Chère Michèle Reiser,
Vous êtes irréductible. Irréductible car vous êtes une personnalité à
multiples facettes. Irréductible aussi car votre liberté, de ton, de parole, de
pensée, est immense. Irréductible enfin car vous n’êtes jamais où on
l’attend. Dans le monde des idées, vous pouvez vous révéler une
négociatrice impitoyable. En pleine réflexion sur un décret, vous saurez
avec l’aide de philosophes ou de poètes renverser une perspective, tracer
un chemin de traverse.
Plutôt que de décliner vos éminentes responsabilités actuelles, vous aimez
à vous présenter comme philosophe, réalisatrice, romancière.
Philosophe, car vous manifestez une culture philosophique étendue. Mieux
encore, elle est une manière d’être, une seconde nature, qui imprègne
toutes vos activités, celles de création comme vos engagements
institutionnels. On a prétendu que lors d’une audition au CSA, sur le sujet
difficile du droit à l’oubli pour les victimes – et les criminels -, vous auriez
demandé à un responsable de chaîne s’il croyait à la rédemption. Même si
ce propos est apocryphe, même sil n’est attesté par aucune source écrite,
je le trouve délicieux, tout-à-fait dans votre manière. Chacun des
problèmes que nous traitons, fût-il le plus technique, mérite, selon vous,
que nous l’abordions en prenant de la hauteur, en suivant des principes
généraux, à l’image de « l’impératif catégorique » kantien qui vous tient à
coeur.
Vous êtes aussi la réalisatrice de nombreux films. Vous avez su vous
imposer dans un milieu exigeant, celui du documentaire. Vous avez su,
avec votre regard, votre sensibilité propre, mais aussi votre capacité à
construire un sujet, aborder des thèmes difficiles, comme la maladie
d’Alzheimer, le trouble mental – films pour lesquels vous avez reçu
d’importantes récompenses, notamment le Caducée d’or et le Prix du film
médical. Vous avez su filmer aussi avec un regard différent ces maires qui,
comme Jean-Claude Gaudin présent aujourd’hui, exercent leur
« sacerdoce » quotidien. Deux thèmes sont également très présents dans
votre filmographie : la Chine, ce pays qui vous fascine, et l’amour bien
évidemment.
Vous êtes également une romancière, l’auteure de deux romans intense,
Dans le creux de ta main, et Jusqu’au bout du festin. Ce dernier a reçu le
prix de la Révélation 2010 du site Auféminin.com. Sur un thème difficile,
vous avez préservé jusqu’au bout du festin une métaphore puissante, celle
de la dévoration amoureuse, du souvenir inscrit dans la chair par-delà la
mort, aidée en cela par votre style à la fois sobre, élégant et puissant.
L’amour et la mort, Eros et Thanatos, sont les deux thèmes qui soustendent
vos romans : à votre manière, vous êtes un peu l’héritière de
Bataille, de ce penseur exigeant de la limite et du sacré.
Auteure est certainement ce qui résume le mieux vos différentes activités,
chère Michèle Reiser. Et c’est d’ailleurs un combat que vous avez mené au
Conseil supérieur de l’audiovisuel, pour une revalorisation des auteurs.
Nous connaissons tous la crise de la fiction française et la nécessité de sa
relance. Ce n’est qu’un dossier parmi tant d’autres que vous avez suivis au
Conseil supérieur de l’audiovisuel, que vous avez rejoint en 2005, nommée
par le Président de la République. Vous avez mené un combat résolu pour
la valorisation des oeuvres audiovisuelles, et pour une conception du
patrimoine à même de refléter la réalité d’une culture vivante.
Vous êtes une mousquetaire de la création, une passionaria de l’oeuvre
originale et de sa circulation, car, comme vous le dites si bien, les oeuvres
sont vivantes et faites pour rencontrer le public. Grande amatrice de
musique – ne vous croise-t-on pas, de Pleyel à la Scala, dans toutes les
salles de concert -, vous avez su accompagner la filière musicale dans la
mise en place de la TNT, et vous avez beaucoup oeuvré pour le spectacle
vivant. Le cinéma est l’une de vos autres grandes passions que vous avez
défendue avec force. Respectueuse des notions d’éthique et de vérité, il
était normal que vous vous intéressiez aux questions de déontologie, et
notamment de déontologie de l’information, à l’heure où l’usage immodéré
d’internet peut entraîner des dérives sur les chaînes de télévision et les
radios. Vous vous êtes également découvert une passion pour le droit :
vous vous êtes plongés dans la loi, les décrets, dans les délibérations que
peut prendre le Conseil. Vous avez toujours su investir cette matière aride
pour la mettre au service de vos convictions, au service de l’intérêt général,
en développant une analyse personnelle du rôle de la création, moteur de
l’économie audiovisuelle et numérique.
