Comment chaque territoire tisse-t-il une politique culturelle spécifique ? Quelle articulation entre l’État et les collectivités territoriales ? Quelle place aux nouveaux enjeux et aux nouveaux acteurs ? Amorce de réponse avec ce module permettant de saisir l’interaction de toutes les disciplines et la prise en compte des enjeux écologiques et culturels : avec la ville de Lyon au carrefour des problématiques écologie et culture, Villeurbanne retenue comme capitale française de la culture en 2022, la direction régionale des Affaires culturelles, et les interventions inspirées de chercheurs et de porteurs de projet. Retour sur trois journées très riches.

SESSION 2 • Module 8 • Prendre connaissance du programme.pdf

pdf - 157 Ko
Télécharger
Premier jour au musée des Confluences, un bâtiment paysage orienté vers l'écologie et la relation au vivant

Situé au confluent du Rhône et de la Saône, ce musée d'histoire naturelle et d'anthropologie lyonnais, à l’architecture novatrice, traduit un projet dynamique adossé aux enjeux et défis contemporains.

Après une introduction consacrée au contexte et aux enjeux du projet par Cédric Van Styvendael, maire de Villeurbanne et vice-président à la Culture de la Métropole de Lyon et de Marc Drouet, directeur régional des Affaires culturelles d'Auvergne-Rhône-Alpes et membre du Comité d’orientation du CHEC, Hélène Lafont-Couturier, directrice du musée, a rappelé l’importance du projet muséal pour « comprendre et rêver le monde ». Respectueux de son environnement, le musée conduit des actions exemplaires, à l’instar de ses démontages « propres », ou avec l’exposition de règles environnementales à respecter pour le personnel du musée.

Après cette présentation matinale, les auditeurs ont bénéficié d’une visite guidée de l’exposition « La Terre en héritage », consacrée les grands défis environnementaux contemporains à l’aune de la période Néolithique. Celle-ci marque le début de l’Anthropocène, c’est-à-dire de notre exploitation de la Nature, bouleversant notre relation aux autres êtres vivants.

La journée s’est poursuivie par une table ronde réunissant plusieurs services de la DRAC : François Marie, directeur régional adjoint des affaires culturelles, Jacques Porte, responsable du pôle architecture et patrimoines, Emmanuelle Didier, cheffe de l’Unité départementale de l’architecture et du patrimoine du Rhône et de la Métropole de Lyon, et Bastien Colas, directeur adjoint délégué à la création et aux industries culturelles. Occasion in vivo de présenter la façon dont la DRAC intègre les enjeux de la transition écologique dans son action, à la fois au travers de ses outils d’interventions sectoriels, mais aussi de façon plus transversale via les contrats territoriaux et les axes du plan de relance.

Enfin, les participants ont assisté en fin de journée à une conférence très inspirante tenue par Michel Lussault, directeur de l’École Urbaine de Lyon et de l’École de l’Anthropocène, autour de l’Anthropocène et de la complexité du changement «  global ». Si la Terre peut être indifférente à l’humain, l’inverse n’est pas vrai ; les conséquences des activités humaines sur l'écosystème terrestre bouleversent et fragilisent notre environnement et notre habitat. Face à cette situation dont il convient d’être lucide, Michel Lussault incite aussi à la penser comme un nouveau champ de créativité pour trouver dès à présent les adaptations possibles.

L'Auvergne-Rhône-Alpes, une région aux villes écologiques et culturelles : exemples de la Ville de Lyon et du CCO de Villeurbanne

C’est forts de ces éléments de contexte que les auditrices et auditeurs ont eu le lendemain le bénéfice d’échanges eux aussi exceptionnels. Ils ont d’abord été accueillis dans l’un des grands salons de l’Hôtel de Ville de Lyon pour un dialogue avec Grégory Doucet, Maire de Lyon, et Nathalie Perrin-Guilbert, adjointe à la Culture. Grégory Doucet a ainsi ouvert la journée en rappelant les initiatives durables de la ville en faveur de la culture, mais aussi l’intégration de celle-ci dans les enjeux plus globaux d’une politique écologique amorçant une suite de riches échanges autour des liens entre écologie et culture, thématique de cette deuxième session.

