Cet ouvrage d’art témoigne des évolutions techniques de ce genre de pont à la fin du XIXe siècle. En effet, s’il n’est pas novateur dans son mécanisme ou par sa construction métallique il est cependant aujourd’hui le dernier pont de cette portée, encore en fonctionnement avec son mécanisme hydraulique d’origine. A cela s’ajoute un patrimoine immatériel lié à sa mise en œuvre et son entretien que se transmettent oralement les pontiers à la manœuvre.
Plan, coupe et dessins de la machinerie du pont, 1893,Bm de Dieppe
Construit de 1887 à 1888 il est ouvert à la circulation au premier janvier 1889. Ouvrage métallique en fer puddlé et laminé riveté à chaud, tournant grâce à une machinerie hydraulique, il assure ainsi alternativement la circulation automobile et piétonne et celle des bateaux arrivant ou sortant de l’arrière-port. Il a été construit dans le cadre des travaux de modernisation du port de Dieppe voté en 1880 à l’instigation de Charles de Freycinet, président du conseil, promoteur d’un plan de modernisation des voies de circulation françaises en vue de favoriser le commerce et l’économie du pays. Œuvre collective, sa construction a été supervisée par l’ingénieur en chef des ponts et chaussées, Paul Alexandre, assisté de Monsieur Colmet-Daage, ingénieur ordinaire. Les ingénieurs Louis Baret et Girardin conçoivent le tablier, réalisé par la société des ponts et travaux en fer de l’Oise tandis que le mécanisme est conçu par les ingénieurs Baudet, Barnet, et Basseres et construit par la société Fives-Lille. Le pont Colbert dont le tablier mesure 70 mètres de long est représentatif, sans être exceptionnel pour l’époque, des ouvrages construits à la fin du XIXe siècle tant pour l’usage du fer riveté que par son mécanisme hydraulique. En effet, les ingénieurs œuvrant à Dieppe ont mis à profit les expériences des ponts de Leith à Edimbourg en Ecosse et d’Arenc à Marseille. Cependant, contrairement à ces exemples, le pont Colbert a conservé jusqu’à aujourd’hui sa machinerie d’origine et son fonctionnement manuel. Il est donc devenu un rare témoin de l’ingénierie du XIXe siècle. De plus, les connaissances nécessaires à sa manœuvre constituent un patrimoine immatériel précieux que continuent de se transmettre les pontiers aux commandes du pont.
Groupe de pompage
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