Avec la même capacité d’analyse, la même capacité d’écoute, mais aussi
la détermination que nous vous connaissons, vous avez suivi le dossier
ardu des chaînes privées gratuites. Je ne doute pas qu’à la fin de votre
mandat, au début de l’année 2011, vous continuerez à servir vos valeurs.
Cet engagement pour l’intérêt général, vous l’exercez depuis deux ans au
service de la parité et de l’égalité des droits. A la demande de Valérie
Létard, vous présidez une Commission sur l’image de la femme dans les
médias, composée de brillantes personnalités, et dont le rapport final a fait
beaucoup de bruit, mettant en avant la persistance de stéréotypes
nombreux. Ce rapport est à l’image de votre commission, enlevé dans
l’analyse, original dans les propositions, et en même temps très
argumenté, appuyé sur des études précises, d’une grande qualité. Ce
travail a été très apprécié, et le Premier Ministre a décidé de pérenniser
cette commission. Vous êtes également membre de l’Observatoire de la
parité. C’est donc un travail de fond que vous avez entrepris, en ayant à
l’esprit le rôle et le pouvoir de l’image dans les changements de mentalités.
Femme de tête, femme de dossiers, femme passionnée, mère attentive,
vous êtes la parfaite incarnation de la femme d’aujourd’hui, celle justement
dont les médias peinent à restituer la richesse et la complexité.
Vous êtes aussi attachée à vos racines, à cette ville de Bordeaux dont
vous avez brossé le portrait du maire en 2002. Vous êtes attachée aux
lieux, comme cette maison sur le bassin d’Arcachon que vous décrivez
dans votre dernier roman et dans laquelle vous aimez à vous ressourcer.
Et comment ne pas conclure par l’art que vous possédez de fédérer et de
séduire les talents. L’assemblée réunie aujourd’hui nous le montre
amplement, par sa qualité et sa diversité. Vous fonctionnez aux « affinités
électives », vous accordez votre confiance et votre amitié entièrement,
vous faites preuve d’une fidélité totale.
Chère Michèle Reiser, vous nous conviez à un festin de l’esprit en
permanence, et vous avez su mettre ce talent non seulement au service
des autres, du bien commun, en un mot de la Res publica.
Michèle Reiser, au nom du Président de la République et en vertu des
pouvoirs qui nous sont conférés, nous vous faisons chevalier dans l’ordre
de la Légion d’honneur.
Chère Marcelle Guillet – Lubrano,
C’est d’une manière peu commune – dans les ateliers familiaux, au milieu
d’étoffes, d’échantillons de couleurs et d’outils de gaufrage – que vous
avez eu votre premier contact avec celles qui ne devaient plus jamais vous
quitter : les fleurs. Là où le commun des mortels se contente de les
recevoir des mains de la Nature et de les admirer sur la bord des chemins,
vous avez eu le privilège, grâce aux créations de votre père, de découvrir
de l’intérieur un univers floral aux richesses insoupçonnées.
Fondée en 1896 par votre arrière grand-mère, la maison Guillet avait déjà,
lorsque vous êtes née, une brillante histoire derrière elle : dans les décors
de cinéma ou à l’opéra Garnier, dans les vitrines des parfums Caron ou
d’Hermès, aux réceptions du prince Karim Agha Khan ou sur une colonne
Vendôme enrubannée de roses – partout s’affichaient les productions
florales de votre grand-père André, puis de votre père Marcel. Les ateliers
Guillet avaient même déjà conquis une dimension internationale, puisque
votre grand-père envoyait par wagons entiers des feuilles d’acanthe en
Amérique latine pour y décorer les églises baroques.
Cette maison Guillet au destin fabuleux, vous allez y faire vos premiers pas
comme parurière florale, sous le regard attentif de votre père : dès huit ans,
vous apprenez à y confectionner des fleurs en soie, puis plus tard à manier
le pochoir, la brosse et la presse. En 1971, vous intégrez finalement
l’entreprise familiale pour y relever jusqu’à aujourd’hui les importants défis
du temps présent.