S’en est suivie une table ronde animée par Xavier Fourneyron, directeur général adjoint des services de la Ville de Lyon, en charge de la culture et du patrimoine (et auditeur de cette deuxième session du CHEC) sur la construction de Lyon comme ville culturelle et écologique. Nathalie Perrin-Guilbert y a rappelé la place prépondérante de la Culture - bien commun essentiel, et non variable d’ajustement dans les politiques de la Ville -, mais aussi le besoin de retrouver des marges de manœuvre financière pour pouvoir accorder une place à de nouveaux acteurs.

A ce titre, Vincent Carry, directeur du Festival Nuits Sonores, de l’association Arty Farty, et fondateur d’European Lab, a ensuite pris la parole pour défendre l’Appel des indépendants, signé par près de 1600 structures culturelles fragilisées par la crise sanitaire. Olivier Jouvray, président de l’Epicerie séquentielle, une association d’auteurs et autrices de bande dessinée lyonnais, a également défendu cet Appel des indépendants après avoir mis en lumière les difficultés du secteur de la  bande dessinée et du statut d’artiste-auteur.

Une petite partie des auditrices et des auditeurs s’est ensuite rendue, lors de la pause méridienne, à l’Institut d’art contemporain situé à Villeurbanne pour visiter l’exposition de la monographie immersive « Periphery of the Night » de l’artiste et cinéaste thaïlandais Apichatpong Weerasethakul. Jalonnée de chambres obscures et composée d’une vingtaine d’œuvres, cette exposition a su les transporter dans un état hypnagogique, grâce à d’incessants jeux incessants d’ombres, de sons et de lumières.

Pour le deuxième temps de cette journée, les auditeurs se sont rendus à Villeurbanne afin de découvrir le Centre culturel oecuménique (CCO) La Rayonne, laboratoire d’innovation sociale et culturelle et lieu de création, de vie et d’espace de travail. Par demi-groupes, ils ont d’une part visité le centre culturel, accompagné de sa directrice Fernanda Leite, et d’autre part découvert, avec l’architecte Stéphanie David, les rouages d’un chantier expérimental d’architecture frugale avec la rénovation de l’ancien foyer Jeanne d’Arc. Ce projet de reconversion comprend logements, restaurant et tiers-lieux culturel de solidarité urbaine dans le cadre du projet urbain « L’Autre Soie ».

Troisième temps de cette journée : la présentation globale du projet de Villeurbanne capitale française de la culture en 2022, par Stéphane Frioux, maire adjoint à la Culture de Villeurbanne, Bernard Seveaux, directeur général adjoint culture jeunesse et prospective et directeur du projet, ainsi que de Fernanda Leite. L’explication de la genèse du projet, comme les conditions de la préparation de cette candidature dans ce contexte très particulier lié à la pandémie, a permis de mieux comprendre les ambitions de la ville et le caractère très transversal du projet, formidablement fédérateur et fidèle à l’histoire de cette ville pionnière des politiques culturelles.

Dernier jour au Couvent de La Tourette, site de renommée mondiale bâti par Le Corbusier au milieu du XXème siècle

À l’issue de cette journée, le groupe, accompagné par Marc Drouet, directeur régional des Affaires culturelles, a rejoint en car Le Couvent de La Tourette, site de renommée mondiale bâti par Le Corbusier au milieu du XXème siècle. Après un dîner et une nuitée en cellules individuelles, le groupe a bénéficié d’une visite des lieux avec les frères Dominicains Charles et Xavier, permettant de découvrir cette réalisation exceptionnelle, haut lieu de l’architecture moderne, classé au titre des monuments historiques et inscrit sur la liste du Patrimoine mondial de l’UNESCO. Ils ont alors pu saisir au mieux les objectifs et l’inspiration de l’architecte. Les trois heures restantes ont été consacrées aux travaux de groupes, entamant la dernière ligne droite avant la remise des rapports.

Après ce voyage en Auvergne-Rhône-Alpes, les auditrices et les auditeurs de la deuxième session se retrouveront à Paris et à Romainville les 21 et 22 octobre pour finaliser leurs travaux et trouver le nom de leur promotion.