Grande Collecte des archives du sport
Malgré sa place majeure dans la société, le sport demeure un domaine peu documenté par les archives. Mais c’était avant la Grande Collecte des archives du sport, une aventure qui mobilise quelque 175 services d’archives, partout en France.
Il y a onze ans, le ministère de la Culture (service interministériel des Archives de France) innovait en lançant une Grande Collecte à l’occasion du centenaire de la Première Guerre mondiale, permettant à plus de 350 000 documents de venir enrichir notre mémoire collective grâce à la participation de 20 000 personnes. D’autres opérations du même type ont suivi (sur les femmes, sur l’Afrique…), et c’est fort de ces expériences réussies qu’une nouvelle campagne participative de collecte d’archives a été lancée en 2022 dans la perspective des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024. Son objet : le sport. Un domaine aussi fédérateur que fondateur, tant les pratiques sportives modèlent nos paysages, notre culture, nos corps. Mais c’est aussi, paradoxalement, un sujet peu documenté par les archives.
Pour cette Grande Collecte sportive labellisée Olympiade culturelle, le ministère de la Culture renouvelle l’opération, en collaboration étroite avec le Comité national olympique et sportif français (CNOSF) et l'Académie nationale olympique française (ANOF), auxquels s’ajoutent un laboratoire de recherche et plusieurs institutions partenaires (BnF, musée national du Sport…). Dans les territoires, l’opération est mise en œuvre par les services publics d’archives – Archives nationales, départementales et municipales – qui peuvent définir leurs propres modalités : calendrier, public visé, contenu et types de documents collectés.
Une Grande Collecte pour tous et par tous
La Grande Collecte s'adresse à l’ensemble du monde du sport : fédérations, clubs sportifs, athlètes, entraîneurs ainsi qu’à toutes les professions qui gravitent autour du sport. Sont également concernés les entreprises, les équipementiers, les magasins spécialisés, de même que les citoyens eux-mêmes, qui sont invités à se pencher sur leurs archives personnelles ou familiales. Le public scolaire n’est pas oublié : les enfants et adolescents peuvent participer en interrogeant leurs proches et en collectant des documents en vue d'une exploitation en classe ou dans le cadre d'ateliers proposés par les services d'archives, en partenariat avec le ministère de l'Éducation nationale.
Les documents collectés se présentent sous formes papier, numérique, iconographique ou audiovisuelle. Ils sont de nature variée, allant des documents de nature administrative aux témoignages oraux, en passant par les plans d’équipements, les listes d’adhérents ou les affiches de manifestations sportives. Seuls sont exclus les objets, comme les coupes, les maillots ou les médailles. Les services d'archives peuvent apporter aide et conseil pour le classement, la conservation et la valorisation des archives, ou bien prendre en charge directement celles-ci en vue d’une mise à disposition de leurs publics.
190 services d’archives impliqués
Parrainée par le journaliste Emmanuel Laurentin et Marie-Françoise Potereau, ancienne cycliste de haut niveau et vice-présidente du CNOSF, la Grande Collecte du sport bat maintenant son plein. Quelque 190 services d’archives sont déjà impliqués dans cette aventure hors du commun, et plusieurs fonds importants leur ont été confiés, à l’instar des archives du Racing Club de France, qui sont désormais conservées par les Archives des Hauts-de-Seine, ou du fonds de la famille Peschier comptant deux champions du monde et un champion olympique de kayak, remises aux Archives de l’Ardèche.
En septembre dernier, de nombreuses actions ont été programmées lors des Journées européennes du patrimoine afin de présenter la démarche au public et valoriser les documents déjà conservés. Les Archives nationales d'outre-mer (ANOM) ont notamment proposé une exposition consacrée à l’histoire du rugby malgache montée en collaboration avec les Archives nationales de Madagascar. De leur côté, les Archives de Rennes présentent un album de vignettes à collectionner sur l’histoire du sport dans cette ville et d’autres activités telles que expositions virtuelles ou jeux.
Une montée en puissance jusqu’aux Jeux
Plusieurs services d’archives se sont également associés aux Micro-Folies pour intégrer des documents d’archives dans la création d’une collection « Sport » autour des JO de 1924, des femmes sportives ou encore du paralympisme. Ils ont aussi collaboré avec le Centre national du cinéma pour la projection du film « La Grande Passion » et contribué à la création d’une mallette pédagogique « Jeux, arts et sport » aux côtés du musée national du Sport et de la Réunion des musées nationaux-Grand Palais.
En parallèle de la collecte, ce sont près de 500 actions de valorisations (expositions, numérisations, conférences, actions pédagogiques, publications, spectacles,…) qui sont proposées au public par les services d’archives.
Par ailleurs, deux programmes de recherche, en partenariat avec l’Institut des sciences sociales du politique, l’un autour de la sociologie des archives du sport, l’autre de la collecte d’archives orales d’anciens dirigeants de fédérations sportives, ont été lancés. Dans les mois qui viennent, la Grande Collecte va continuer à monter en puissance jusqu’aux Jeux Olympiques et Paralympiques et, si le franchissement de la ligne d'arrivée est officiellement prévu en toute fin d’année, les services d’archives resteront disponibles ensuite, à tout moment, pour accueillir des fonds sportifs qui viendront enrichir la mémoire nationale et locale.
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