1.0206 - Villa d'Este
La Joliette, sur le littoral nord de Marseille
références documentaires : Patrimoine XXe, architecture domestique
n° répertoire édition X : 0206, p 5. 2005
Conception & rédaction T. Durousseau arch., 2007
désignation : Résidence Villa d'Este
9 à 11 avenue Robert Schuman, quartier de La Joliette 13002
Lambert 3 : lat. : 3. 02896 ; long. : 43.301
Accès: métro 1: La Timone - La Rosemétro 2 : Bougainville - Sainte-Marguerite
bus n° 55 : Joliette - Roucas Blanc , bus n° 83 : métro Rond Point - Joliette
propriétaire : Syndicat des Copropriétaires de la Villa d'Este
programme : Immeuble urbain de 116 appartements, équipement public, bureaux, commerces et garages.
dates, auteurs : Permis de Construire : 1972. Livraison : 1973. Maître d'ouvrage : Caillol, constructeur, Claude Gros, architecte. Entreprise : Caillol.
site : Ilot au nord de la Cathédrale, entre la rue Marchetti et l'avenue Robert Schuman. Terrain en forte dénivelée est-ouest entre 2,45 et 11,53 m, superficie de 1100 m2. Secteur d'habitation B (tissu urbain) sur le Plan d'Urbanisme Directeur de 1949.
plan de masse : Îlot urbain avec bande construite à l'est et au sud, formant la tête de l'îlot sur l'esplanade de la Major. Terrasse végétalisée ouverte à l'ouest. Épannelage entre R+6, à R+10 avec penthouses et piscine.
bâti : Immeubles en ossature de béton armé, entrées très vitrées. Très grands appartements. Très bon état général.
sources : AD : 2071 W 53 (20.428)
Contexte :
C'est un bouleversement de la topographie de la côte ouest de la vieille ville que va laisser le XIXe siècle, avec la création des infrastructures portuaires de la Joliette (1840) et la construction de la nouvelle Cathédrale (1893). Walter Benjamin décrit le podium de la Major comme la plus déserte et la plus ensoleillée des places, bloquée entre le port et les quartiers prolétariens.
Bien que les nouveaux quais se couvrent rapidement de constructions, les îlots de second rang resteront longtemps un site d'entrepôts, les seuls logements se situant plus au nord, vers le boulevard des Dames. Le site sera aussi très exposé lors des bombardements américains de 1944. Si la reconstruction du centre historique sur le Vieux-Port est engagée dans l'immédiat après-guerre, la transformation du quartier de la Joliette ne s'opère qu'à partir de la fin des années soixante.
La Villa d'Este est sans doute le premier immeuble de cette période de réurbanisation de l'actuelle avenue Robert Schuman dont la perspective sud se centre sur la tour de F. Pouillon à la Tourette. Cette rénovation urbaine se poursuivra par la réalisation de l'immeuble de bureaux à l'angle du boulevard des Dames (Crédit Universel en 1974) dont l'auteur n'est autre que Claude Gros. L'urbanisation d'Euroméditerranée se situe dans cette suite, même si les immeubles à programmes mixtes y sont très rares.
Description :
Le terrain de la Villa d'Este est situé au sud d'un îlot longiligne délimité par la rue Marchetti, la rue Jean François Lecca et l'avenue Robert Schuman, et bordé par la place de la Major. Cette situation méridionale à proximité de l'espace ouvert du monument a suscité plusieurs initiatives, dont un projet de Georges et Bernard Laville, le constructeur et l'architecte. La réalisation fera, elle, un programme agençant des bureaux, des commerces, un centre des impôts et bien sûr, des logements.
Le projet s'inscrit dans la partie sud de l'îlot, formant deux alignements principaux sur l'esplanade d'une part et de l'autre sur l'avenue R. Schuman. Bien qu'en recul sur l'alignement de l'avenue, ce qui était dans l'air du temps, le retour d'équerre de l'immeuble sur la Major sera limité à six étages par l'architecte des bâtiments de France qui, par ailleurs, ne verra pas de difficultés à ne pas couvrir l'immeuble de tuiles.
Au sud, l'immeuble s'accoste au grand escalier de la rue Marchetti qui décrit les dix mètres de la dénivelée entre l'esplanade de la Major et le quai de la Tourette. Le volume superpose deux niveaux de bureaux éclairés par des fenêtres régulièrement distribuées, puis le rez-de-chaussée où se trouvent des bureaux d'accueil de l'équipement public dont les baies vitrées sont protégées par des lames verticales orientables. Les six étages supérieurs sont occupés par des logements qui étagent un balcon filant en saillie, deux niveaux de percements horizontaux alternant allège pleine et fenêtre-bandeau qui abritent des studios. Enfin les trois derniers étages sont creusés par les loggias des appartements courants. L'ensemble, unifié par un revêtement de travertin, se perçoit comme une superposition de façades, poussant assez loin l'expression des diverses fonctions de l'immeuble.
Sur l'avenue Robert Schuman, la façade est à dominante horizontale (allège-bandeau), superposant sans apparaître trois étages de bureaux puis des logements. Au rez-de-chaussée, surélevé par rapport à l'espace public, halls d'entrées et surfaces dédiées aux commerces sont desservis par des escaliers ajoutant à la confusion des sols en pente.
Le rez-de-chaussée donne sur une grande terrasse largement plantée, sous laquelle se trouvent trois niveaux de garages, bordés au sud et à l'est par une bande de bureaux dont la façade sur la rue Marchetti est faite par un mur-rideau. Le dispositif permet à la fois de donner figure urbaine aux trois niveaux de garages, de renouveler l'expression architecturale des bureaux dessinant un socle à l'échelle des immeubles industriels bordant la rue. Le socle vient mourir, au sud, dans les volées d'escaliers de l'esplanade de la Major.
Pour couronner le tout, l'immeuble possède sur sa toiture deux penthouses qu'on traduit mal par appartements sur le toit, avec bien sûr terrasses, plantations et piscines, qui signent la qualité de la situation urbaine et paysagère de l'immeuble. En même temps, ces volumes, ces plantations intègrent les émergences techniques de toitures et articulent plastiquement le volume méridional et le corps principal de l'immeuble.
Auteur :
Claude Gros,
né en 1925, élève de G. Castel et de Lemaresquier est de la génération des architectes formés dans l'immédiat après-guerre.
Auteur de programmes de logements d'importance, le plus souvent privés, il restera fidèle à une architecture rationnelle, où les structures s'expriment par des tracés rigoureux et empreints de la nécessité de la préfabrication.
À Marseille, il a réalisé :
Parc Kallisté 1958, 800 logements,
La Granière en 1961, 445 logements en panneaux préfabriqués,
tout comme Castel Roc en 1973,
ou Le Mail en 1974.
Enfin La Benausse, et La Parade où il réalise des panneaux préfabriqués tridimensionnels.
Il est aussi l'auteur de plusieurs éléments d'architecture urbaine comme le Saint-Georges, l'immeuble Trieste et Venise en 1962, le Marceau en 1964 et la Villa d'Este où la mixité des programmes, l'intégration à l'espace de la ville n'exclue pas une écriture moderne.
Fichiers associés :
- Carte du 2e arrondissement de Marseille
- Notice monographique documentée
© Thierry Durousseau, 2004-2005
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