Monsieur le président, cher Rémi Babinet,
Madame la directrice générale, chère Mathilde Monnier,
Madame la – future ! – directrice générale, chère Catherine Tsekenis,
Mesdames et messieurs,
Chers amis,
Je veux vous dire combien il est important pour moi d’être là avec vous.
Il m’est précieux de dire devant vous mon engagement pour les arts de la scène et particulièrement la danse.
En cette journée où les candidats au baccalauréat ont eu le plaisir, peut-être, de plancher sur la signification d’une œuvre d’art, ce sens profond, c’est vous qui le donnez.
Vous donnez vie à la danse et vous lui donnez corps. Vous exprimez par la danse le mouvement que l’on prend le temps de voir et de recevoir.
Il n’est point de philosophes qui ont omis de leurs réflexions celles sur la danse.
Mais parmi eux, il n’est point de philosophe qui autant que Nietzsche, ont su comprendre et saisir cette élan vital qui traduit le geste du danseur, et qui considérait comme gaspillée toute journée où il n’avait pas dansé.
Point de philosophe qui autant que Nietzsche, révèle ce qu’il y a d’humain trop humain dans la danse, et cette part de « chaos en soi qu’il faut pour enfanter une étoile qui danse ».
L’engagement dans la danse, c’est parfois une passion, souvent une nécessité : un engagement.
Ici, au Centre national de la Danse, comme dans tous les studios de répétition, les scènes, les Centres nationaux de danse contemporaine, vous faites vivre cet art et cet engagement.
Depuis 20 ans, le Centre national de la Danse joue un rôle essentiel pour l’écosystème chorégraphique en France.
- En accompagnant les artistes et les professionnels.
- En garantissant l’accès à cet art à tous les publics, et en particulier à la jeunesse.
- En soutenant la création contemporaine et ce qu’il reste à dire.
- En permettant la diffusion de ces œuvres, sur tous les territoires.
- En conservant la mémoire de cet art, et en prolongeant son histoire.
Je suis donc très heureux et honoré d’être ici, avec vous, pour ouvrir la 5e édition de Camping.
Onze jours de spectacles, d’ateliers, d’expositions, de conférences, de projections. Ici à Pantin, mais aussi à Paris et à Lyon.
Onze jours de fête, d’expérimentation et de rencontres.
Onze jours de danse.
Si je suis heureux d’être ici, c’est aussi parce qu’il y a dans Camping des actions exemplaires, qui s’inscrivent dans mes priorités :
Il y a Camping kids, qui permet aux plus jeunes de s’éveiller à la danse.
Je m’en réjouis : conformément à l’engagement du Président de la République, je veux faire de l’éducation artistique et culturelle un droit pour tous. Je veux que 100% des enfants y aient accès.
Je suis heureux que le CND participe à faire que cette ambition devienne une réalité.
Il y a le Marathon des écoles, qui permet de mettre en valeur la vitalité de notre enseignement supérieur de la danse.
C’est pour permettre à cette vitalité de s’exprimer davantage encore que j’ai demandé à ce qu’un groupe de travail soit constitué pour me faire des propositions sur l’enseignement supérieur de la danse.
Son objectif est de dresser un état des lieux de la structuration de notre tissu d’établissements nationaux.
Camping sera l’occasion pour le groupe de réflexion de poursuivre ses travaux.
Et il y aura, dans quelques mois, un premier Camping hors de France, avec Camping Taipei : l’occasion de renforcer les liens avec notre pays, notre création, et notre expertise culturelle, hors de nos frontières.
Toutes ces initiatives, nous les devons au travail remarquable des équipes du CND.
Vous faites aux côtés de Mathilde Monnier et d’Aymar Crosnier un travail éblouissant, et je veux vous en remercier.
Je remercie très chaleureusement Mathilde Monnier, sans qui Camping n’aurait probablement jamais vu le jour.
Merci, chère Mathilde, pour ce formidable festival, et pour tout ce que vous avez apporté au CND, pendant près de six années.
J’en profite pour adresser mes vœux de succès à Catherine Tsekenis, qui prendra la relève dans quelques jours…
Je connais votre passion, votre engagement, votre expérience. Vous avez toute ma confiance.
Chers amis, je voudrais enfin partager avec vous une conviction.
Cette conviction que l’art chorégraphique est l’art de l’affranchissement. Que la danse est une ode à la liberté.
La danse, c’est cette distance entre le corps de l’autre et son propre corps que l’on enjambe – avec style ;
La danse, c’est la sublimation du geste quotidien, que l’on enlumine par un mouvement poétique – avec grâce ;
La danse, c’est ce sentiment que l’on peine à exprimer avec les mots et que l’on dit avec le corps – avec passion ;
La danse, c’est dépenser cette énergie qui nous libère.
La danse affranchit les corps des règles, des normes, du quotidien, du fonctionnalisme des mouvements, de l’utilitarisme de notre corps, de l’automatisme de nos gestes.
Et ici, entre ses murs et depuis 20 ans, le Centre national de la Danse garantit également une liberté entière à la scène chorégraphique, qui est sans cesse ébranlée, mais toujours renouvelée.
La liberté dont je veux vous parler, c’est la liberté des corps.
Ces corps qui s’expriment, ces corps qui montrent et qui se montrent, qui invitent le spectateur à voir et à ressentir.
Aujourd’hui, cette évidence de la liberté du corps, cette évidence que le champ chorégraphique doit être libre, cette évidence est, dans bien des pays du monde, attaquée, dénoncée.
Lorsque le corps comme moyen d’expression scénique devient danger idéologique, on l’accuse, on l’attaque, on le contraint, on l’instrumentalise.
Je défends de façon inconditionnelle les promesses du Centre national de la Danse :
La promesse de cette entière liberté de création et d’expression, même si cette liberté dérange.
La promesse enfin de dissocier, de ne jamais confondre la vie des artistes avec leur travail et les spectacles qu’ils mettent en scène.
J’aimerais à ce titre rendre hommage à la programmation du Festival Camping, qui est un symbole de cette liberté dont je vous parle, de la liberté des danseuses et des danseurs du monde entier ; de ces pays où la liberté de la danse n’est plus si sûre, si garantie, si bien que l’on peut vouloir s’en détourner.
En France, nous pouvons être fiers, et devons rester vigilants, de cette liberté d’expression. Elle est, je le sais, très regardée dans le monde.
Mesdames et Messieurs,
Chers amis,
Pina Bausch disait un jour : « dansez, sinon nous sommes perdus ».
Pendant onze jours, à Pantin, à Paris et à Lyon, nous serons sauvés.
Très beau festival à toutes et à tous !