Un jalon de l’histoire de l’architecture de la Renaissance
La terre de Fontenay-en-Brie, ancien nom de Fontenay-Trésigny, fait partie du domaine royal jusqu’à sa cession par François Ier à Guillaume Prudhomme. Ce puissant conseiller du roi, général des Finances et trésorier de l’Épargne, remodèle complètement le cœur du village au tournant des années 1530 en faisant démolir et reconstruire à neuf l’église, la halle et le château qu’il complète d’une ferme et de communs.
Le château, couvert d’ardoises, présente alors un caractère défensif marqué avec ses quatre tours d’angle et ses profonds fossés en eaux, et affiche une grande sobriété. Tandis que les grands châteaux seigneuriaux de l’époque rivalisent dans l’abondance et la fantaisie de l’ornementation, le château des Sources se singularise par la mise en valeur du grès et une esthétique épurée structurée par des lignes horizontales qui rappellent les constructions contemporaines du château de Fontainebleau.
Façade sud du château, donnant sur le parc © Photographie anonyme de 1963, jointe au dossier de protection (Drac Ile-de-France).
Acquis en 1579 par Jean de Nogaret de la Valette, futur duc d’Epernon et l’un des aristocrates les plus influents de son temps, le château est complété et transformé en château de plaisance grâce à l’aménagement des intérieurs, mais aussi par des compléments architecturaux au goût du jour.
Les propriétaires successifs poursuivent les aménagements des intérieurs et du jardin à la française, jusqu’au début du XIXe siècle où l’édifice est transformé par la démolition de trois corps de logis et le comblement des douves du côté du jardin, lui-même transformé en parc à l’anglaise. Au XXe siècle, deux ailes sont partiellement reconstruites.
Un édifice protégé au titre des monuments historiques
Le château des Sources ou ancien château du duc d’Epernon est classé au titre des monuments historiques par arrêté du 7 octobre 1963 pour ses façades, ses toitures et le salon lambrissé du rez-de-chaussée. La protection du site est complétée par l’inscription des communs, du sol des cours et des douves par arrêté du 17 octobre 1991.
En 1976, le salon lambrissé du rez-de-chaussée, qui sert alors de point de vente de pommes, est détruit par un incendie.
Façade sud du château en 1988 © Photographie Rosine de Charon/Drac Ile-de-France
Le château en péril et la procédure de travaux d’office
Les vicissitudes du château commencent en effet véritablement dans les années 1970 où après avoir été converti en local agricole, il est progressivement laissé à l’abandon. En 1986, la Drac fait poser des étaiements pour assurer la conservation du château. Au fil des années, les dégradations s’accentuent : bâchage aléatoire des charpentes, fenêtres brisées, prolifération de la végétation. En 2014, le château est partiellement incendié et occupé par des squatteurs.
En 2008, comme en 2019, la Drac accompagne les propriétaires successifs dans des projets de restauration et des programmes de reconversion abandonnés en dépit des autorisations délivrées.
Face à cette situation qui met en péril la conservation de l’édifice, la Drac active une procédure de travaux d’office en 2019, avec plusieurs objectifs : mettre l’édifice hors d’eau, en sécuriser la structure et empêcher les intrusions.
Le code du patrimoine prévoit en effet que, pour les édifices classés dont la conservation est menacée, l’État peut faire procéder d’office aux travaux indispensables et faire supporter au propriétaire négligent ou défaillant une part du financement. Le propriétaire est auparavant mis en demeure de réaliser les travaux lui-même, puis en cas d’inaction de sa part, un rapport sur l’état du monument accompagné d’un programme de travaux est réalisé par l’architecte en chef des monuments historiques territorialement compétent et présenté devant la Commission nationale du patrimoine et de l’architecture (CNPA).
Façade nord du château en novembre 2021 © Photographie Antoine Piechaud – Histoire & Patrimoine Atelier - Monchecourt & Co
La procédure est lancée en 2019 et le projet de l’architecte en chef recueille un avis favorable de la CNPA le 24 septembre 2020. En l’absence de réponse de la part des propriétaires, l’architecte en chef est désigné comme maître d’œuvre de l’opération en février 2021.
La reprise du château et le lancement de la restauration
À la suite des alertes conjointes de la Drac, de la ville de Fontenay-Trésigny, d'Histoire & Patrimoine et d’associations de défense du patrimoine, un nouveau propriétaire potentiel s’est manifesté au cours de l’année 2021 et s’est finalement porté acquéreur du château.
Projet de restauration du château, façade nord. © Image de synthèse Agence Captiv – Histoire & Patrimoine - Atelier Monchecourt & Co, 2021
Histoire & Patrimoine a d’ores et déjà obtenu l’autorisation de travaux relative à la restauration de l’édifice et a déposé un permis de construire pour l’aménagement de quinze logements à l’intérieur. Aucune nouvelle construction de bâtiment contemporain ne viendra modifier son architecture.
Le parti de restauration qui a été défini va rendre toutes ses qualités patrimoniales au monument : mis hors d’eau, consolidé, l’édifice sera restauré avec des matériaux traditionnels (grès, enduits à la chaux, ardoises), redonnant au château une esthétique conforme à son architecture du XVIe siècle et offrant la perspective d’une conservation durable.
À télécharger - communiqué de presse
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