Mesdames et messieurs,
Chers amis,
C’est un Printemps des Poètes particulier que nous nous apprêtons, ensemble, à célébrer.
Il fête cette année ses vingt ans, alors même que le ministère de la Culture fête son soixantième anniversaire.
Je tiens à saluer Emmanuel Hoog et André Velter, que je vois parmi nous. Merci à vous et à Jack Lang, qui n’a pas pu être des nôtres aujourd’hui, mais qui a tant fait, je le sais, pour ce merveilleux événement ; cette magnifique idée, d’insuffler dans nos vies de la poésie, à l’arrivée du printemps.
Pour cet anniversaire, il s’est choisi le plus approprié des thèmes.
Cette année, le Printemps des Poètes sera celui de la Beauté.
Et pour en parler, pour parler de poésie et de beauté, je suis bien obligé de faire appel à celui qui, sans doute, a le mieux théorisé l’acte poétique.
Je veux parler de Rainer Maria Rilke.
Dans ses Lettres à un Jeune Poète, il raconte sa découverte de Rome, « la multitude de ses passés », « ses vestiges qui appartiennent à un autre temps, à une vie qui n’est pas la nôtre, et qui ne doit pas être la nôtre ».
Lorsque Rilke reprend ses esprits, qu’il « retrouve le chemin de lui-même, encore un peu ahuri », la contemplation de ces ruines lui inspire la contemplation du monde.
Il écrit alors :
« Non, il n’y a pas ici plus de beauté qu’ailleurs.
Si beaucoup de beauté est ici, c’est que partout il y a beaucoup de beauté. »
Partout, il y a beaucoup de beauté…
Ces mots devraient nous servir de boussole. Ils devraient nous guider.
Ils sont une invitation à être attentif au monde, à le regarder, à s’y attarder ; à dévoiler, révéler, admirer le Beau dans notre quotidien.
Le Printemps des Poètes adresse cette invitation à chacun.
Une invitation à lire, à déclamer, à célébrer la beauté de notre langue.
Une invitation à communier avec elle, avec ses lettres et ses mots.
Une invitation à nous retrouver, à nous rapprocher, à nous rassembler.
C’est la vertu de la culture.
Nous en avons eu la preuve, une nouvelle fois, ces derniers jours, avec l’intervention du Président de la République à la télévision italienne.
Convoquant L’Art de la comédie d’Eduardo De Filippo, et le génie de De Vinci, il a rappelé combien nos imaginaires, nos littératures et nos cinémas sont constitutifs de l’amitié qui lie la France et l’Italie.
Il a rappelé que la culture réconcilie.
Voilà pourquoi elle a toute sa place dans le Grand Débat National.
J’appelle les lieux de culture à s’en emparer. Ils sont légitimes à le faire : ils sont par nature des lieux d’échange, de rencontre, de débat.
J’ai pu le voir, encore hier soir, lors d’une réunion locale organisée à l’Ecole des Beaux-Arts.
Ces lieux de culture, le Printemps des Poètes les investira dès samedi, et jusqu’au 25 mars.
Des lectures, des rencontres, des expositions, des ateliers d’écriture sont d’ores et déjà prévus, partout en France.
J’invite les acteurs du territoire à en proposer davantage encore – les acteurs culturels, mais pas seulement.
Car ce ne sont pas seulement les librairies, les bibliothèques et les théâtres qui sont concernés.
Les gares, les transports en commun, les écoles, mais aussi les hôpitaux et les prisons vibreront au rythme de la poésie.
De toute la poésie, dans la diversité de ses formes et de ses publics.
Poésie d’hier et d’aujourd’hui, d’ailleurs et d’ici, écrite ou récitée, en vers ou en prose…
Car c’est toute la diversité des formes poétiques qui est invitée à s’exprimer.
Artistes ou lecteurs, professionnels ou amateurs, poètes pour la vie, pour quelques minutes ou pour quelques heures…
Car c’est toute la diversité des publics qui est conviée.
De la même manière que la Beauté est partout, le Printemps des Poètes sera partout.
Et pour tous.
Je tiens à remercier chaleureusement tous ceux qui contribuent à en faire un grand moment de culture ; un grand moment de fête et de partage.
Sophie Nauleau et toute son équipe, pour leur engagement.
L’ensemble des partenaires – libraires, bibliothécaires, éditeurs, mécènes, enseignants, élèves… – et tous les artistes qui ont répondu présent, qui donnent de leur temps pour faire résonner cet événement.
Merci à Enki Bilal, dont les dessins sont aussi de la poésie : votre magnifique affiche en est une nouvelle preuve.
Et merci à Rachida Brakni, qui nous fait le grand honneur d’être la marraine de cette édition.
Vous nous préparez – de ce qu’on m’en a dit – un superbe spectacle d’ouverture, samedi après-midi, au Théâtre du Rond-Point…
Merci pour votre dévouement, pour donner à tous l’envie de poésie.
Chers amis,
Alors que revient le printemps, la poésie vous appelle.
Elle nous appelle, tous.
Soyons au rendez-vous.
Rassemblons-nous, autour de notre amour de l’art.
De notre goût des mots et du Beau.
Du plaisir de lire, de dire, et d’écouter.
Montrons que, par la culture, la France est capable de se retrouver.
De vivre des émotions partagées.
D’être unie.