notre tour de France nous conduit dans le quartier prioritaire de la Bocca, à Cannes, ville emblématique du cinéma s'il en est, où les habitants bénéficient d’une passionnante initiation à l’image avec "La Quinzaine à la Bocca".
« Le dispositif « La Quinzaine à la Bocca », dont le premier objectif était de faire participer les gens du quartier de La Bocca au Festival de Cannes, existe depuis 2010. Il n’y a encore pas si longtemps, des barrières étaient installées pour empêcher les gens du quartier de venir sur la Croisette. Progressivement, nous avons développé des actions toute l’année et pas seulement pendant le festival », explique Louise Ylla-Somers, sa coordinatrice. Au programme cette année, un atelier d’écriture de scénarios avec l’association Parcours de femmes. « Nous travaillons avec cette association qui s’occupe de femmes en grande difficulté depuis le début. Aujourd’hui, nous essayons d’impliquer les réalisateurs et les professionnels dont les films ont été sélectionnés à la Quinzaine des Réalisateurs. Cette année, c’est Raphaële Moussafir, scénariste d’Ôtez-moi d’un doute, qui animera cet atelier en duo avec la comédienne et réalisatrice Camille Chamoux. L’objectif est de faire entrer les participantes dans le processus d’écriture d’un scénario. Le fait est que toutes, généralement, racontent leur histoire. L’atelier est le lieu d’une catharsis. Cela n’empêche nullement les fous rires et ce qui se passe entre les scénaristes et les femmes est souvent très fort ».
L’atelier est le lieu d’une catharsis. Cela n’empêche nullement les fous rires et ce qui se passe entre les scénaristes et les femmes est souvent très fort
A la rencontre des habitants
Autre axe important du dispositif, des projections de films à destination d’élèves – issus des classes SEGPA (sections d’enseignement général et professionnel adapté) ou de lycées professionnels –, de femmes suivies par l’association Parcours de femmes, et de groupes de l’Office français de l’immigration et de l’intégration ou de différents foyers. « Nous leur proposons un parcours cinématographique de cinq films programmés lors de la précédente édition de la Quinzaine des Réalisateurs ». Enfin, la réalisation d’un film confiée cette année à Sonia Kronlund, réalisatrice de Nothingwood, documentaire sélectionné à La Quinzaine des Réalisateurs en 2017. « L’objectif est à chaque fois le même : nous souhaitons que les réalisateurs s’investissent dans le quartier et rencontrent les habitants. Sonia Kronlund va travailler avec des jeunes déscolarisés, en garantie jeunes, dont s’occupe la Mission locale. Autant dire que nous sommes impatients de voir le résultat ! »
Un déclencheur d’écriture
Enthousiasme des élèves quand la projection du film a lieu en présence du réalisateur, participation des jeunes à toutes les étapes de la création du film dans le cadre de l’atelier réalisation… tous plébiscitent l’action de la Quinzaine à la Bocca. Le témoignage des femmes qui participent à l’atelier scénario en est la plus belle preuve : « Nous ne comptons pas les fois où les femmes nous disent qu’elles n’auraient jamais pensé être capables d’écrire un scénario. Elles en retirent une grande fierté. L’atelier est souvent aussi un déclencheur d’écriture, beaucoup continuent d’écrire après l’atelier. Qui plus est, cette année, tous les scénarios ont servi de base de travail aux lycéens de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur pour réaliser des courts-métrages ».