Cité de l’architecture et du patrimoine : un lieu de vie incontournable
« L’association, sans restriction dans son patronyme, des deux termes de patrimoine et d’architecture fonde le principe et l’originalité de la cité », peut-on lire sur le site internet de l’institution. On ne saurait mieux dire. Depuis son inauguration en 2007, la Cité de l’architecture et du patrimoine conjugue avec bonheur toutes les temporalités de la discipline. Côté architecture contemporaine, aucun des grands débats qui agitent le secteur ne lui échappe comme en témoignent la programmation spéciale conçue à l’occasion de la COP 21 ou encore la récente exposition « Habiter le campement ». Qui plus est, s’agissant des formats proposés, elle ne craint pas d’innover : « Nous avons souhaité, détaille son directeur Guy Amsellem, au-delà de la typologie traditionnelle de notre offre culturelle – expositions, manifestations professionnelles, cours publics… –, travailler également sur de nouveaux formats, permettant de développer des propositions plus prospectives. C’est l’objectif de la Plateforme de la création architecturale, ouverte l’an dernier, qui vise à mettre en perspective la scène architecturale française dans le contexte européen. Grâce à ces nouveaux formats et à la qualité du lien établi avec les écoles et les étudiants en architecture, la Cité a perdu son image institutionnelle. Elle est devenue un lieu de vie ».
Coté patrimoine, l’articulation fine entre le temps court (événements et expositions) et le temps long (collections, archives et recherche) est une autre originalité de l’institution. « Nous proposons chaque année des cours publics d’histoire de l’architecture sur un thème renouvelé, cette année, Ils portent sur l’espace public à Paris et dans la métropole. Par ailleurs, notre programmation d’expositions temporaires entrecroise les projets historiques et contemporains, articule la mise en valeur des collections, les relectures historiques et les thématiques ancrées dans l’actualité », précise encore Guy Amsellem.
De nouveaux formats de sensibilisation nous permettent de développer des propositions plus prospectives
Résultat, une institution désormais incontournable, lieu d’éducation et de sensibilisation à la culture architecturale pour le grand public, autant que centre de ressources plébiscité par les professionnels qui y trouvent les réponses les plus pointues en matière de veille, d’information et de réflexion sur la production de l’architecture, la fabrication de la ville contemporaine ou les grandes transitions écologique et énergétique.
La preuve avec les nombreux rendez-vous au programme des prochaines Journées nationales de l’architecture . « Des visites commentées et un atelier famille seront organisés autour de l’exposition « Yona Friedman, Architecture mobile, architecture vivante ». On pourra aussi découvrir l’installation proposée par Didier Faustino et Philippe Rahm dans le cadre de la Plateforme de la création architecturale, ou encore l’exposition « ReverCités », qui présente les travaux de l'Observatoire de la ville de la Fondation d'entreprise Bouygues Immobilier sur les villes recyclables et résilientes.Une table ronde intitulée « Architecture des bibliothèques : paroles d’architectes » sera également organisée, et le 15 octobre, les étudiants guideront le public dans la galerie d’architecture moderne et contemporaine du musée dans le cadre de notre partenariat avec l’École nationale supérieure d’architecture de Paris-La Villette ».
Arc en rêve : construire une culture architecturale et urbaine partagée avec le plus grand nombre
« Le projet d’Arc en rêve est de construire une culture architecturale et urbaine partagée avec le plus grand nombre ». Cet objectif – résumé en une phrase par Francine Fort, sa directrice – est depuis longtemps atteint par le centre d’architecture bordelais, dont les conférences d’architectes – entre autres – font régulièrement salle comble. Depuis sa création en 1981, Arc en rêve sait bien qu’en matière de sensibilisation à la culture architecturale, rien n’est jamais définitivement acquis : « Je suis fière qu’il y ait aujourd’hui à Bordeaux un public nombreux d’amateurs d’architecture, c’est une grande joie, mais ce travail n’est jamais acquis. Il y a en effet quelque chose de paradoxal s’agissant de l’architecture : d’un côté, elle est très familière, nous vivons et travaillons tous dans une architecture, de l’autre, elle est encore perçue comme un domaine réservé à des spécialistes ».
Un entre-soi auquel s’oppose un patient – et précis – travail de diffusion et de formation en direction des adultes et des enfants : « Le travail d’éducation du regard et d’exercice du sens critique est dans l’ADN d’Arc en rêve. Nos actions, c’est tout le contraire de la leçon d’architecture : nous ne voulons pas que les enfants deviennent des architectes en culottes courtes, nous souhaitons simplement leur donner des clés pour qu’ils deviennent des citoyens exigeants ». À noter aussi la participation du centre d’architecture au projet européen de formation des enseignants « Passeport pour la ville et l’architecture » dès 2000. Ce premier axe – former et diffuser – est complété par un important volet consacré à l’expérimentation : « Depuis le début, nous souhaitons mettre en pratique les conditions de la qualité architecturale que l’on donne à voir dans des expositions ou à expérimenter dans le cadre de nos ateliers. Nous la confrontons au processus opérationnel de l’aménagement et, comme nous ne sommes pas maîtres d’ouvrage, il s’agit de projets que nous organisons avec des professionnels de l’aménagement ».
Le travail d’éducation du regard et d’exercice du sens critique est dans l’ADN d’Arc en rêve
Récemment, l’exposition « Constellation.s » (2 juin – 25 septembre) dont le sous-titre, « les nouvelles manières d’habiter le monde » soulignait bien l’ambition, a beaucoup fait parler d’elle. Elle mettait en avant la volonté, de la part du centre d’architecture, de prendre toute sa part dans la réflexion qu’engendrent les mutations planétaires. On a notamment pu découvrir le travail du tandem « On site » dont la pratique renouvelle les modes d’exercice professionnel – « Ils ont une relation d’échange avec le client totalement pro-active, ils ont notamment conçu un système de montage financier où tout le processus se trouve optimisé » –, l’activité du collectif Rotor en Belgique sur la déconstruction et le réemploi des matériaux, ou encore, les bâtiments à base de matériaux locaux en terre et en argile construits par l’architecte burkinabè Francis Diébédo Kéré. « Cet exemple est un condensé de la dimension sociale et supérieurement humaniste que peut incarner l’architecture », s’enthousiasme Francine Fort.
Parmi les nombreux événements proposés par Arc en rêve à l’occasion des premières Journées nationales de l’architecture, le projet « Une ville/un bâtiment/une classe/ un architecte » retient tout particulièrement l’attention : « À partir du livre Maisons écrit par Hervé Le Tellier, dont les textes ont été enregistrés par un comédien, les élèves de plusieurs classes en France vont échanger leurs impressions puis iront sur place visiter la maison, la médiathèque ou le centre culturel avec l’architecte ».
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