Sous votre impulsion, et avec le précieux soutien de votre époux Raymond
Lubrano, la maison Guillet a tout d’abord étendu son rayon d’action et sa
réputation à l’échelle du monde : votre collection destinée aux Émirats, qui
a joui d’un vif succès auprès des familles royales pendant dix ans, n’est
que le premier exemple d’une telle transformation. Vos créations ont aussi
connus de remarquables succès en Arabie Saoudite, où elles ornent les
palais de Riad ou Jeddah, et plus récemment encore au Japon, pays de
l’Ikebana – ou l’art de faire vivre les fleurs.
Vous avez également assuré une grande diversification des activités liées
à la production de fleurs de parure. Alors que vos ascendants exerçaient
principalement leur art comme forme de décoration, vous avez entamé une
collaboration étroite et fructueuse avec le monde de la mode et celui de la
culture. D’innombrables créateurs, couturiers et metteurs en scène ont
témoigné pour votre travail admiration et confiance : citons simplement, à
titre d’exemple, votre collaboration avec l’opéra Garnier pour les décors
des plus grands opéras du répertoire, ou encore les parures de haute
couture – en dentelles et matériaux naturels – réalisées pour l'exposition
Solstice au Carrousel du Louvre en 2002. Comment, enfin, ne pas évoquer
les camélias, emblème de la maison Chanel, que vous avez réalisés pour
elle en 1988 ? Cette « Commande n°5 » de Chanel qui vous était adressée
(la cinquième que vous ayez jamais reçu du monde de la mode) devait par
la suite s’avérer riche de promesses, puisque c’est encore Chanel qui, en
2006, a accueilli les établissements Guillet dans ses propres maisons de
métier d’art.
Enfin, dans un monde où le défi de la transmission se pose de manière
toujours plus aiguë, votre engagement actif et jamais démenti en faveur de
la pérennisation des métiers d’art prend tout son sens. Non contente de
voir vos qualités professionnelles hors du commun reconnues par des
décorations amplement méritées (vous avez été élevée au rang de
Chevalier dans l’Ordre national du Mérite en 1998 et nommée Maître d’art
en 2002), vous avez toujours eu à coeur d’en faire profiter les autres, et au
premier chef les générations futures. Présidente du jury pour le CAP
« Fleurs de mode et Décoration » depuis 1988, c’est aussi grâce à votre
force de conviction que le lycée d'enseignement professionnel Octave
Feuillet à Paris a ouvert en 2008 une classe d'apprentissage « fleurs et
plumes ». Il y a tout juste un an, vous avez été élue Présidente de
l’Association des maîtres d’art et de leurs élèves.
Je ne doute pas que vous saurez y apporter l’énergie, la passion et le souci
de l’excellence qui vous caractérisent – faisant ainsi se rejoindre, selon une
idée qui vous est chère, patrimoine et innovation, savoir-faire et création.
Ce dialogue ininterrompu entre savoir-faire ancien et possibles démultipliés
à l’infini, entre tradition et avenir, vous en êtes aujourd’hui, par votre oeuvre
et votre histoire, une incarnation vivante – et vous donnez ainsi un sens
tout particulier aux mots de Gilbert Bécaud : « La vie n’a d’importance que
par une fleur qui danse sur le temps ». Puissent les fleurs de la maison
Guillet danser encore longtemps vers les lignes d’horizon qui forment à
présent notre avenir.
Marcelle Guillet – Lubrano, au nom du Président de la République et en
vertu des pouvoirs qui nous sont conférés, nous vous faisons chevalier
dans l’ordre de la Légion d’honneur.
Chère Michèle Rabard,
La broderie, cet art délicat qui donne aux tissus leur relief, n’est pas pour
vous un simple métier, elle est un engagement, une passion, une vocation.
Petite, déjà, vous êtes aux petits soins pour vos poupées et, très jeune,
vous obtenez brillamment votre Certificat d’Aptitude Professionnelle (CAP)
de broderie. Après vos premiers pas dans le métier, vous intégrez, en
1966, la prestigieuse Maison Lesage, le summum de la broderie à Paris ;
elle sera pour vous une véritable maison.
