Pour sa deuxième édition, l'opération « Rentrée littéraire accessible », lancée par le Syndicat national de l'édition, la Bibliothèque nationale de France et le Centre national du livre, confirme son succès auprès des personnes aveugles ou malvoyantes.

« La cause de l'accessibilité est au coeur de notre ADN d'éditeur »

Patrick Gambache, éditeur, vice-président de la commission numérique du Syndicat national de l'édition et président de la commission Culture & Handicap

« La cause de l'accessibilité est au coeur de notre ADN d'éditeur. Depuis longtemps, nous nous étions fixés un défi : permettre aux personnes handicapées visuelles, qui ont une grande soif de lecture, d'accéder en temps réel aux titres de la rentrée littéraire, comme tout lecteur de France. Lorsque la loi Exception handicap vit le jour en 2009, permettant à des associations agréées de demander aux éditeurs les fichiers sources de leur publication, le Syndicat national de l'édition se mit en ordre de bataille. Le projet, élaboré au sein de notre commission du numérique, fait travailler ensemble plusieurs acteurs : les éditeurs qui fournissent leurs fichiers ; la Bibliothèque nationale de France qui offre une plateforme dédiée, « Platon » ; le Centre national du livre qui finance la partie conversion numérique du projet ; cinq grandes associations qui réalisent la conversion des fichiers. Pour cette deuxième édition, l'opération réunit 49 éditeurs, et les lecteurs mal voyants ont pu lire, en même temps que tout un chacun, 233 des 700 ouvrages que compte la rentrée littéraire – dont 23 romans pour la jeunesse et bien sûr la quasi totalité des prix littéraires. C'est ce « en même temps » qui constitue une révolution pour eux. Jusque là en effet, ils devaient attendre plusieurs mois avant d'avoir accès aux nouveautés de la rentrée. C'est en constatant cela que j'ai eu envie de renverser la proposition. L'idée était de demander aux éditeurs de déposer tous leurs fichiers en amont, dès le mois de juin, afin qu'ils soient convertis aussitôt en format accessible. Aujourd'hui, dès la fin du mois de septembre, 85 % des titres sélectionnés pour les prix littéraires sont accessibles ».

Le ministère de la Culture et de la Communication a préparé une réforme de l’exception au droit d’auteur en faveur des personnes handicapées qui sera examinée par le Parlement dans quelques mois

Fleur Pellerin, le 23 octobre lors du lancement de l'opération

« Cette belle idée nous fait gagner quatre mois »

Alain Lequeux, président du Groupement des intellectuels aveugles ou amblyopes(GIAA)

« Cette opération rencontre un accueil extraordinairement enthousiaste de nos adhérents. Elle répond à une demande légitime, de plus en plus fortement exprimée, de pouvoir lire les nouveautés au moment de leur sortie en librairie. Les lecteurs mal-voyants peuvent enfin lire les livres qui font l'actualité de la rentrée. Les cinq associations partenaires de l'opération – AVH, BrailleNet, GIAA, INJA et Lisy – ont investies depuis le début, que ce soit en participant au travail de la Commission numérique du SNE, en relayant l'information ou en mettant leurs compétences informatiques « maison » au service de la conversion des fichiers. Les quatre mois que nous fait gagner cette belle idée, nous permettent d'adapter les ouvrages de la BnF en plusieurs versions : braille, synthèse vocale, gros caractères... Dire qu'il y a trente ans à peine, les livres en braille étaient produits à la main par des copistes, en seulement cinq exemplaires ! Aujourd'hui, nous avons une grosse bibliothèque sonore. Le GIAA possède un portail de trente-mille titres. Les lecteurs peuvent télécharger à distance, ou utiliser sur place les terminaux et machines à lire. Pour conclure, je voudrai citer les propos de Jacques Semelin, un lecteur malvoyant,professeur à Sciences Po et chercheur au CNRS: « Avec cette rentrée littéraire accessible, nombre des livres peuvent désormais parler à tous ceux qui, comme moi, sont avides de les découvrir au bout de leurs doigts ou avec leurs oreilles. Et vive la lecture pour tous ! »

Le prix Handi-Livres récompense huit titres

Pour sa 9e édition, le jury du prix Handi-Livres, présidé par Laure Adler, a récompensé le 24 novembre huit ouvrages. Créé en 2005 et organisé par le Fonds Handicap & Société et la Bibliothèque nationale de France, sous la tutelle du ministère de la Culture et de la Communication, il vise à promouvoir des ouvrages de langue française portant sur le thème du handicap.

Catégorie roman : "Vingt-sixième étage" de Alan Bron (In octavo)

Catégorie biographie : "Plus fort la vie" (Arthaud)

Catégorie Guide: "Mix et Délices", élaboré par le Réseau Lucioles, et "Trouble des apprentissages: dictionnaire pratique" de Jérôme Bessac (Tom Pousse)

Catégorie enfance : "Chien guide pour la vie" de Laure Perrin et Béatrice Rodriguez (Akela)

Catégorie jeunesse : "Les Autodafeurs" de Marine Carteron (Le Rouergue)

Catégorie Livre adapté : "Petit Duvet" de Sandrine-Marie Simon (Mes mains en Or)

Mention spéciale à "Homo erectus, le combat d'une profession" de l'orthoprothésiste Philippe Fourny (Cherche Midi)