Dans 500 jours débuteront les JOP de Paris 2024. Les équipes de la DRAC dans leur diversité (archéologues, architectes des Bâtiments de France, conservateurs...) ont très tôt été mobilisées, sous l'égide du préfet de région, aux côtés des partenaires en charge de la réalisation des ouvrages olympiques. Mais la DRAC s'est également fortement impliquée depuis deux ans dans l'Olympiade culturelle afin de susciter ou d’accélérer la construction de nouvelles dynamiques partenariales avec les acteurs culturels et les collectivités territoriales, pour le soutien à la création, la valorisation des patrimoines et la démocratisation culturelle.

Qu'est-ce que l'Olympiade culturelle ?

La culture est l’un des trois piliers de la Charte olympique, avec le sport et l’éducation. Dix ans après la refondation des Jeux, Pierre de Coubertin voulut redonner à l’Olympiade "sa beauté première", quand, dans l’Antiquité, "les lettres et les arts harmonieusement combinés avec le sport assuraient la grandeur des Jeux Olympiques"¹. Ainsi, de 1912 à 1948, sept éditions des Jeux vont comporter des épreuves olympiques, en littérature, musique, peinture, sculpture et architecture. Après leur disparition, c’est à partir des Jeux de Melbourne en 1956 que les programmes culturels deviennent un élément incontournable des célébrations olympiques et, pour les villes organisatrices des Jeux, une obligation contractuelle inscrite dans la Charte du Comité Internationale Olympique².

L'Olympiade culturelle est une programmation artistique et culturelle pluridisciplinaire qui se déploie de 2021 à septembre 2024, sur tous les territoires français, à travers des projets portés par divers acteurs culturels et sportifs. Le Comité d’Organisation des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 (COJOP) est le maître d’œuvre de cette programmation, qu’il construit en s’appuyant sur le ministère de la Culture, les villes de Paris et de Marseille, la région Île-de-France, le département de la Seine-Saint-Denis et des territoires Terre de Jeux 2024. Un label "Olympiade Culturelle" est attribué par le COJOP aux évènements artistiques et culturels qui s’inscrivent dans cette programmation³. Le ministère de la Culture est particulièrement impliqué dans sa construction. L’Olympiade culturelle est une mesure phare parmi les mesures du Plan héritage qui recense l’ensemble des 170 engagements de l’État autour des Jeux. Établissements publics nationaux, DRAC de métropole et Directions des affaires culturelles en Outre-mer sont ainsi mobilisés pour susciter des projets explorant les liens entre les arts et le sport.

Dès l’été 2021, sous l’autorité du préfet de la région d'Île-de-France, la DRAC s’est impliquée de manière très volontariste dans la construction, avec les collectivités territoriales et les partenaires culturels, d’une programmation culturelle ambitieuse faisant dialoguer les arts et le sport, pluridisciplinaire – avec la volonté de refléter la vitalité de la création artistique et de valoriser la richesse du patrimoine francilien, et inclusive, à travers des propositions artistiques se déployant sur tout le territoire francilien et s’adressant aux publics les plus nombreux. En 2022, la DRAC a ainsi pu accompagner une vingtaine de projets – dont certains, structurants à l’échelle d’un territoire ou d’un réseau culturel, se déploient de 2022 à 2024. En 2023 et 2024, l’objectif est d’amplifier cet accompagnement.

Une programmation artistique et culturelle liant intimement arts et sports

Du poète et boxeur Arthur Cravan, précurseur de l’art-performance⁴ aux scènes de courses hippiques dans les peintures de Degas, du "Stadium" de Maurizio Cattelan, performance organisée autour d’un baby-foot géant avec des footballeurs amateurs au "Stadium" de Mohamed El Khatib faisant entrer le monde du football sur les plateaux des théâtres nationaux, les exemples de croisements entre l’art et le sport sont nombreux dans l’histoire des arts vivants et visuels. Dans certaines disciplines, les liens sont plus évidents – comme dans le champ des arts du mouvement, engageant l’expression du corps ; ils n’en sont pas moins présents dans des champs comme le théâtre, tant à travers la préparation physique au métier de comédien (de Jacques Copeau à Jacques Lecoq) ou en tant que nouveau sujet de prédilection des dramaturges (ainsi, du biathlète Martin Fourcade mis en scène par le metteur en scène Matthieu Cruciani aux folles conférences de Frédéric Ferrer intitulées "Olympicorama").

L’Olympiade culturelle offre la possibilité d’approfondir de manière encore plus féconde les liens entre les mondes du sport et de la culture. L’objectif est d’amener à décloisonner plus encore ces deux univers, avec des propositions convoquant le sport comme thématique, qui se tiennent dans un lieu sportif ou en lien avec un évènement sportif, ou bien encore, qui mettent en lumière les valeurs communes aux arts et aux sports comme l’excellence, l’inclusion, la diversité culturelle, l’universalisme.