Votre talent est, là, immédiatement repéré. Vous maîtrisez à merveille ce
métier ancestral, fait de travail minutieux et méticuleux, vous avez ce souci
du détail et de la perfection qui distingue des hommes habiles les êtres
d’exception. Mais l’exigence pointilleuse dont vous faites admirablement
preuve est loin d’être votre seul don.
Vos qualités humaines sont reconnues de tous. Vous savez conseiller,
aider, soutenir vos pairs, partager les moments d’angoisse comme les
moments de joie qui composent le labyrinthe émotionnel de la vie
humaine ; vous devenez ainsi très vite l’une des principales collaboratrices
de François Lesage lui-même, et participez à ces moments forts de la
création que sont la préparation et la présentation des collections. Vous
avez également ce don inestimable et si peu partagé de savoir lire les
âmes, comprenant sans un mot les désirs profonds des créateurs,
empathie rare, et précieuse. S’ajoutent à ces qualités admirables cette
discrétion qui fait de votre génie une découverte, vous possédez cette âme
humble des gens de valeur.
Très tôt, vous apportez votre empreinte créative à la Maison Lesage. Vous
parvenez à transformer ce délicat exercice en virtuosité. Votre excellence
force l’admiration de tous, mais votre créativité, elle, fascine. Vous
inventez, innovez, renouvelez sans cesse, en maintenant ainsi cette
dynamique essentielle aux esprits créatifs, nourris de cette énergie vitale
indomptable qui fait de leur puissance une richesse. Vous explorez,
découvrez, transformez, véritable métamorphose créative qui transforme
l’artisan en artiste.
Votre excellence vous mène aux sommets. En 1984, vous devenez
modéliste de haute couture. Votre talent sera dès lors inscrit sur les
créations de tous les grands couturiers : Balmain, Balenciaga, Dior,
Givenchy, Lacroix, Chanel et bien d’autres. Egrener leurs noms ne laisse
qu’entrevoir l’immensité des oeuvres sur lesquelles vos dons ont laissé leur
empreinte. Le domaine du luxe est votre nouvelle conquête, une ouverture
sur le monde. Quelle merveille vous avez réussie pour Yves Saint-Laurent !
Ces vestes brodées d’un poème, Les yeux d’Elsa d’Aragon, mélanges des
arts, mélanges d’époques, vous parvenez à faire à la broderie ce que la
poésie fait au langage : la sublimer. C’est cette excellence inégalée que
viendra couronner votre nomination, en 1994, au titre de Meilleur Ouvrier
de France, consécration exceptionnelle mais non ultime.
Votre essor ne s’arrête pas là. Vous savez que l’avenir se construit en
intégrant l’histoire. C’est pourquoi dès 1979 vous tenez vivement à
transmettre ce savoir-faire ancestral qui appartient aux traditions les plus
anciennes, à l’heure où l’accélération croissante du monde fait parfois
oublier aux jeunes générations l’importance du travail rigoureux, de la
patience, du dévouement, qui redonne à la créativité désintéressée toute
sa valeur. La pédagogue, très appréciée, que vous êtes, fait ainsi don de
soi à la jeunesse pour révéler aux jeunes gens les secrets qui ont fait de
vous la petite brodeuse aux doigts de fée, dont parlait Zola dans Le
Docteur Pascal.
Ouverture dans le temps, ouverture des esprits, ouverture vers le monde.
Votre talent s’étend à d’autres contrées. Vous contribuez à la création de
nombreuses oeuvres de broderie de grande renommée en France et à
l’étranger. A l’occasion d’événements de portée internationale, vous faites
connaître le savoir-faire français : la chasuble du Saint-Père Jean-Paul II
lors de sa venue à Paris, des robes portées lors de mariages princiers, les
costumes d’académiciens de Roman Polanski, Erik Orsenna ou William
Christie figurent parmi vos nombreux succès. Lors du dernier défilé de la
maison Chanel à Shanghaï, plusieurs modèles de haute couture ont été
l’oeuvre de votre immense talent. Mais vous restez, aujourd’hui, modeste,
et fidèle à vos premières amours, en continuant à collaborer avec la
Maison Lesage.
Discrète, novatrice, humaniste, vous contribuez au développement du luxe
français et au rayonnement artistique de la France dans le monde, vous
êtes la preuve que la France regorge de talents, de créativité, de
dynamisme, vous êtes parvenue à transcender un geste ancestral pour en
faire un art, à dépasser les frontières pour exprimer votre grâce, à
magnifier le monde pour en extraire l’harmonie. Votre don donne tout leur
sens aux célèbres vers de Baudelaire : « Là, tout n'est qu'ordre et beauté,
luxe, calme et volupté ».
