Les grands phares du littoral de France

Objets et matériels techniques et scientifiques : les systèmes à gaz

 

Depuis les années 1880, le gaz est régulièrement utilisé pour la production de l'éclairage pour les bouées ou les feux isolés.

On trouve :

- le gaz d'huile (vers 1880) ou gaz Pintsch, diffusé en France par la Société internationale d'Eclairage par le Gaz d'Huile (SIEGH). Il permettra la mise en place du premier réseau de balisage flottant. Il était obtenu à partir de la distillation de goudron ou de résidus de pétrole. Différentes usines étaient installées sur le littoral : Honfleur, Dunkerque, Royan, Saint-Nazaire, Granville et Brest. Il sera essayé, au travers de l'incandescence dans un manchon, au phare de Chassiron de 1895 à 1902 ainsi qu'à Sein, Pen-Men et l'Ailly.

- le gaz Blau (vers 1890) qui était une amélioration du gaz d'huile.

- le pétrole vaporisé (à partir de 1895) n'est toutefois pas un gaz mais une vaporisation.

- l'acétylène : à partir de 1900 et utilisé en France jusqu'aux alentours de 1940. Ce gaz était alors assez dangereux et son stockage demandait l'utilisation de citernes garnies d'un ciment poreux. L'incandescence à l'acétylène sera essayée au phare de Chassiron à titre expérimental de 1902 à 1905. Il sera très utilisé à l'étranger.

- le gaz BBT (1823). Il représente une forte amélioration des qualités de compression et de sécurité. Il sera produit entre les deux guerres mondiales. Des usines de fabrication seront installées à Sfax en Tunisie et à Marseille.

- le butane et le propane (après 1935). Le développement des exploitations pétrolières, dans les années 1930, permettait la fabrication standardisée du propane puis du butane. Les premiers essais en mer seront réalisés au banc du Turc, en face de Lorient en 1932. Il faudra toutefois attendre la fin de la seconde guerre mondiale pour qu'une utilisation régulière soit faite par le service des phares. Les deux gaz seront utilisés jusque dans les années 1980. Les citernes de gaz étaient directement livrées dans les services qui les ventilaient en fonction de leurs besoins.

BRULEURS

Les brûleurs permettaient la combustion du gaz et la réalisation du foyer lumineux. Ils étaient au départ à flamme nue (1885) puis se transformèrent par l'arrivée du manchon Auer (vers 1895) qui équipera tous les systèmes éclairants. Les brûleurs, que l'on croise encore, correspondent à des fabrications développées au début du siècle (vers 1900).

MECANISMES DE CONTROLE

Les premiers feux brûlaient jour et nuit. Il n'y avait aucun moyen de limiter le temps de leur allumage. Gustaf Dalhen, fondateur de la société AGA, fut le premier à proposer un interrupteur à valve solaire qui permettait la coupure du gaz pendant la journée. Il inventera aussi des éclipseurs qui programmaient les éclats des feux au gaz acétylène et des économiseurs (entre 1905 et 1915). En France, les mécanismes semblent plus tardifs. Vers 1950, Henry-Lepaute proposera des éclipseurs mécaniques à mouvement d'horlogerie utilisables pour les feux au gaz propane et butane. Une autre génération de programmateur est le "DECOGAR" fabriqué par le Service Central des Phares et Balises, vers 1970, qui introduit l'électronique dans les appareillages.