La Beauté du Geste, l’Art du Collectif, le MuMo x Centre Pompidou, Le Mouffetard – Centre national de la Marionnette ... des projets foisonnants en Île-de-France

Mustang étoilé © Christophe Loiseau

La DRAC accompagne ainsi le projet intitulé "La Beauté du Geste" : huit scènes culturelles de Seine-Saint-Denis labellisées par le ministère de la Culture, fédérées autour de la MC93, ont chacune passé commande à des artistes – chorégraphes, circassiens, plasticiens – pour créer des œuvres impliquant des groupes d’habitants et des structures sportives du territoire (ainsi, un club de football américain de La Courneuve avec la compagnie Cheptel Aleïkoum) et préparer une grande parade festive chorégraphiée qui se déploiera dans l’espace public en juin 2024. Des rencontres fertiles sont aussi permises dans des champs plus inédits : ainsi, la DRAC a permis au Théâtre Le Mouffetard – Centre national de la Marionnette de lancer un programme de création de spectacles brefs de marionnettes à dix compagnies représentant la diversité de la création marionnettique contemporaine (Les Anges au Plafond, Turak…) sur la thématique du sport, destinées à être diffusées dans toute l’Île-de-France et accompagnés d’ateliers de pratique.

Footcinella © Marine Drouard

Amitié, excellence, respect. C’est sur ces trois valeurs que repose l’Olympisme, philosophie de vie alliant le sport à la culture et à l'éducation, veillant au respect des principes éthiques fondamentaux universels. Ces valeurs, partagées avec le ministère de la Culture, se prolongent dans les valeurs d’inclusion, de diversité, d’universalisme, d’égalité entre les femmes et les hommes, que l’Olympiade Culturelle doit pouvoir refléter dans la diversité des propositions artistiques qui la constituent. La dimension participative de ces propositions est donc essentielle : les manifestations de l’Olympiade doivent impliquer le plus largement les populations – à travers les processus de création des œuvres et des actions de médiation culturelle. Les jeunes, ainsi que les publics qui sont éloignés des propositions artistiques habituelles, sont ainsi particulièrement concernés par l’Olympiade culturelle. Elle est également une formidable opportunité et un levier très important pour rapprocher les publics du sport et de la culture.

Dans la conception de sa programmation culturelle, la DRAC veille ainsi à ce que la programmation de l’Olympiade culturelle rayonne le plus largement sur le territoire francilien, de sorte que tous les citoyens se sentent concernés par ces projets. Les départements qui n’accueillent pas d’épreuves olympiques, ainsi que les territoires prioritaires de la politique de la ville (voir encadré) et les ruralités, sont particulièrement visés par les actions financées par la DRAC.

Le MuMo x Centre Pompidou conçu par Hérault Arnod Architectures et Krijn de Koning, artiste © Matthieu Salvaing

Par exemple, dans le Val-d’Oise, l’Art du Collectif fédère dix acteurs culturels labellisés par le ministère de la Culture présentant une incroyable diversité artistique – musique jazz ou baroque, arts de la rue, cirque, théâtre, autour d’un projet faisant se rencontrer patrimoine et création contemporaine, qui se déploiera aussi bien dans les quartiers politique de la ville que dans les villages du Vexin.

Le MuMo x Centre Pompidou conçu par Hérault Arnod Architectures et Krijn de Koning, artiste © Matthieu Salvaing

Le Musée mobile (MuMo) et le Centre Pompidou se sont associés pour proposer une exposition itinérante sur le thème du sport, dont le commissariat aura été réalisé de façon partagée entre des groupes d’habitants de zones rurales et de quartiers en politique de la ville et des conservateurs du Centre Pompidou. Ainsi, ce seront plus de 30 semaines d’itinérance pour les deux camions du MuMo, qui permettront de proposer une vision originale des collections nationales d’art moderne, accessible au plus grand nombre.

MuMo x Centre Pompidou, vue de l'exposition "Lumières" en circulation en Île-de-France et en Centre-Val de Loire en 2022 et détail d'une œuvre d'Ossip Zadkine ("Formes et lumières",1922, Collection Centre Pompidou, Paris). © Quentin Chevrier

Les enfants au cœur des projets

Au terme de deux années de préparation avec des danseurs et chorégraphes professionnels, 2024 élèves de collèges de l’académie de Créteil se retrouveront en juin 2024 au Château de Vincennes pour exécuter une chorégraphie inspirée de la "Dame à la Licorne", célèbre tapisserie du Musée de Cluny, accompagnés de musiciens de l’Orchestre national d’Ile-de-France et d’écuyers du Cadre noir de Saumur ("Danser l’avenir", projet porté par la délégation académique à l’éducation artistique et culturelle de l’Académie de Créteil). Quant à l’ensemble instrumental du Concert de la Loge, il déploie depuis la rentrée de septembre son "Hip Baroque Choc" dans six départements franciliens, permettant aux lycéens professionnels de douze classes, dans des ateliers de pratiques, d’apprendre à monter sur scène, à réaliser ses instruments pour se joindre à des artistes professionnels et développer des projets mêlant musique baroque, danse hip-hop, déclamation, percussions, trouvant des formes de restitution publique dans des stades.

"Faire corps et Rayonner" Compagnie Pasarela © Aëla Labbé

De même, l’attention à l’inclusion des publics en situation de handicap a conduit la DRAC à accompagner un projet de la compagnie Pasarela, de formation en danse complète et ambitieuse, pour huit jeunes et des personnels d’un établissement de santé de Seine-Saint-Denis. La coopération avec l’Agence régionale de santé (ARS) devrait se renforcer en 2023 et 2024, dans le contexte des Jeux Paralympiques, notamment dans le cadre de la convention signée par l’ARS avec le Comité Paralympique et Sportif Français, afin d'accompagner les initiatives culturelles intégrant publics, artistes et sportifs en situation de handicap.

Les jumelages culturels comme relais de l’Olympiade culturelle en Île-de-France