Michèle Rabard, au nom du Président de la République et en vertu des
pouvoirs qui nous sont conférés, nous vous faisons chevalier dans l’ordre
de la Légion d’honneur.
Cher Xavier Lemerle,
Dans une célèbre chanson, Alain Souchon prend la liberté de provoquer
son public et clame haut et fort : « J’veux du cuir ». Avec vous, il serait
comblé tant votre métier de gainier de cuir, exercé au sein de la maison
Lemerle, forme une seconde nature. Il traduit à la fois une exigence et une
excellence. Fondée par votre père en 1958, la maison Lemerle est en effet
la seule en France à maîtriser des techniques du travail du cuir
particulièrement rares : la teinte des cuirs à la main, la dorure du cuir à la
feuille d’or, le montage à Passepoil, la restauration des cuirs gaufrés. Cette
liste, nécessairement incomplète, dévoile les multiples facettes de votre art
et de votre talent. Elle fait figure d’inventaire poétique, véritable visite
d’atelier façonnée par la magie des mots et la puissance évocatrice de la
langue.
Formé par votre père au métier de gainier, vous exercez votre « métier de
coeur », comme vous aimez à le dire, depuis 25 ans, dans le respect des
gestes et de la formation transmise. Avec votre équipe, vous êtes l’un des
rares en France à perpétuer un savoir-faire unique dans le travail du cuir,
qui allie tradition, luxe et matériaux nobles. Illustration de votre place
éminente, le meilleur apprenti de France issu des ateliers des maisons
prestigieuses Hermès et Louis Vuitton a rejoint récemment votre « grand
maison », la Maison Lemerle.
Le luxe, c’est en effet l’éphémère qui gagne ses galons d’intemporalité,
c’est l’accessoire qui devient essentiel, c’est la modernité qui embrasse la
tradition. Le luxe, c’est aussi la rencontre de l’artisanat et l’art, du geste
traditionnel et de l’inspiration la plus contemporaine. Vous avez ainsi
réalisé des décors d’intérieur en cuir, notamment des teintures murales
avec des piqûres sellier, qui vous ont ouvert les horizons de la création et
de l’innovation. En matière de métiers d’art, l’expertise et la maîtrise des
gestes et des techniques sont aujourd’hui inséparables de l’innovation, de
la créativité et de la recherche de nouvelles formes d’expression pour les
métiers d’art.
Votre clientèle nombreuse et diversifiée témoigne de vos talents multiples
et de la maîtrise admirable de votre art. Vous avez travaillé à la
Restauration du mobilier national, notamment les grands fauteuils Louis
XV appartenant au mobilier de l’Hôtel Matignon, mais aussi au service des
plus grands musées, tels le Louvre et le musée Paul Getty de Los Angeles,
des plus importantes maisons de vente internationales, d’antiquaires, sans
oublier les particuliers qui souhaitent faire restaurer leurs objets d’art et
leurs collections.
Votre habileté et votre générosité, magnifiquement illustrées dans
l’ouvrage d’Annie Schneider consacré à l’artisanat d’art français, font de
votre atelier un « lieu de mémoire », un lieu de patrimoine par excellence,
un lieu enfin où l’on respire la douceur du « temps retrouvé » mais où l’on
ressent aussi le souffle de l’éternité.
Xavier Lemerle, au nom de la République française, nous vous faisons
Chevalier dans l’Ordre des Arts et des Lettres.
Discours de Frédéric Mitterrand, ministre de la Culture et de la Communication, prononcé à l'occasion de la cérémonie de remise des insignes de Chevalier dans l’ordre national de la Légion d’honneur à Michèle Reiser, Marcelle Guillet-Lubranoet Michèle Rabard, et de Chevalier dans l’ordre des Arts et des Lettres à Xavier Lermerle
Discours de Frédéric Mitterrand, ministre de la Culture et de laCommunication, prononcé à l'occasion de la cérémonie de remise desinsignes de Chevalier dans l’ordre national de la Légion d’honneur àMichèle Reiser, Marcelle Guillet-Lubranoet Michèle Rabard, et deChevalier dans l’ordre des Arts et des Lettres à Xavier Lermerle
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