Comme l’ensemble de la population française, les professionnels de la culture ont été touchés de plein fouet par les restrictions dues à l’épidémie de covid-19. Mais comment conserver un lien intime avec les publics pendant cette période si particulière du confinement ? Comment faire de la contrainte une opportunité ? Plusieurs structures culturelles franciliennes se sont attelées à ce défi, en investissant le web et les réseaux sociaux.

Ces initiatives n’ont évidemment pas vocation à remplacer les actions culturelles in vivo, qui seules permettent de partager des émotions collectives, de vibrer à l’unisson avec les artistes. Mais faute de mieux, elles ont stimulé la créativité de ces derniers, et ont permis à certaines structures de tester de nouvelles pratiques culturelles ludiques, d’expérimenter de nouvelles formes.

100 Contacts, par la Compagnie Bouche à Bouche

© Cie Bouche à Bouche

Inventé dans l’urgence du confinement, le projet 100 Contacts mené par la compagnie d’arts de la rue Bouche à Bouche a fait appel à l’imagination des habitants du quartier de la Porte de Vanves pour réaliser un travail ambitieux. À partir des photos et des textes produits par les participants chez eux, un roman-photo est en train d’être conçu et devrait sortir à la rentrée prochaine. En attendant, des extraits sont visibles sur le groupe Facebook Ouvrez la Bouche, géré par la compagnie.

Mémoires de collégiens, par L’Indicible Compagnie

© Lindiciblecompagnie

Alors que le 17 mars, les portes du centre pénitentiaire sud francilien de Réau se fermaient brusquement pour toute personne extérieure à l’institution, l’action menée par Sandrine Lanno, metteure en scène et Isabelle Mateu, dramaturge de L’Indicible Compagnie s’est tout de même poursuivie avec brio auprès des personnes détenues. La metteure en scène a pu avec la complicité de l’administration pénitentiaire et du SPIP77, faire parvenir en mains propres le texte écrit en confinement aux personnes détenues participantes. Ainsi ont-elles pu poursuivre un travail d’écriture, de réflexion, d’imagination et d’apprentissage qui se traduira par l’enregistrement d’une pièce radiophonique lorsque les répétitions reprendront mi-août.

En voix épisode 12 "les ateliers confinés", par la compagnie Zone Franche et le Théâtre de Chelles

© Compagnie Zone Franche et le Théâtre de Chelles

Faire du théâtre à distance, c’est possible ! La compagnie Zone Franche et le Théâtre de Chelles ont mis en place des ateliers de travail en classe virtuelle avec les élèves de l’option théâtre du lycée Gaston-Bachelard. Alors que pour des raisons techniques, le travail corporel devenait impossible, c’est un travail spécifique sur la voix qui a été réalisé. Les élèves se sont révélés extrêmement impliqués dans le projet, écrivant et enregistrant des textes personnels, et ont ainsi pu gagner en aisance. Vous pouvez retrouver un extrait de leur travail dans l’épisode 12 du podcast En Voix sur le site du Théâtre de Chelles. D’autres extraits du travail réalisé par les élèves du lycée seront bientôt disponibles sur le site internet du théâtre.

Esperanza, par la compagnie La Mangrove

© Compagnie La Mangrove

Même confinée à 6 000 kilomètres de la métropole, la chorégraphe Delphine Cammal de la compagnie La Mangrove a maintenu un lien fort avec les participants du projet Esperanza à Pantin. Les propositions artistiques ont été nombreuses : ateliers danse et photo à distance, visionnage d’œuvres en simultané, lecture, dessins, etc. La période a révélé une vraie solidarité entre les habitants qui ont pu renforcer leurs liens en attendant de se retrouver en présentiel pour leurs ateliers de danse. Un montage des vidéos réalisées pendant le confinement par les jeunes du Lab', (l’antenne jeunesse des 18-25 ans à Pantin) vient de sortir, vous le trouverez en suivant le lien ci-dessous.

Un animal-totem dans ma cité, par La Lisière et les artistes Anton & Teurk

© La Lisière et les artistes Anton & Teurk

Dans le quartier des Genêts à Saint-Michel-sur-Orge, une folle rumeur court depuis décembre sur l’arrivée d’un animal géant. Pendant le confinement, la rumeur s’est accentuée, et l’identité de l’animal fut révélée : un lion géant ! Pendant que les artistes plasticiens Anton et Teurk associés au lieu de création La Lisière se sont attelés à construire cette immense œuvre en bois dans leurs ateliers, les habitants recevaient régulièrement des nouvelles de leur animal-totem en retrouvant des cartes postales dans leurs boîtes aux lettres. Pour les plus impatients, une permanence virtuelle était tenue chaque semaine pour alimenter les rumeurs et faire vivre la fable du lion dont l’arrivée est prévue en septembre...

Alphavidéoméga, par le collectif Corpusfabrique

© Collectif Corpusfabrique

Au sein de l’établissement public de santé de Ville-Evrard, le confinement n’a pas empêché les patients et les artistes du collectif Corpusfabrique de poursuivre leur projet de film d’animation à partir du conte Alpha et Oméga d’Edward Munch. Le collectif a mis en place des ateliers par téléphone pour que les patients dessinent à partir de textes lus à haute voix sur le thème de la nature. En plus de briser la solitude des patients, ce qui s’est traduit par une forte demande de participation de leur part au téléphone, les ateliers ont donné lieu à des productions véritablement originales et créatives, qui prendront corps dans le film d’animation Alphavidéoméga dont la sortie est prévue au mois de novembre.

Le Labo interactif, par la compagnie Sabdag

© Compagnie Sabdag

Aux écoles élémentaires Blaise-Pascal de Saint-Michel-sur-Orge et Jean-Jaurès à Sainte-Geneviève-des-Bois, malgré l’interruption subite de la résidence artistique et culturelle de la compagnie Sabdag, les élèves ont pu plonger dans l’univers de la compagnie à travers une plateforme numérique dédiée : le Labo interactif. Enrichi de très nombreux contenus permettant de voir et d’écouter les artistes de la compagnie dans des extraits de spectacles ou de concerts, le labo a également invité à de nombreuses propositions en lien avec ces extraits : quizz, tutos, défis, ou jeux permettant aux enfants de se familiariser avec l’univers de la danse, de la musique, de l’écriture, des arts visuels, et à poster leurs propres productions.