Le concept de « phénomène pressignien » renvoie à l'énorme production de très longues lames de silex débitées sur les grands ateliers de la région du Grand-Pressigny, dans le sud de la Touraine, mais aussi à la vaste diffusion de ces lames géantes sous forme de poignards en Europe occidentale, pendant plus de 5 siècles, entre 3000 et 2450 avant J.-C. Cette production remarquable des derniers siècles du Néolithique constitue l'une des ultimes productions lithiques spécialisées, au moment où se développe ailleurs en Europe et dans le sud de la France la métallurgie du cuivre.
À partir des années 1990, ce phénomène a fait l'objet de plusieurs travaux universitaires, notamment avec les thèses de Nicole Mallet, Marianne Delcourt-Vlaeminck et Ewen Ihuel. Grâce à une meilleure caractérisation pétrographique du silex très particulier du Turonien supérieur de la région du Grand-Pressigny, ces travaux ont attesté la présence de poignards, couteaux à moissonner, mais aussi d’éclats, dans l’est de la France, en Suisse occidentale, dans le Massif armoricain et le nord-ouest de l’Europe. Ces études se sont poursuivies dans le cadre d’un Projet collectif de recherche (coordonné par A. Villes), relayé par une Prospection thématique programmée, sous la direction de Nicole Mallet, avec le soutien financier du ministère de la Culture / DRAC Centre-Val de Loire.
Désormais, avec une base de données couvrant l’Europe occidentale, l’extension de cette diffusion est bien établie. On peut ainsi mesurer son rayonnement géographique, qui atteint les rives de la Weser dans le nord de l'Allemagne, à 900 km de distance, mais ne franchit ni les Alpes, ni les Pyrénées et on perçoit l’apogée de la production des ateliers pressigniens vers 2600 avant J.-C. De plus, une étude techno-typologique des produits exportés, menée par Jacques Pelegrin et Ewen Ihuel, a permis d’établir une évolution chronologique du débitage de lames de plus en plus longues, et de leur aménagement en différents types de « poignards ». Ainsi, on a pu ici commencer à apprécier l’ampleur de cette diffusion et sa diversification selon les régions et périodes, et y détecter différents mécanismes de diffusion.
Les produits pressigniens, essentiellement des poignards, sont des biens valorisés dont la valeur d’affichage est incontestable, même si une grande partie d’entre eux ont été utilisés -surtout comme outils à moissonner- et ravivés ou même recyclés en grattoirs ou briquets jusqu’à leur cassure et/ou rejet. En milieu sépulcral, ils accompagnent certains inhumés seulement, sans doute de rang social élevé au sein de cette société de la fin du Néolithique, dont la hiérarchisation s’affirme, avec le développement de « signes virils voire guerriers », comme les pointes de flèche et les poignards eux-mêmes.
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Mémoire LI, ISBN 979-10-90534-54-4 / 21 x 29,7 cm ; 892 p. ; nombreuses illustrations en couleur et N & B
Cartonné, relié dos rond - couverture couleur - prix public : 65,00 €
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