« Vous êtes dans le Nord-Caraïbe, à flanc de montagne, sur un sentier ou une route de campagne. Vous entendez le son des tibwa, des conques de lambi, du tanbou Lasotè et la voix des kriè. Puis, au détour du chemin, au rythme du tambour et de la conque, vous assistez à une danse de houes lévé - fésé. Une ligne formée d’une dizaine d’individus et plus, comme un seul homme, soulèvent puis laissent retomber leur houe sur un lopin de terre : vous assistez à un Lasotè ! »

La solidarité était le maître mot pour permettre la survie des paysans du Nord-Caraïbe. Après l’abolition de l’esclavage en 1848, cette paysannerie était constituée de gens de couleurs à faibles revenus.

Leurs exploitations étaient situées dans les zones les plus pentues, d’où le besoin de se regrouper en sosiété pour les « coups de main » : lasoté pour le labour de la terre, téraj kay pour l’étanchéité des murs, grajé mòyòk pour la fabrication de farine de manioc, scieur de long pour la réalisation de planches, dansé kako pour le glaçage des fèves de cacao. Ces activités mobilisaient bien des savoir-faire : pêche à l’épervier, tressage du bakoua pour la confection de chapeaux, de balai, construction de fours traditionnels à charbon, etc.

Le Lasotè était avant tout une organisation sociale : la sosiété, avec ses pratiques culturelles indissociables.

Ces pratiques d’entraide se sont étiolées du fait de l’exode rurale dans les années 1960-1970, même si bon nombre d’habitants demeurent dans les mornes (collines), particulièrement dans les Pitons du Nord de la Martinique.

Le désir de remettre au goût du jour le patrimoine immatériel rural et plus particulièrement le Lasotè s’est exprimé dans le cadre d’une manifestation organisée en 2008 sous l’égide du Comité Martiniquais du Tourisme. Les premiers Lasotè ont été réalisés grâce au regroupement d’hommes de bonne volonté. La popularité faite autour de cette pratique a obligé les passionnés à s’organiser administrativement. Ainsi s’est créée l’association LASOTE à Fonds Saint-Denis en 2008, par des agriculteurs retraités et des actifs afin de revitaliser ces pratiques.

Faire revivre le Lasotè est un défi à relever avec le concours des anciens, et la crise économique mondiale oblige à réfléchir autrement. La Lasotè représente le recours à un autre fonctionnement possible, animé par des valeurs humanistes.

Comprendre la sosiété, organiser la section musicale pour le labour et créer une entité juridique a permis, selon les principes de l’économie sociale et solidaire, de mettre en place des Ateliers-Chantiers d’Insertion (ACI).

Plus qu’une association d’hommes, c’est un esprit qui anime les membres de cette sosiété : l’esprit d’entraide, d’échange, de transmission de savoir-faire et de savoir-être. Le lien intergénérationnel est la base de l’association LASOTE, qui vise principalement la transmission, par les anciens, de leurs connaissances et savoir-faire dans le domaine agricole liées aux mornes du Nord Caraïbe. Ceci requiert l’acceptation, par les plus jeunes n’ayant pas connu ces pratiques ancestrales, de les recevoir et les mettre en œuvre.

Présentation du Lasotè

L’association développe son action selon ces axes prioritaires :

• Collecte de l’information
• Transmission des savoir-faire
• Reprise et mise en culture des anciennes productions phares du Nord Caraïbe
• Mise en place d’une cellule d’ingénierie
• Gestion d’un chantier d’insertion

Avec le soutien du  Fonds Social Européen,  de l’Office national des forêts, de la Collectivité Territoriale de Martinique et de la Communauté d’agglomération du Pays Nord Martinique.