« Nous pouvons être fiers, à l'heure où nous célébrons le 60ᵉ anniversaire du ministère de la Culture, de ce qui a été accompli. Mais la légitimité de notre institution tient aussi à sa capacité à fédérer, par le dialogue et l'action, tous les acteurs de la culture », a affirmé le Franck Riester le 12 septembre dernier, à l'occasion du lancement du Cycle des Hautes Etudes de la Culture (CHEC). En réunissant 38 décideurs – sélectionnés suite à un appel à candidature lancé en mars dernier - qui exercent, en lien avec la culture, des professions radicalement différentes les unes des autres, le CHEC place donc le renouvellement des politiques publiques sous le signe du « partage » et du « débat », selon son responsable, Manuel Bamberger.
Cette ambition de co-construction transparaît également dans le programme du dispositif, qui accorde une large place aux temps de rencontre : chercheurs, artistes, élus et responsables d’institutions culturelles viendront en effet présenter aux auditeurs leurs questionnements, leurs expériences de terrain et leur vision concrète des mutations contemporaines du monde de la culture. Des débats ainsi que des visites thématiques de sites culturels viendront compléter ces conférences et nourrir les travaux de groupe qui traiteront chacun d’une question en lien avec les préoccupations actuelles du ministère.
La thématique de cette première édition, « Territoires de cultures », donne l’occasion aux acteurs ainsi mobilisés de parcourir d’ici juin 2020 un vaste ensemble de problématiques allant de la cohésion des territoires aux patrimoines du XXIe siècle, sans oublier l’action culturelle européenne et internationale. « Les politiques culturelles doivent se décliner au plus près des territoires, des citoyens et des usagers », a déclaré Franck Riester, rappelant à cette occasion sa volonté de « confier aux directions régionales des affaires culturelles davantage de responsabilités » en « déconcentrant des dispositifs gérés aujourd’hui depuis Paris ». Une vision stratégique dont les modalités d’application feront l’objet de débat féconds au cours des prochains mois.
Défis contemporains des politiques culturelles : le regard d'un historien
Après les interventions le matin du professeur Jean-Gabriel Ganascia et de Bruno Racine, suivie de celle d’Hervé Barbaret, secrétaire général du Ministère, une conférence de Patrick Boucheron a clôturé cette journée de lancement. La participation du grand historien et professeur au Collège de France envoie un signal fort quant à la raison d’être du CHEC : favoriser une prise de recul nécessaire à l’enrichissement des perspectives culturelles.
Défenseur de l’investissement public dans la culture, et notamment dans l’édition, Patrick Boucheron a notamment apporté son éclairage sur l’évolution de cet « écosystème fragile » qu’il convient de protéger, et replacé dans un contexte historique les critiques dont il fait, aujourd’hui encore, l’objet.
« Il faut se garder des approches trop succinctes : les Lumières, au 18e siècle, se désolaient déjà du fait que l’on imprimait trop de livres jugés mauvais », a-t-il ainsi rappelé. Il a également souligné l’importance de la présence française à l’étranger, valorisant le réseau d’instituts français dont les bénéfices sont, selon lui, largement sous-estimés. « L’exportation de la recherche française ne se laisse pas réduire à une politique d’influence », a assuré le médiéviste.
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