Le Festival International de Films de Femmes de Créteil riche de tout ce qu’il a initié, exhumé, impulsé, développé et construit depuis 40 ans, fier de toutes les réalisatrices de France, d’Europe et des autres continents, qu’il a découvertes, honorées et propulsées, tient à ce que l’année 2018 soit une fête où seront célébrées toutes les femmes cinéastes, actrices, scénaristes, productrices, chef monteuses, compositrices françaises et internationales, qui sont venues illuminer nos écrans, nos salles, nos échanges, nos rencontres et nos débats.

La fondatrice et la directrice Jackie Buet avec ses équipes successives sont convaincues que l’espace offert par leur festival à la créativité des femmes engagées dans le métier du cinéma est unique parce qu’il a permis de révéler de grands talents qui seraient restés probablement méconnus.

Cette conviction a toujours été un moteur qui a poussé le festival à multiplier ses efforts au lieu de se reposer sur ses lauriers. D’où sa vocation d’impulser des Festivals de Films de Femmes partout en Europe, en Afrique, au Maghreb, en Orient et en Asie puis de réunir à Créteil les directrices de ces festivals.

Le Festival International de Films de Femmes de Créteil ne croit pas qu’il existe un cinéma des femmes, car chaque œuvre de chaque réalisatrice est unique et singulière mais il croit à l’inégalité des chances qui discrimine les réalisatrices par rapport aux réalisateurs, en rendant les premiers invisibles.

Après avoir vu défiler tant de réalisatrices talentueuses à Créteil, aucun argument ne peut justifier à nos yeux qu’en soixante-dix ans, le festival de Cannes ne récompense qu’une seule femme, Jane Campion (en 1993) en lui octroyant seulement une demie Palme d’Or ex aequo. Et qu’à Hollywood une femme réalisatrice, Kathryn Bigelow, obtienne enfin le 82e Oscar en 2010.

Ces deux distinctions orphelines sont révélatrices

© Conception et photographie Karine Saporta

d’une grande cécité qui frappe ceux qui sont censés découvrir des talents sans succomber à la discrimination sexiste qui mine le milieu du cinéma international.

Nous sommes enfin persuadées que notre lutte pour l’égalité des chances dans le domaine du cinéma est solidaire d’un ensemble de luttes engagées par le mouvement des femmes, depuis plusieurs décennies contre toutes les discriminations sexistes. C’est pourquoi nos prises de position dans ce domaine ont été toujours aussi claires que rapides et elles le sont d’autant plus lorsqu’il s’agit de la violence faite aux femmes dans le milieu du cinéma. Cet aperçu qui brosse un portrait rapide de notre festival et dessine ses grandes lignes d’action révèle à la fois les acquis inestimables mais aussi tout ce qui nous reste à réaliser, à accomplir ou à conquérir.

Ghaiss Jasser, Présidente & Jackie Buet, Directrice

7 LONGS MÉTRAGES FICTION
Le Grand Prix Fiction, parrainé par Ciné+ est doté par le Secrétariat d’État chargé de l’Égalité entre les femmes et les hommes.
7 LONGS MÉTRAGES DOCUMENTAIRE
Le Prix Anna Politkovskaïa du meilleur documentaire est doté par la Scam.
6 LONGS MÉTRAGES EUROPÉENS (premiers et seconds longs métrages)
Le Prix France Télévisions, Des Images et des Elles du meilleur film de la section "Réalisatrices européennes : Cinémas en mouvement !" est doté par France Télévisions.
20 COURTS MÉTRAGES
Le Prix INA Réalisatrice Créative du meilleur court métrage francophone est doté par l’Ina. Le Prix UPEC du meilleur court-métrage européen est doté par l’Université Paris-Est Créteil.
Le Prix Graine de Cinéphage du meilleur long métrage est doté par le Festival.
Le Prix du scénario "Images de ma ville"
est doté d’une aide à la production par la Direction Politique de la Ville.
4 Prix du Public
sont dotés par la Ville de Créteil, le Département du Val-de-Marne, le Festival et un achat par Ciné+.

Márta Mészáros. Avant-première "Aurora Borealis : Northern Lights" en présence de la réalisatrice. Cinéaste hongroise, Márta Mészáros a permis à travers une oeuvre prolixe et engagée, d’entrer de manière intime et forte dans la société hongroise et russe en pleine mutation. Bouleversée dans son enfance par de grands changements politiques et familiaux, elle demeure une femme engagée pour l’affirmation et l’autonomie des femmes.
Le festival est fier de présenter en avant-première son dernier film "Aurora Borealis : Northern Lights", qui aborde à travers l’histoire d’une jeune femme, Olga, les blessures irréparables causées par les guerres dans une Europe brisée.

Agnieszka Holland. Avant-première "Spoor" en présence de la réalisatrice (sous réserve)
Avec "Spoor", Agnieska Holland, la grande dame du cinéma polonais, née à Varsovie en 1948, signe un film qui tient du polar, du drame social, de l’étude de moeurs et de la comédie grinçante, tout en racontant une histoire d’amour improbable. Arte.
"Beaucoup de mes films sont européens. J’aimerais que ça soit une nationalité à part entière..." Agnieszka Holland. "Ce film puissant, ésotérique, politique, écologique est un film majeur sur l’Europe profonde." Jackie Buet.

Lorenza Mazzetti. 2 films inédits d’une inconnue incontournable. À l’avant garde du Free Cinéma anglais dès 1953 avec "K", Lorenza Mazzetti nous surprend par sa volonté de créer une manière singulière de s’emparer du cinéma, en transformant le rapport son image, fiction-documentaire. Son œuvre procure l’étrange sensation d’entrer dans un monde où le

langage ne nous est pas connu mais où tous les sens sont sollicités. En 1956, elle reçoit à Cannes le Prix du Film de Recherche pour "Together", qui suit trois jours de la vie de deux dockers sourds-muets. Elle sera présente pour les 40 ans du festival à la fois comme cinéaste, écrivaine et artiste italienne à part entière.

Mai Zetterling a marqué le cinéma suédois et britannique en tant que réalisatrice d’une œuvre riche et forte. Personnalité incontournable de la première vague de femmes cinéastes, elle a su mettre en scène la révolte féministe, avant la lettre. Son film "Flickorna" révèle en 1968 des actrices majeures (Bibi Anderson, Harriet Anderson, Gunnel Lindblom) et agit sur elles et sur nous comme un révélateur. Délégation suédoise à Créteil (sous réserve) :"Je pense qu’il est très important que nous aidions les producteurs à prendre le mouvement #MeToo et à en faire quelque chose de bien ."a dit récemment Anna Serner, directrice du Swedish Film Institute, la femme la plus engagée qu’il soit pour son soutien à la production de films de réalisatrices en Suède.

Les jeunes réalisatrices européennes

Prix France Télévisions, Des Images et des Elles 6 jeunes réalisatrices viendront défendre leur premier ou second film. Parmi elles, Rojda Sekersöz, réalisatrice de "Beyond Dreams", un premier film produit par Agneta Fagerstrom Olsson (réalisatrice, scénariste et productrice) qui avait reçu en 1986 le Prix Graine de Cinéphage pour son film "Seppan". Le Prix France Télévisions, "Des Images et des Elles" a pour objectif d’encourager le développement des talents féminins et de favoriser l’égalité sur tous les écrans.